Rue Huguette-Gallais, Bruz (Ille-et-Vilaine)
Légende :
En décembre 2017, la rue Marcel-Pagnol de Bruz est rebaptisée rue Huguette-Gallais. Née à Nouméa le 7 novembre 1921, Huguette Gallais est entrée en Résistance en 1940 lorsque son père crée un des premiers réseaux de lutte en Bretagne : le réseau Gallais à Fougères. En 1941, le réseau est dénoncé et Huguette Gallais sera déportée dans les camps d'extermination de Ravensbrück et Mauthausen. Elle est décédée le 18 janvier 2016, et fut la dernière survivante du réseau Gallais.
Genre : Image
Type : Nom de rue
Source : © Coll. Soline Roffe Gallais Libre de droits
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : Décembre 2017
Lieu : France - Bretagne - Ille-et-Vilaine - Bruz
Contexte historique
GALLAIS Huguette, Berthe, Françoise, née le 7 novembre 1921 à Nouméa (Nouvelle Calédonie). Étudiante infirmière, célibataire, membre du groupe GALLAIS à Fougères (Ille-et-Vilaine) dirigé par son père René GALLAIS. Arrêtée le 9 octobre 1941 à Fougères (Ille-et-Vilaine) avec une cinquantaine de personnes (Opération "Porto"), elle est déportée le 18 décembre 1941.
Son parcours : Ausburg kommando de Dachau 1, Munich, Leipzig kommando du KL Buchenwald, prison de Breslau, prison de Lübeck-Lauerhof , prison de Cottbus située au nord de Dresde, Ravensbrück, Mauthausen.
Libérée le 22 avril 1945 à Munich par la Croix-Rouge.
En juin 1940 René Gallais ne se résigne pas à la défaite. Avec sa famille qu'il engage à fond et un groupe d'amis qui le secondent tels Deschamps, la famille Huet, Loizance, Richer, Perez, Le Bastard, Frémont, Lebosse, ils commencent par aider les jeunes à passer en zone libre et en Angleterre, à faire parvenir à Londres, d'abord quelques lettres, puis des renseignements sur les troupes allemandes et leurs déplacements, puis c'est la récupération, le stockage, le maintien en état de nombreuses armes abandonnées par l'armée française et de munitions, transportées par camion, cachées dans les forêts voisines et parfaitement entretenues. Cette importante récupération d'armes s'effectue avec l'aide de nombreux Fougerais courageux. Parallèlement à cela, le groupe accueille et héberge des officiers de l'Intelligence Service ou du Service de Renseignements Français de Londres, s'occupe du ravitaillement et du retour vers l'Angleterre de parachutistes, recueille des renseignements de toutes natures qui sont transmis à Londres par courrier ou par radio.
Le groupe étant à point, René Gallais reçoit de Londres, par le capitaine Longsal et le colonel Luisly, l'ordre d'organiser son groupe en unité combattante. Il en est désigné chef pour Fougères et Jules Frémont pour Saint-Brice-en Coglès. Les opérations de sabotages sont prêtes lorsque de jeunes autonomistes bretons se présentant comme étant de l'Intelligence Service infiltrent le réseau et dénoncent tous les membres du groupe. C'était en fait des agents de l'Abwehr de Rennes. Les arrestations ont eu lieu dans la nuit du 8 au 9 octobre 1941 dans le cadre de l'opération Porto, une très grande rafle qui a sévi jusqu'en Belgique. René Gallais, sa femme, sa fille et plus de 50 personnes sont arrêtées, des dépôts d'armes sont mis à jour. Gérald Gallais fils, âgé de 15 ans, arrêté avec ses parents est relâché. Il s'enfuit à pied chez sa tante à Pontorson. Les membres du réseau ne se connaissant que trois par trois, la Gestapo ne put reconstitué l'ensemble du réseau.
Le 27 octobre la plupart des personnes arrêtées sont relâchées sauf quatorze personnes qui restent détenues à la prison d'Angers. Les hommes sont transférés à la prison de Fresnes et les femmes à la Santé. Le 18 décembre 1941. les hommes sont transférés en Allemagne à Augsburg située dans l’ouest de la Bavière. Les femmes sont enfermées dans des cellules individuelles dans une prison de droit commun à Kastell-Stâdel. Huguette Gallais : "Nous avons été interrogés par la Gestapo en juin 1942. Ils m'ont frappée devant Frémont pour le faire parler, lui. C'était un père de famille de cinq enfants. Il habitait Saint-Brice, un bourg où j'avais accompagné un transport d'armes, et les Allemands voulaient en savoir davantage à ce sujet. Nous avions caché les fusils chez Armand Laize, mais celui-ci n'a pas été arrêté, pas plus que les autres membres de sa famille. Frémont et moi étions horriblement esquintés, cependant aucun de nous deux n'a parlé. J'ai été ramenée à la prison, je ne sais pas comment parce je me suis réveillée sur un bat-flanc, souffrant de partout. Celui qui m'avait interrogée était un nazi nommé Steinler. Les interrogatoires terminés, maman et Mme Pitois sont montées avec des droits communs allemandes. Comme maman était modéliste en haute couture, elle a été placée dans un atelier de couture au service des surveillantes, où elle cousait des punaises dans les ourlets des robes pour casser le moral des Allemandes qui emportaient cette vermine dans leurs maisons."
Le 23 février 1943 dans la salle des Assises du Tribunal Régional, bureau 100, 2e étage du Palais de Justice, Alten Einlass I, a lieu le procès des 12 Résistants français par le Tribunal du Peuple de Berlin 2e sénat. Sont désignés défenseurs quatre avocats de Augsburg. Les juges venus de Berlin ont à juger la plus importante affaire de résistance qui sera traitée à Munich : l'affaire du groupe terroriste créé et commandé par René Gallais, capitaine au long cours, gardien du château de Fougères où il demeure avec sa femme Andrée, sa fille Huguette et son fils Gérald.
Huguette Gallais: "Lors du procès, nous avons enfin pu échanger quelques mots furtifs avec papa et les autres hommes, que nous n'avions pas vus depuis notre arrestation. Nous n'étions plus que douze accusés. Joseph Brindeau, tuberculeux, était décédé en 1942 en prison et Théophile Jagu, un gendarme qui nous renseignait, avait été libéré et renvoyé à la brigade de Fougères, faute d'éléments contre lui. Nous avions soutenu jusqu'au bout que nous ne le connaissions pas. Seulement, rentré en Bretagne, les autres familles de déportés ont cru qu'il nous avait dénoncés. Il a été bien soulagé de voir maman et moi revenir vivantes pour démentir. Quel dommage que le procès n'ait pas été filmé ! Toutes les armes étaient là : Terre, Mer, Air. Ils nous avaient commis quatre avocats d'office. Parmi eux, un antinazi, le docteur Reiseirt, qui, lui, a vraiment plaidé. Sa plaidoirie disait, en substance, que papa avait fait la guerre 14-18, tout comme lui, et peut- être s'étaient-ils trouvés face à face dans les tranchées mais chacun défendait son pays et faisait son devoir. Nous fumes tous les douze condamnés à mort, en camp de concentration pour les trois femmes et Marcel Lebastard. Marcell était étudiant à Rennes, où il avait déjà été arrêté, et son dossier le présentait comme un hurluberlu, incapable d'appartenir à un réseau d'envergure. Le docteur Reiseirt a obtenu d'un gardien que les hommes restent ensemble jusqu'à leur exécution. Ils ont veillé, ils ont prié. Ils ont reçu la communion."
Les condamnés sont transférés à la prison centrale « Stadelheim » de Munich le 9 septembre 1943. L'exécution a lieu le 21 suivant. Le rapport d'exécution mentionne :
NN n° 1594 - René Gallais, décapité à 17 h 05.
NN n° 1592 - Raymond Loizance, décapité à 17 h 08.
NN n° 1593 - Marcel Pitois, décapité à 17 h 11.
NN n° 1595 - Antoine Ferez, décapité à 17 h 14.
NN n° 1601 - Louis Richer, décapité à 17 h 16.
NN n° 1596 - François Lebosse, décapité à 17 h 19.
NN n° 1600 - Jules Rochelle, décapité à 17 h 21.
NN n° 1603 - Jules Frémont, décapité à 17 h 24.
Andrée Gallais, sa fille Huguette, Louise Pitois, attendent leur tour, ignorant qu'on les a graciées. Elles sont ensuite envoyées à Rawensbruck, bloc 32 des NN puis à Mauthausen. Louise Pitois meurt à Bergen-Belsen à la libération au moment d'être rapatriée par avion sanitaire. Andrée et Huguette Gallais ont survécu.
Site Mémoire de guerre
Sources :
Nuit et Brouillard NN- L'opération terrorisme nazie. 1941-1944 la Vérité. Documentation technique. Karol Jonca-Alfred Konieczny Résistants- Emmanuelle Métivier- Gildas Bénéat-Editions Le Télégramme de Brest.