Plaque à la mémoire de Georges Wodli, Strasbourg (Bas-Rhin)

Légende :

Plaque apposée sur les murs du 6 rue Georges Wodli

Genre : Image

Type : Photographie d'identité

Source : © Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : sans date

Lieu : France - Grand Est (Alsace) - Bas-Rhin - Strasbourg

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Contexte historique

Né le 15 juillet 1900 à Schweighouse-sur-Moder (Bas-Rhin), deuxième fils d'un ouvrier d'équipe des chemins de fer d'Alsace-Lorraine, ancien apprenti cordonnier, lui-même fils de cheminot, Georges Wodli reste dans son village natal jusqu'en 1904. La famille, avec ses cinq garçons, réside ensuite à Soufflenheim (Bas-Rhin) puis à Haguenau (Bas-Rhin). Georges Wodli suit une formation d'apprenti ajusteur aux ateliers du matériel de Bischheim (Bas-Rhin). Ayant obtenu son brevet de compagnon, il est incorporé en 1918 dans l'aéronavale allemande durant les derniers mois de la Première Guerre mondiale. Affecté à Kiel (Allemagne), il participe aux mutineries de la Flotte et à la fraternisation des marins avec le prolétariat révolutionnaire. Il adhère au parti socialiste allemand. Rentré en Alsace devenue française, il reprend sa place aux ateliers de Bischheim du nouveau réseau d'Alsace et de Lorraine.

Une fois accompli son service militaire dans la marine à Toulon de 1920 à 1922, Georges Wodli s'installe à Paris comme ouvrier ajusteur, travaillant successivement chez Renault, Forman puis Hispano-Suiza. De retour en décembre 1925 en Alsace, marié à Salomé Felten, il s'installe à Schiltigheim et reprend son ancien emploi aux ateliers de Bischheim.

Adhérent depuis juillet 1920 du Parti socialiste, Georges Wodli rallie la Section française de l'Internationale communiste (SFIC) après son service militaire. Il reste au Parti communiste (PC) après la scission alsacienne de juillet 1929 et entre en octobre 1930 au bureau de la Région d'Alsace-Lorraine du PC, un bureau spécial aux pouvoirs étendus. Il fait, cette année-là, un voyage en URSS où il rédige une autobiographie en allemand le 22 janvier 1932. L'année suivante la commission des cadres note dans son dossier « Bon. À suivre pour l'EL [l'Ecole léniniste de Moscou] » ; finalement sa candidature n'est pas retenue en raison de son âge. Il milite également à la fédération Confédération générale du travail unitaire (CGTU) des cheminots. En avril 1930 il devient secrétaire administratif permanent de l'Union des syndicats de cheminots d'Alsace et de Lorraine puis entre en 1934 au bureau fédéral. Il est l'un des quatre délégués de l'Union CGTU à la commission créée le 9 décembre 1934, qui aboutit le 26 mai 1935 à la fusion de l'Union des syndicats CGTU de cheminots d'Alsace et de Lorraine, de la fédération des syndicats professionnels, de l'Union CGT, du Syndicat des échelles 5 à 10. Il est élu au bureau de la commission exécutive avec le titre de secrétaire administratif. Il est alors le cinquième dans la hiérarchie syndicale du réseau.

Candidat communiste en 1932 aux élections législatives à Molsheim, Georges Wodli ne rassemble que 1330 voix contre 10 891 en faveur d'Henri Meck, candidat de l'Union populaire républicaine (le parti catholique alsacien). Il fait partie de la délégation communiste lors de la première entrevue avec la direction de la SFIO le 14 juillet 1934. S'étant présenté dans la même circonscription aux élections législatives de 1936, il recueille 2 658 voix, en seconde position derrière Henri Meck.

Georges Wodli est élu membre du comité central du PC en 1932 et réélu en 1936. L'année suivante, au congrès d'Arles, il n'est plus que suppléant. En fait, depuis 1933, il se consacre à l'aide à la résistance communiste allemande, participant à l'édition de Die Rote Fahne et de Die Deutsche Volkszeitung, journaux clandestins qu'il fait parvenir en Allemagne par la Suisse, animant des campagnes en faveur des militants allemands antifascistes victimes des nazis, tels Ernst Thaelmann, Edgar André, Liselotte Hermann et autres opposants au régime hitlérien. Il est en 1935 l'un des organisateurs des Olympiades ouvrières européennes de musique et de chant à Strasbourg.

Mobilisé en 1939 comme affecté spécial aux ateliers de Bischheim, puis muté au dépôt de Gretz-Armainvilliers (Seine-et-Marne) en janvier 1940, Georges Wodli est rappelé au dépôt du génie d'Épinal, puis affecté à la 1re compagnie spéciale du génie, au camp de Saint-Benoît (Seine-et-Oise). Renvoyé à Gretz au bout de six semaines, il est arrêté le 30 avril sur son lieu de travail. Interné dans divers camps à partir du 30 avril, il est transféré au Fort-Barraux à Roybon (Isère) d'où il s'évade le 2 septembre 1940 pour rejoindre alors la région parisienne après de longues journées de marche. Il est alors condamné par défaut à dix ans de prison par le tribunal militaire de Lyon pour désertion.

Refusant l'annexion de l'Alsace-Lorraine par le Reich, devenu au printemps 1941 sous le pseudonyme de « Jules » délégué interrégional du comité central clandestin pour l'Alsace et la Lorraine, Georges Wodli s'attèle à la reconstitution du Parti communiste dans les trois départements placés sous régime allemand. Il organise la Résistance, notamment à partir des centres cheminots de Basse-Yutz (Moselle), Montigny-les-Metz (Moselle), Sarreguemines (Moselle), Bischheim, Mulhouse, avec le relais de ses adjoints, Georges Mattern pour le Bas-Rhin et Jean Burger dirigeant l'important groupe Mario en Moselle. Il est également à l'origine de ce groupe. Le sabotage de l'exploitation ferroviaire, l'organisation de filières de passage entre les zones française et annexée, l'aide à l'évasion des prisonniers français, soviétiques, polonais dans les camps allemands installés en Alsace-Lorraine, la réalisation et diffusion de journaux et tracts, constituent des formes privilégiées d'action des groupes qu'il dirige.

Georges Wodli échappe à grande peine à la police le 21 septembre 1941 à Gretz (Seine-et-Marne). Il est surpris par la police de Vichy le 30 octobre 1942 à Chatou (Seine-et-Oise - Yvelines), en plein sommeil, incarcéré au dépôt de la préfecture de police, il est transféré à Paris, à la prison de la Santé puis à Fresnes. La Gestapo, qui le réclame, obtient son transfert le 18 novembre. Le 16 janvier 1943, il est transféré au camp de sûreté de Schirmeck en Alsace annexée où il est mis au secret dans sa cellule.

C'est le début d'un long calvaire pour Georges Wodli, qui subit de nombreux interrogatoires au siège de la Gestapo, rue Sellenick à Strasbourg où il est régulièrement torturé et battu. Il existe plusieurs versions sur les circonstances de son décès. La plus vraisemblable indique que Georges Wodli serait décédé dans sa cellule le 2 avril 1943 à 9 h 30 du matin après une longue agonie à la suite de tortures. Pour camoufler en suicide leur crime, ses tortionnaires nazis auraient alors organisé une macabre mise en scène, simulant une mort par pendaison dans sa cellule le 1er avril, version reprise par l'acte de décès « officiel ». Ramené au camp de sûreté de Schirmeck, le corps de Wodli aurait été aussitôt incinéré au four crématoire du camp du Struthof distant de huit kilomètres. Selon certaines brochures communistes de l'après-guerre (Des français...., Quelques biographies...), Georges Wodli aurait été emmené le 2 avril au camp de concentration du Struthof dont tous les accès avaient été barrés à cinq kilomètres à la ronde, pour y être pendu. Au pied de la potence, il aurait alors adressé un message de foi et de confiance en faveur du « grand Parti communiste » pour lequel il avait milité et faisait le sacrifice de sa vie. Enfin, selon Jacquet (p. 185), « Wodli, arrêté le 30 avril 1942, aurait été pendu le 1er avril 1943 dans les locaux de la Gestapo de Strasbourg après avoir subi les pires tortures », infligées par les agents de la Gestapo Schleite, Wolters, Hilger et Wünsch.

Quoi qu'il en soit, Georges Wodli est fait, à titre posthume, chevalier de la Légion d'honneur, décoré de la croix de guerre 1939-1945 avec palme et de la médaille de la Résistance française. Le grade de sous-lieutenant lui est attribué. Georges Wodli devient le symbole de la résistance communiste en Alsace-Lorraine. En 1953, l'Union des syndicats des cheminots d'Alsace-Lorraine CGT édite une brochure, Heimat unterm Hakenkreuz à l'occasion du dixième anniversaire de sa mort. 


Léon Strauss et Georges Ribeill in DVD-ROM La Résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance - AERI, 2016