Le 15 juillet 1940, un mois après leur entrée à Paris, les troupes allemandes disposent, sous l’autorité de la Kommandantur, d’un bimensuel indiquant « où sortir » dans la capitale française. Ce Wegleiter – un « compagnon de route » – rend à la fois les services de La Semaine à Paris et du Guide vert. Le Deutsche Wegleiter dont le dernier numéro paraît le 12 août 1944, est en vente dans tous les kiosques ainsi que dans les plus importantes stations de métro, les grandes gares et les principales librairies. Aux programmes des spectacles et à une sélection de restaurants, music-halls et cabarets s’ajoutent aussi une rubrique sportive, des critiques (films, théâtre, concerts, expositions) ainsi qu’un guide de conversation et un plan du métro. Les autorités y insèrent des articles plus détaillés initiant militaires et civils aux principaux traits de la culture française. Cela va de l’explication du drapeau tricolore aux guerres de Religion en passant par l’anthologie des bons mots de quelques grands écrivains français. Enfin, plusieurs chroniques « croquent » les us et coutumes parisiens : les coiffeurs, les boulangeries, les bouquinistes, les Halles, les p’tites Mam’zelles, le métro… Parmi les « journalistes », tous allemands, du Wegleiter on trouve notamment Heinz Lorenz, le chef du bureau de presse de Hitler. Ils assistent aux premières des films de Clouzot ou Christian-Jaque, ils entendent Édith Piaf, Maurice Chevalier ou Django Reinhard, ils commentent Le soulier de satin de Claudel, Électre de Giraudoux ou Les mouches et Huis clos d’un certain « Jean-Paul Sattre ». Constitué d’une sélection d’articles publiés de 1940 à 1944 Où sortir à Paris fait la part belle aux images : dessins, photographies et publicités rythment les pages. Une chronologie en fin d’ouvrage présente les événements qui se déroulent alors en France et à Paris. Presque rien n’en transparaît dans ce guide d’un « Gross Paris » transformé en ville-musée et ville-loisir où l’occupant doit se sentir chez lui.