Passée la Drôle de Guerre, le Gard, bien qu’éloigné de la zone des combats, entre brutalement dans la guerre le 10 mai 1940 avec le déclenchement de l’offensive allemande : afflux de réfugiés (Nîmes passe en quelques jours de 90 000 à 200 000 habitants), menaces de bombardements après les raids allemands sur la vallée du Rhône, mauvaises nouvelles du front où 1300 Gardois sont tués entre le 10 mai et le 22 juin 1940. Dans ce contexte, l’appel de Pétain à cesser le combat provoque dans la majorité de l’opinion gardoise, à la fois un immense soulagement et un terrible désarroi. Une partie des élites politiques, économiques et religieuses se rallie au régime de Vichy et les premières mesures qui établissent un régime autoritaire, antisémite et xénophobe suscitent peu d’émoi. Le Gard n’en est pas moins considéré par le préfet Angelo Chiappe comme un des départements les plus difficiles de la zone non occupée. Jusqu’en février 1944, il montre un zèle particulier dans l’application des lois de Vichy, comme dans le souci de répondre aux exigences allemandes: chasse aux réfractaires de la Relève et du STO, appui donné à la Milice dans la traque des résistants… Malgré la propagande, les autorités déplorent le manque de relais sur lesquels le gouvernement pourrait s’appuyer pour mettre en œuvre sa politique. En effet, le bassin houiller alésien reste marqué par l’influence communiste malgré les mesures d’épuration qui ont suivi l’interdiction du PCF en septembre 1939. De plus, les protestants, nombreux et influents, se méfient du nouveau régime et lui deviennent de plus en plus hostiles dès qu’il détruit les bases du régime républicain et met à l’index certaines catégories de la population (deux pasteurs gardois vont devenir chefs de maquis). Puis, les difficultés de ravitaillement et la politique de collaboration, aggravées par l’installation des troupes allemandes dans le Gard à partir du 11 novembre 1942, ancrent une part importante de la population dans une attitude défavorable à Vichy et contribuent à développer les mouvements de Résistance. Les Cévennes offrent un terrain favorable à l’installation des maquis, qui vont jouer un rôle important dans la libération du département, pour l’essentiel durant la 2ème quinzaine d’août 1944.