Données extraites du CD(DVD)-ROM : La Résistance dans la Drôme - le Vercors (2007)

Victor BOIRON



Etat-civil

Né(e) le/en 13 octobre 1897 à Ambérieu


Profession en 1940 : Industriel
Domicile en 1940 : Romans

Résistance

Lieux d'action : Drôme
Commentaires

Né à Ambérieu le 13 octobre 1897, Victor Boiron appartient cependant à une vieille famille originaire de la Baume-d'Hostun, famille nombreuse dont un des fils meurt pendant la guerre de 1914-1918 alors que Victor s'engage volontairement. En 1919, avec sa mère, le jeune démobilisé s'établit dans la propriété de la Baume-d'Hostun et s'adapte à la rude vie des paysans. Il devient cet homme fort, taillé en hercule, avec un visage énergique que décriront plus tard ses compagnons. Puis, à la fin des années 1920, il abandonne la terre pour créer une entreprise de travaux électriques. Révolté contre toutes les formes d'injustice, Victor Boiron rejoint la franc-maçonnerie et apporte une attention toute particulière à l'éducation des jeunes. Il devient président de la société municipale de gymnastique, L'Avenir, et forme de nombreux pilotes dans le cadre de la section d'aviation populaire de Romans.

1940, c'est la déroute puis le régime de Vichy. Étant franc-maçon, Victor Boiron est inquiété par la police et passe devant les tribunaux pour avoir tenu des propos antigouvernementaux, mais son passé d'ancien combattant de 1914-1918 lui permet d'être relâché. Il adhère alors au mouvement Libération. Le 10 mars 1943, c'est la manifestation des Romanais contre le STO, à la suite de laquelle Victor Boiron est arrêté, avant d'être interné, et finalement mis en résidence surveillée à Die, puis à Bédarrides. Ses activités de résistant se poursuivent néanmoins.

En juin 1944, il rejoint le Vercors. Il est chargé, avec Francis Tournissa  (capitaine "Paquebot"), venant d'Alger et qui a été parachuté, d'aménager le terrain d'aviation "Taille crayon", à proximité du village de Vassieux. Le 21 juillet, il est à Vassieux et se trouve parmi les combattants qui s'opposent aux troupes allemandes. Tombé entre leurs mains, torturé, il réussit cependant à leur échapper, accompagné de "Paquebot" blessé, et à rejoindre la plaine de Romans. Le 21 août, il assiste à la réunion des MUR de Romans qui nomment le futur administrateur de la ville libérée, ce sera Roger Raoux dit "Morgan". Le lendemain, 22 août Victor Boiron participe à la libération de Romans. À la fin de l'après-midi, il encadre les prisonniers allemands. Devant l'inquiétude de l'abbé Lémonon sur le sort des prisonniers, Boiron lui répondra : "Ne vous inquiétez pas, nous sommes des Français". Il rejoint le lendemain le Comité de libération élargi en délégation municipale.

Pour les Romanais, Victor Boiron est un des héros de ces journées. Sa femme témoigne : "J'ai su que cette journée avait été pour lui un véritable triomphe, une sorte d'apothéose ; de tous côtés, on criait "Vive Boiron"". Les mains se tendaient qu'il serrait toutes ; on l'embrassait et il se laissait faire. Cette explosion spontanée de sympathie et de popularité l'avait profondément ému et touché, car cet homme fort et énergique était un grand sensible. "Notre populaire Boiron ; en voilà un qui a souffert pour la Résistance : arrêté et torturé par la Milice, de nouveau arrêté par les Allemands à Vassieux, obligé de creuser sa tombe après avoir été odieusement torturé par eux, il ne doit la vie qu'à la complicité d'un de ses gardiens ; il est là maintenant et beaucoup voient en lui le futur maire de Romans".

Mais le 27 août, les Allemands reprennent la ville. L'état-major FFI peut quitter Romans. Victor Boiron, le capitaine "Paquebot" et le cavalier Amadéo ("Montanet") se rendent auprès de madame Boiron et de sa fille, installées dans la ferme familiale à la Baume-d'Hostun.

Le 28, vers 11 h, les trois hommes partent pour une mission importante. En fin d'après-midi, alors qu'ils sont de retour, le véhicule traverse Saint-Nazaire-en-Royans en prenant la direction de Romans. Soudain, au début de la petite montée qui longe le canal de la Bourne, au pied de la falaise, peu avant l'embranchement qui mène à Hostun, Boiron et ses hommes sont pris sous le tir d'une automitrailleuse allemande qui remonte de Romans. La voiture stoppe immédiatement. "Paquebot" et "Montanet" sautent sur le bas-côté gauche de la route, en direction du canal de la Bourne, ils semblent qu'ils soient tués sur le coup. Boiron qui se trouve du côté droit du véhicule, sort également précipitamment et, muni d'un FM, se jette le long du talus. Il parvient alors à tirer sur les soldats qui sont restés sur la route. Deux d'entre eux parviennent cependant à prendre Boiron à revers et le tuent de plusieurs balles. Avant de repartir, ils détruisent la voiture. À la tombée de la nuit, une charrette tirée par un mulet vient récupérer les corps. Boiron et "Paquebot" sont enterrés côte à côte à La Baume-d'Hostun. Le 28 octobre 1944, leurs corps sont transférés à Romans, inhumés côte à côte. Leurs funérailles rassemblent beaucoup de monde et sont marquées par trois allocutions, celle de Gilbert Chapelle, un de ses amis, celle de Roger Raoux ("Morgan"), maire de Romans et celle du capitaine Tanant de l'état-major du Vercors.

Auteur : Laurent Jacquot



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