Données extraites du CD(DVD)-ROM : La Résistance en Haute-Garonne (2009)

Pierre BOURTHOUMIEUX



Alias "Bonnard"

Etat-civil

Né(e) le/en 14 novembre 1908 à Cahors


Profession en 1940 : Pharmacien
Domicile en 1940 : Avenue de Muret à  Toulouse

Résistance

Lieux d'action : Haute-Garonne
Organisation de Résistance : SFIO ; Armée secrète (AS) ; groupe Veny ; groupe Froment ; FAC

Arrestation et détention

Date d'arrestation : 1er avril 1944
Déportation

Lieux : Neuengamme
Mort en déportation
Date de décès : Avril 1945
Lieu de décès : Watenstedt

Commentaires

Pierre Bourthoumieux est né à Cahors en 1908 dans une famille d'instituteurs où le père est un républicain convaincu, à la fois socialiste et franc-maçon. Sportif, amateur de rugby, il fait à Toulouse des études de pharmacie. En 1934, il ouvre une officine située au 122, avenue de Muret. Très tôt il est gagné par la passion de la politique: il est entré aux Jeunesses socialistes en 1926 et il en devient le secrétaire fédéral. Elu en 1935 conseiller municipal de Cahors, il est aussi éditorialiste et il s'oppose fréquemment aux leaders radicaux du département, Anatole de Monzie, le maire de Cahors, et Louis-Jean Malvy, le député de Gourdon. En 1938, bien que pacifiste, il fait preuve de suffisamment de lucidité pour écrire: " Je crois que Münich a été la plus grande défaite des démocraties et que la France en particulier n'y a pas gagné la paix, et y a perdu les derniers éléments de sa sécurité (...). Si nous avions tenu bon, l'Allemagne n'aurait pas accepté la guerre, car le jour où elle se sentira préparée pour la faire, elle profitera d'un moment de surprise et ne laissera pas à son adversaire le temps de se parer ". Plusieurs sources prétendent qu'il aurait adhéré à la franc-maçonnerie comme son père.

Mobilisé, il est blessé à Sedan lors de l'offensive allemande de mai 1940. Revenu à Toulouse, il prend contact avec les éléments socialistes qui n'acceptent pas la soumission. Comme l'écrira Vincent Auriol dans ses Mémoires : " avant la guerre, Bourthoumieux et Naves étaient mes camarades, animés du même idéal de justice sociale (...). Ils luttaient pour la paix avec passion. Mais lorsque s'abattit sur nous le malheur, que la Liberté fut garrottée, ces pacifistes donnèrent le signal de la révolte et l'exemple de l'héroïsme ". Pierre Bourthoumieux dénonce ainsi la démission des "anciens responsables politiques" socialistes,ainsi que l'inaction de ceux qui " confondent le verbalisme d'intention avec l'action et ses risques ". Il est décidé à réagir.

Il entre au  réseau de renseignement Froment (devenu par la suite le réseau Brutus). Surtout, il participe au développement du Parti socialiste clandestin, le CAS. C'est dans sa pharmacie que se tient la réunion où sont répartis les rôles de chacun des participants. Avec Raymond Naves et Léon Achiary, il anime la direction du CAS. Il en est le responsable départemental et il s'occupe des passages et des renseignements sous le pseudonymedeBonnard ", un  nomemprunté àunpersonnage d'Anatole France.

En juin 1943, l'intendant de police Danglade l'aurait informé qu'il est inscrit sur une liste de personnes que la Gestapo prévoit d'arrêter. Se sentant menacé, il quitte Toulouse et il se réfugie en Ariège, puis dans le Lot. En décembre, sa résidence toulousaine est par deux fois perquisitionnée et dévastée ; en mars 1944, sa pharmacie est à son tour perquisitionnée.

Dans le Lot, Bourthoumieux anime les groupes Veny. Responsable FAC dans le département, il doit le devenir au niveau régional. Il cherche à obtenir l'intégration des socialistes dans les MUR, tout en se heurtant à l'influence grandissante des communistes dans la Résistance lotoise.

Le 1er avril 1944 il se rend à Lyon pour assister à une réunion de responsables du CAS. Il ignore que la Gestapo connaît le lieu du rendez-vous et y a monté une souricière. Il est arrêté, torturé par Klaus Barbie, transféré au fort de Montluc avant d'être déporté au camp de Neuengamme, près de Hambourg. En avril 1945, il meurt dans des conditions affreuses, quelques jours à peine avant l'arrivée des Alliés.

Pierre Bourthoumieux laisse trois jeunes enfants. Père d'un garçon et d'une fille, il est devenu veuf à trente ans. Il a eu également un fils de sa compagne Anna (" Adrienne "), qui l'a accompagné jusqu'au bout dans ses activités résistantes.

Auteur : Michel Goubet



Décorations et récompenses

  • Légion d’honneur
  • Médaille de la Résistance française
  • Croix de guerre 1939-1945
Sources complémentaires

  • Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 83656
  • Service historique de la Défense, Caen : AC 21 P 429 539
En savoir plus

Retrouvez la biographie détaillée de Pierre BOURTHOUMIEUX dans le CD(DVD)-ROM :