René BIBAULT
Profession en 1940 : Non renseigné
Domicile en 1940 : Non renseigné
Organisation de Résistance : FTPF - Organisateur de maquis dans la région des Cévennes
Né le 14 juin 1921 à Dissay (Vienne) d'un père ouvrier électricien et d'une mère sans profession, il fait ses études à l'École normale de Poitiers. Il est nommé instituteur le 1er octobre 1940 à Saint Julien l'Ars près de Poitiers, village occupé par l'armée allemande.
Dès 1940, sous la direction de maître Renard, avoué, un réseau de Résistance en liaison avec Londres se constitue. René Bibault participe à certaines de ses activités comme l'évasion d'un équipage anglais abattu dans la Vienne. La Gestapo démantèle ce réseau en 1943 et une partie de ses membres sont condamnés à mort ou déportés. En juillet 1943, René Bibault perçoit la prime de départ au STO (mille francs), prend le train mais, à Paris, il monte dans un train de la ligne Paris - Nîmes et rejoint l'épouse de son frère prisonnier, réfugiée dans sa famille au Collet de Dèze (Lozère). Une tentative pour rejoindre un maquis alpin échoue.
Charles Pantel et Jean Huc dit "Francis", responsables locaux de la Résistance, le contactent et Roger Torreilles dit "Marcel", responsable FTP du secteur, l'installe dans une grange abandonnée au lieu-dit Le Crespin, à une demi-heure de marche du hameau du Tronc. Il est rapidement rejoint par plusieurs réfractaires et trois Sarrois, anciens des Brigades internationales en Espagne. Il devient le responsable de ce maquis. Suite à une dénonciation, il doit déplacer son équipe en janvier 1944 pour l'installer aux Bouzèdes, ferme forteresse sur le plateau au-dessus de Vialas. Les maquisards apprécient le confort de ces bâtiments en très bon état. Le ravitaillement est, en grande partie, assuré par les Résistants de Vialas : l'instituteur René Evrard et son épouse, le boulanger René Durand dit "Paillasse" et bien d'autres.
René Bibault dit "Jean" dirige diverses opérations sur les dépôts des houillères du Gard pour son ravitaillement, ainsi qu'une action contre la gendarmerie de La Vernarède et un magasin de matériel d'impression à Alès.
Dans la nuit du 4 au 5 février 1944, c'est l'attaque de la prison centrale de Nîmes pour libérer des résistants dont certains trouvent refuge au maquis des Bouzèdes. Il participe à divers sabotages :
- sur la petite mine d'antimoine du Collet de Dèze,
- sur l'usine de charbon de bois près de Génolhac,
- sur la voie ferrée Paris - Nîmes, avec déraillement d'un train dans le tunnel de Prévenchères.
Le 15 mai 1944, averti d'une opération imminente des troupes d'Occupation sur les Bouzèdes, il replie son équipe dans la forêt du Bougès, au-dessus du Col de la Croix de Berthel, où elle s'installe provisoirement dans des huttes de branchages avant de gagner La Lauze au-dessus du Collet de Dèze.
Lors du combat du 5 juin, à La Rivière, commune de Saint Michel de Dèze, un de ses maquisards, Stanislas Malinowski dit "Jouhaux" est tué.
Dans l'euphorie du débarquement du 6 juin, il organise, en plein jour, une opération à La Grand Combe avec remise d'argent liquide, contre reçus, à la poste, à la perception et prélèvement de ravitaillement dans les magasins de la mine.
Ayant pris contact, à l'insu de ses supérieurs, avec un agent de l'Intelligence Service (IS) pour obtenir un parachutage d'armes, l'interrégion FTP de Lyon le sanctionne pour cette faute politique : dégradation immédiate et mutation dans l'Ardèche. Il confie le commandement du sous secteur FTP à son adjoint Gabriel Crouzaud et rejoint l'Ardèche presque entièrement libérée. Il se retrouve simple maquisard, mais Ollier dit "commandant Ravel", qui dirige les FTP de ce département, le récupère rapidement et l'affecte comme adjoint au commandant de la 7101ème compagnie. Il participe à la bataille du Pouzin les 14, 15 et 16 août et devient commandant du 5e bataillon FTP le 20 août 1944 puis, le 1er octobre, commandant du sous-secteur I.
Engagé volontaire au 3e bataillon de marche de l'Ardèche comme officier adjoint, il effectue un stage des transmissions à l'École supérieure d'électricité de Vanves-Malakoff (Seine), puis un stage à Beauvallon du 19 mars au 24 avril 1945 et suit le peloton préparatoire à l'École inter-armes. Détenteur du grade de capitaine à titre fictif, il est nommé adjudant-chef de réserve à compter du 1er juin 1945 par la 14e région militaire. Muté le 26 juin 1945, à la 438e compagnie de garde des prisonniers de guerre allemands (PGA), il obtient sa démobilisation le 1er septembre 1945 et se retire à Poitiers (*) où il retrouve un poste d'instituteur. La commission nationale d'homologation des grades FFI, dans sa séance du 18 mars 1952, lui attribue le grade de sous-lieutenant FFI avec date de prise de rang au 9 juin 1944 (**).
Militant syndical de la Fédération de l'Éducation nationale (FEN), il fait partie du courant minoritaire. Il devient, en 1947, le secrétaire de la section de la Vienne du Syndicat national des instituteurs (SNI). De la petite organisation rescapée de l'Occupation, il contribue à faire un des premiers syndicats du département. Il participe activement à la réalisation d'une maison des enseignants départementale comme il en existe peu, devenue après la scission de la FEN, siège de la Fédération syndicale unitaire (FSU) et de ses syndicats. Il fait valoir ses droits à pension en 1976 et se retire, 50 chemin du Sémaphore à Poitiers.
(*) États de services de l'adjudant-chef Bibault René, 31 juillet 1945, 438ème Cie de garde PGA à Vals les Bains (Ardèche).
(**) Lettre n° 74 177 PM/GC du secrétariat d'Etat à la Guerre, 18 avril 1952 et notification n° 39 599 du secrétariat d'Etat à la Guerre, 30 septembre 1952.
- Médaille de la Résistance française
- Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 58370