Données extraites du CD(DVD)-ROM : La Résistance en Lozère (2006)

André Xavier BOUSSAC



Alias "Dédé"

Etat-civil

Né(e) le/en 2 mai 1915 à Chanac


Profession en 1940 : Non renseigné
Domicile en 1940 : Non renseigné

Résistance

Lieux d'action : Lozère
Organisation de Résistance : Membre des FFI de Haute Lozère

Mort au combat

Date et lieu de décès : 10 août 1944

Commentaires

André Xavier Boussac, dit "Dédé", est né le 2 mai 1915 à Chanac. Son père Marius Boussac, originaire de La Tieule, travaille à Paris quand il épouse Berthe Barbut de Chanac. Ils tiennent un petit hôtel restaurant. Pendant la Première Guerre mondiale, sa mère enceinte est revenue dans sa famille car son mari est au front. André naît ainsi à Chanac.
De la guerre, Marius Boussac " revient vivant mais gazé. Les poumons brûlés, il est très diminué, et son état ira en s'aggravant jusqu'à son décès en 1924." Veuve de guerre, madame Boussac reste à la tête de son commerce à Paris puis revient en Lozère, une dizaine d'années après la mort de son mari. Elle tient alors une épicerie à Chanac. Elle "apporte son secours à tous les malheureux" : "Aux réfugiés républicains espagnols [...] Lors de la débâcle de 1940 [...] réfugiés belges ou du Nord-Pas-de-Calais [...] Vient alors le temps des clandestins, communistes allemands ou juifs français, les uns et les autres cherchant à se faire oublier [...] Berthe les aide tous. [...] Quelle que soit la race, la religion, ou l'option politique, elle apporte son soutien actif aux malheureux, et en particulier aux étrangers malheureux."

Pupille de la Nation, André Boussac est pacifiste, il est dispensé du service militaire du fait d'une blessure à la main droite. Son cousin Pierre Cordesse écrit : "C'est un homme de conviction, politiquement engagé. [...] il a travaillé en tant que groom, puis serveur dans les plus grands hôtels parisiens, où il a vu de près l'injustice sociale, le luxe et l'arrogance des riches côtoyant la misère. Où il a du s'abaisser, faire la courbette, main tendue vers le pourboire. Il rêve d'une société de justice". 
En Lozère, André Boussac est "garçon [de café] à Mende, à Meyrueis. Il [...] arrive de Paris, il est déluré, a une certaine expérience de la vie, il s'intéresse à la politique, et au sport. Il crée à Chanac une équipe de football, lui donne un nom dans le vent 1936, le Cercle populaire chanacois, il dessine un insigne [...], place des cartes de soutien [...] Fatigué de la servitude de son métier de serveur, il achète un camion, et crée une entreprise. Deux fois par semaine, il va à Roquemaure, Cavaillon faire le plein de fruits et légumes qu'il vend à des détaillants lozériens [...]. La guerre va ralentir puis interrompre ce commerce du fait de l'absence de carburant, puis de camion. " 

Il a des contacts avec la Résistance. Il organise le départ de cinq travailleurs étrangers du camp de Chanac, qui se sont adressés à sa mère pour aller combattre. André les guide vers les maquis cévenols. Pour sa part, il rejoint le maquis le 10 juin 1944. Intégré au corps-franc de Haute Lozère, dans la compagnie "Bernard", il sert aussi d'agent de liaison sous les ordres du capitaine Yvan Sohm dit "Le Breton". Adjudant-chef, il va être promu lieutenant.

Le 10 août 1944 a lieu à La Capelle, sur le Causse de Sauveterre, une importante réunion régionale des chefs FFI de la région R3. Pour garantir la sécurité de cette réunion, le corps-franc du capitaine Gérard Annonier dit "Georges", auquel appartient alors André Boussac, occupe la vallée du Lot côté est, à la sortie du village du Bruel, commune d'Esclanèdes. En milieu de matinée, une colonne motorisée des troupes d'Occupation venant de Mende et allant à Rodez est stoppée par les tirs FFI dans la ligne droite avant le passage à niveau. Les Allemands sautent des camions, certains s'embusquent à l'abri du talus le long de la route, côté voie ferrée et ripostent. Les tireurs allemands, en contre-pente du talus échappent à la vue et aux tirs du corps-franc. Jean Charletoux est tué. Les jeunes maquisards sont tentés par les armes présentes dans les camions stoppés en travers de la route, armes qui leur font cruellement défaut. De nombreux curieux ont assisté depuis Chanac aux événements de la vallée et ont reconnu parmi les maquisards André Boussac. "Cette foule [...] acclame l'enfant du village, le félicite pour son courage, sa participation à l'attentat au cours duquel il a vu les camions [...] apparemment vides d'occupants mais chargés d'armes..." Pour André, "la tentation est trop forte. Malgré les conseils de prudence que lui profère son oncle à qui il vient de confier sa décision, [il va] aller, avec un autre téméraire, s'emparer des armes." (*) 

Dans l'après-midi, malgré aussi les conseils de prudence des autres maquisards, accompagné d'un ex-gendarme qui a rejoint le maquis, il progresse prudemment le long du Lot puis derrière le Moulin où l'attend son camarade et débouche sur la route. Il saute dans le camion. Il est abattu d'une balle en pleine poitrine. Les renforts allemands venus de Mende et arrivés dans l'après-midi, sont accompagnés de policiers en civil. Ils vont aller à Chanac perquisitionner la maison de la mère d'André Boussac. "En fin d'après-midi, guidés par M. Guisard, le chef de gare que les assassins viennent de réquisitionner au passage, un groupe d'hommes armés, gestapistes ou miliciens, traverse le village. [...] Ils arrivent chez ma tante Berthe, fouillent la maison, à la recherche d'armes ou de documents, lui demandant où se trouve son fils, disant qu'ils savent que c'est un terroriste, un type dangereux. Ce qui tout à la fois inquiète et rassure la pauvre mère. S'ils le recherchent, c'est qu'il est vivant, qu'il a réussi à leur échapper. Ce qui décuple son courage. Après avoir tout fouillé, s'être emparé de quelques marchandises de l'épicerie (primeurs), les ennemis ressortent dans la cour, où les gardes de leur escorte ont retenu des visiteurs, des amis comme monsieur Reynier, ou mon camarade Yves Arnal venus aux nouvelles ou au ravitaillement, et mes deux sœurs Lélette et Dédée, âgées de dix-neuf et dix-huit ans [...] Ils les alignent contre le mur, mitraillettes pointées vers les poitrines." 
L'intervention du maire mis en place par Vichy, Louis Pagès, évitera la répression.

Le dimanche 12 octobre 1952, André Boussac, "mort au champ d'honneur", reçoit à titre posthume, au cours d'une cérémonie à Mende, la croix de chevalier de la Légion d'honneur (décret du 10 mai 1952) et la croix de guerre avec palme (*). Une stèle, érigée près de l'endroit où il tomba, rappelle son sacrifice et celui de Jean Charletoux.

(*) Lettre du 27 septembre 1952 du chef d'escadron Rouchaud, commandant la place d'armes de Mende à Madame Veuve Boussac née Barbut, communiquée par Claire Cordesse



Décorations et récompenses

  • Légion d’honneur
  • Croix de guerre 1939-1945
Album d’images

Boussac André en tenue de groom avant guerre à Paris
Titre de chevalier de la Légion d'honneur décerné, à titre posthume, à André Boussac, le 12 octobre 1952
"André Boussac, un héros méconnu" par Pierre Cordesse
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Retrouvez la biographie détaillée de André Xavier BOUSSAC dans le CD(DVD)-ROM :