Données extraites du CD(DVD)-ROM : La Résistance en Haute-Savoie (2004)

Jeanne ARRAGAIN



Coll. familiale
Nom de jeune fille : CLAVEL

Etat-civil

Né(e) le/en 10 février 1897 à Veyrier-du-Lac


Profession en 1940 : Commerçante
Domicile en 1940 : Annecy

Résistance

Lieux d'action : Haute-Savoie
Organisation de Résistance : AS

Arrestation et détention

Date d'arrestation : 17 avril 1944
Lieu de détention : prison Saint-François à Annecy, fort de Romainville
Déportation

Date de déportation : 8 juin 1944
Lieux : Neue-Bremm, Saarbrücken, Ravensbrück
Mort en déportation
Date de décès : 20 mars 1945
Lieu de décès : Ravensbrück

Commentaires

Jeanne Arragain est née le 10 février 1897 à Veyrier-du-Lac, fille de Jean Pierre Clavel et de son épouse Adeline Mugnier. Elle épouse Alexis et tous deux tiennent le café situé 2 rue du Pâquier à Annecy. Toute la famille est éprise de sentiments profondément patriotiques. Tous s’efforcent d’aider les résistants. Son époux et elle sont membres de l’A.S. Gobeli écrit dans le Messager Patriotique du 21 septembre 1945 : "Les maquisards étaient certains de toujours trouver en la famille Arragain des amis sûrs et dévoués leur apportant appui moral et financier. Au cours du mois de juillet 1943, à la suite d’une lâche dénonciation anonyme, l’un des fils fut arrêté et interné jusqu’en octobre au camp de Saint-Germain de Joux. Libéré, il prit le maquis et apporta une aide sérieuse à la Résistance. »
La Milice ne peut supporter une telle situation.
Le premier drame de sa vie se joue le 30 novembre 1943. La Haute-Savoie est occupée depuis le mois de septembre par les Allemands et la Milice est de plus en plus puissante. Le soir de ce mardi d’hiver une violente explosion secoue le débit de boisson. Cinq minutes avant l'explosion, dans la rue et sur la place, plusieurs francs-gardes font circuler les passants, qu'ils jugent un peu nonchalants. Deux gammas entrent au bar par l'entrée de la rue du Pâquier et s'installent à une table près de la porte de la rue Vaugelas, tandis qu'un troisième, entré également par la rue du Pâquier, s'adresse à voix basse à quatre militaires allemands. Madame Jeanne Arragain, propriétaire des lieux, précise qu'un des soldats est alors sorti avec le milicien, puis est revenu précipitamment. Il a payé et est sorti avec ses trois copains. Les deux miliciens sortent à leur tour. André Chaulez, garde mobile et ancien camarade de guerre d'Alexis Arragain, explique dans sa déposition que les miliciens sont sortis une vingtaine de seconde avant l'explosion de ce qui pourrait être une grenade. Après le bruit et dans la fumée, ils sont à nouveau rentrés, questionnant sur ce qui venait de se passer. La grenade, dont on retrouvera la goupille et la cuillère, est de fabrication anglaise. La Milice voulant faire croire à un attentat du maquis utilise du matériel parachuté. Cela cependant ne trompe personne, car les Arragain sont connus pour leurs sympathies pour la Résistance. Les glaces de la vitrine et de la porte d'entrée ont volé en éclats. Le soubassement métallique de la porte d'entrée est perforé. Sous les arcades, une glace a été également détruite, de même un guéridon criblé de trous. La déflagration a d'autre part brisé la partie supérieure vitrée de l'entrée du restaurant, sise rue Vaugelas. William Créchait, propriétaire du bâtiment habitant au deuxième étage, qui dès l'explosion cherche à savoir ce qui s'est passé, est violemment pris à partie par trois personnes armées de revolvers, qui lui enjoignent de partir immédiatement. Pendant ce temps des gardes mobiles arrivent au Puits Saint-Jean. Le G.M.R. Camille Costelle, attablé chez Dussolier, débit de boisson situé place du Pâquier, se précipite vers le café qui vient d'exploser. Il voit "quatre miliciens environnés de fumée. L'un d'eux se retourne, me braque avec son revolver m'enjoignant de me tirer..." Le garde retourne chez Dussolier et informe le brigadier du G.M.R. "La Crau" Lelong, qui était entrain de consommer avec lui. Le sous-officier témoigne : "J'ai vu deux miliciens porteurs du n°3 au collet, armés de revolvers, braquer mon garde vers le café Arragain."
Alexis Arragain, un homme de 44 ans, se trouve dans son appartement au premier étage au moment de l'explosion. Il descend prestement et sorti dans la rue, voit 4 quatre miliciens armés portant le numéro 3 au collet. Ils le braquent et lui intiment l'ordre de circuler. Les gardes mobiles survenus à ce moment là s'interposent entre monsieur Arragain et les miliciens. L'un d'eux en partant lance : "Nous nous retrouverons demain". Jean Mathès, chef départemental de la Milce, interrogé le 2 décembre par la police sur cet attentat, déclare sans ambages : "Je reconnais que toutes les apparences sont contre mes hommes, mais j'affirme de la façon la plus formelle et au besoin sous la foi du serment, que la Milice française n'est pour rien dans cette affaire." Cependant, pour la police, il ne fait aucun doute que cet attentat est l'œuvre de miliciens. Ce café n'a pas été choisi par hasard. René un des fils a déjà été arrêté le 9 juillet de cette année et interné à Saint-Paul d'Eyjaux, d'où il s'est évadé le 31 août. Les époux Arragain sont dans le collimateur de la Kollaboration. Ce qui est surprenant, c'est que le capitaine Mallaret, dont un escadron de gardes est dans la rue depuis 18 heures ne parle de rien dans ses rapports.

Le second drame survient le 17 avril 1944. Quelques temps auparavant le 13 mars Alexis est arrêté lors de la grande rafle de la Milice sur la ville d’Annecy. Il est enfermé aux Vieilles. Dans la nuit du 19 au 20 mars, cinq prisonniers s'échappent des Vieilles Prisons, 4 réussissent la belle : Paul Chautemps, Norman Burkitt, Pasta et Alexis Arraguin, mais le cinquième Salino est repris. Alexis réussit à gagner Talloires et la Résistance clandestine. La Gestapo arrête Jeanne le 17 avril 1944 et l’interne à la prison Saint-François à Annecy. Le café restaurant est pillé et saccagé. Jeanne est envoyée le 1er juin 1944 au fort de Romainville, dans la région parisienne. Le 8 juin 1944, elle est internée à la prison de la police à Neue-Bremm, à Saarbrücken (Allemagne), puis, le 23 juin 1944, elle est transférée au camp de concentration de Ravensbrück (Allemagne) (matricule n°43 227). Elle décède dans ce camp de Ravensbrück « Morte pour la France » le 20 mars 1945. Une petite explication s’impose : La transcription enregistrée en mairie d’Annecy en 1945 sous le numéro 462 précise que madame Arragain est décédée « au camp de jeunesse de Ravensbrück ». Il s’agit d’une partie du camp de Ravensbrück, Uckermark où étaient transférées les détenues trop faibles pour travailler, véritable mouroir.

Elle est reconnue « Morte pour la France » le 9 août 1946 et « Morte en Déportation » le 18 janvier 1990. Elle figure, sous le nom d’épouse Arragain, sur les plaques récapitulatives des « Morts pour la France» apposées dans le hall de l’Hôtel de ville d’Annecy, ainsi que sur le monument aux morts de Menthon. Jeanne Arragain a reçu la Croix de Guerre avec étoile de vermeil, la médaille militaire, la Médaille de la Résistance (et que son p&



Sources et bibliographie utilisées

Auteur : Michel Germain



Sources complémentaires

  • Service historique de la Défense, Caen : AC 21 P 419180