Données extraites du CD(DVD)-ROM : La Résistance dans le Gard (2009)

Roger TORREILLES



Alias "Commandant Marcel"

Etat-civil

Né(e) le/en 7 octobre 1910 à Perpignan


Profession en 1940 : ouvrier lithographe
Domicile en 1940 : Non renseigné

Résistance

Lieux d'action : Gard
Organisation de Résistance : PCF clandestin, FTPF

Arrestation et détention

Date d'arrestation : 11 mai 1944
Lieu de détention : Nîmes
Commentaires

Selon A. Vielzeuf, Roger Torreilles fut le pionnier de divers groupes de réfractaires appartenant au Front national et installés aux limites du Gard et de la Lozère ; là se constitue, le 27 juillet 1943, dans une maison forestière désaffectée de Figuerolles (commune de Saint-Martin-de-Boubaux), le premier maquis Francs-tireurs et partisans (FTP), dénommé "camp n° 4". Paul Tagnard, dit "Philippe", COR (commissaire aux opérations régionales) de la région 2, depuis le début de l'année, travaille à regrouper les réfractaires des cantons de Saint-Germain-de-Calberte et du Collet-de-Dèze (Basse-Lozère) avec l'aide de Charles Pantel, militant du Parti communiste (PC) clandestin et du  Front national (FN) du Collet-de- Dèze. Les premiers maquisards arrivent le 28 juillet 1943. Torreilles est désigné comme responsable du camp, assisté de G. Pustoch.

Roger Torreilles dit "capitaine Marcel" d'origine catalane, va être l'incontestable cheville ouvrière des camps FTPF implantés dans le Gard, en Basse-Lozère et en Basse-Ardèche. Cet ouvrier syndicaliste, membre de la Confédération générale du travail unitaire (CGTU) du Livre depuis 1930 et du PCF depuis 1935, a beaucoup aidé les républicains espagnols après l'agression de Franco. Comme d'autres, il est victime de la répression et licencié de son travail de typographe après la grève du 30 novembre 1938. (Grève lancée par la CGT pour protester contre les décrets-lois Reynaud (ministre des Finances du Gouvernement Daladier) qui mettaient, après Munich, un terme au Front Populaire. Elle entraîna une vague de licenciements: plus de 800 000 salariés sont mis à pied et à la fin de 1938, il restait plus de 10 000 licenciés (dont Roger Torreilles). 

Ce militant passionné, âgé d'à peine trente ans à la veille de la guerre, de taille moyenne mais musclé, rayonnant d'énergie, finit par retrouver du travail dans le bâtiment.
Mobilisé en 1939, démobilisé le 12 juillet 1940, il reprend son travail de maçon et son activité militante, clandestine déjà, puisque le PC a été dissous par le gouvernement Daladier. Il est arrêté pour une distribution de tracts en novembre 1940, assigné dans un camp situé dans l'Aude, puis transféré au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) où il entre en relations avec des résistants gardois connus tels Antonin Combarmond, Michel Bruguier, Germain Bailbe ou le parisien Georges Pustoch.
Très vite, Torreilles est désigné comme responsable politique et militaire de la baraque n°4 dite "baraque des Catalans". En mars 1943, il est transféré avec 130 autres détenus à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) sur un chantier de l'organisation Todt (2) pour la construction du Mur de l'Atlantique

Juillet 1943 : Combarmond, "Mistral", le distillateur de Saint-Geniès de Malgoirès, libéré le 16 juillet 1943 du camp de Saint-Sulpice, parvient à faire évader plusieurs de ses anciens camarades : le nîmois Paul Roqueblave, G. Pustoch, les Catalans Pucheu, Bailbe, Torreilles.

Ce petit groupe arrive à Nîmes le 27 juillet, au moment où la direction FTP donne la consigne de constituer un maquis à la limite du Gard et de la Lozère pour accueillir et organiser les réfractaires. Un conseil militaire, tenu avec "Philippe", responsable militaire régional FTP et A. Combarmond, désigne, comme responsable de ce camp,  Roger Torreilles assisté par Georges Pustoch. Les deux hommes sont alors conduits à Saint-Michel-de-Dèze, et mis en contact avec le percepteur Jean Huc (groupe AS) et l'électricien Charles Pantel, responsable du Front national du Collet-de-Dèze, et, de là, amenés au camp de Figuerolles, nouvellement constitué.

Tous les témoins affirment que R. Torreilles est bien l'homme de la situation : méthodique, discret, ayant une certaine expérience militaire, de l'autorité. A Figuerolles, tous sont désormais en sécurité mais singulièrement démunis, car leur seule arme est un couteau à cran d'arrêt ! Les réfractaires continuant d'affluer, d'autres maquis sont créés aux Crozes, à Champdomergue, Leyris, au Crespin (commune de Saint-Frézal-de-Ventalon) sous la direction de René Bibault dit "Jean". Début 1944, R. Torreilles établit également le contact avec le maquis du Serre, dirigé par J. Baby, et comprenant d'anciens membres du maquis de Lasalle. En tant que responsable des maquis, R. Torreilles participe également à l'organisation de l'évasion des patriotes emprisonnés à la centrale de Nîmes et conduit, avec Rémy Sauer dit " Marty " et Cristino Garcia, l'équipe de maquisards qui libère 17 résistants.

Mais, le 11 mai 1944, alors qu'il se rend en mission à Saint-Geniès-de-Malgoirès chez Combarmond, Torreilles est arrêté par la Gestapo. Transféré à Nîmes, durement interrogé, il est utilisé avec d'autres prisonniers par l'occupant pour le désamorçage des bombes non explosées du bombardement allié sur Nîmes du 27 mai 1944. Toujours incarcéré à la maison d'arrêt, alors qu'une grande partie des autres détenus sont transférés aux Baumettes à Marseille, Torreilles et les résistants encore présents (dont André Vielle, gendre de Combarmond et Jean Todorow dit "le Serbe" sont délivrés par la Résistance locale.
Torreilles regagne la Lozère, à bicyclette, rencontre Pierre Savin, Commandant "Pierre", FTP qui le désigne comme responsable technique. A partir du 20 août, les FFI (censés rassembler les forces de tous les mouvements) quittent la Basse-Lozère pour assurer la libération du Gard : "Marcel" participe ainsi à la libération de la Grand Combe, d'Alès, de Nîmes en passant par le combat de La Madeleine.

La Libération assurée, Torreilles intégre l'armée et Pierre Savin devenu le chef de la subdivision militaire du Gard lui donne la responsabilité du 4éme bureau (équipement et ravitaillement). Le grade de capitaine lui est officiellement reconnu. Envoyé parfaire son instruction à une école militaire à Castres, puis en Allemagne, il rentre en France après la capitulation allemande du 8 mai 1945. Il est alors affecté au siège de la 16ème région militaire à Montpellier sous la direction du général Zeller, au bureau FFI. Mais, comme tous ceux qui espéraient une "armée nouvelle", cet ancien militant est vite isolé. On tente même de le muter à la Légion étrangère ce qu'il refuse ; il démissionne de l'armée en septembre 1947.
Ne retrouvant pas son métier de typographe, il va désormais se consacrer au travail agricole sur la propriété familial



Sources et bibliographie utilisées

VOir également la notice du CD-ROM Lozère



En savoir plus

Retrouvez la biographie détaillée de Roger TORREILLES dans le CD(DVD)-ROM :