Données extraites du CD(DVD)-ROM : La Résistance dans l'Ain et le Haut-Jura (2013)

Joaquim UROZ



Alias "Jacky"

Etat-civil

Né(e) le/en 19 septembre 1914 à Madrid


Profession en 1940 : employé bûcheron
Domicile en 1940 : Espagne puis réfugié

Résistance

Lieux d'action : Ain-Haut-Jura
Organisation de Résistance : camp Verduraz

Commentaires

Le parcours de Joaquim Uroz est représentatif de ceux de nombreux Espagnols qui ont combattu le franquisme avant de se réfugier en France, puis de rejoindre le Maquis. Sa petite-fille a retracé la vie mouvementée de son grand-père de 1936 à 1944. 

Joaquim Uroz, originaire d'Alméria en Andalousie, est le second d'une famille de douze enfants qui vit dans la pauvreté. Lorsqu'éclate la guerre d'Espagne, Joaquim Uroz s'engage dans les rangs des Républicains pour défendre la démocratie, et les combats l'amènent près de Madrid. A ce moment, il apprend qu'il se bat contre l'un de ses frères, enrôlé dans l'armée de Franco, et que ses parents ont été fusillés ; il perdra encore deux frères dans cette guerre atroce qui se termine au début de l'année 1939. 

Lorsqu'il passe en France avec des flots de réfugiés, Joaquim a une solide expérience de la lutte contre le fascisme, mais pour lui commence une existence de proscrit et de travailleur forcé. Il se retrouve rapidement interné dans des camps de réfugiés du sud de la France,à Argelès puis à Saint-Cyprien, affecté avec des compatriotes à la construction de bâtiments dans l'Hérault. 

Après l'armistice en juin 1940, Joaquim Uroz est transféré dans le Tarn-et-Garonne. Pendant la débâcle et l'exode, alors que les Allemands envahissent la totalité de la France, beaucoup de réfugiés espagnols souhaitent s'évader, espérant gagner le Mexique par Bordeaux. Le groupe de Joaquim Uroz tente sa chance mais échoue, suite à une dénonciation, et échappe de justesse aux troupes ennemies grâce à la manœuvre habile d'un officier français. 

En novembre 1940, Joaquim et ses compatriotes sont transférés dans l'Ain et occupés à fabriquer du charbon de bois pour le compte des Eaux et Forêts dans les bois de l'Abergement-de-Varey. Ils passent là plus de deux ans dans des conditions déplorables, parqués dans des baraquements sommaires, à peine vêtus et nourris de soupe infecte, méprisés par l'encadrement. 

Les plus hardis vont effectuer en cachette des travaux chez des paysans pour gagner un supplément de nourriture. De surcroît, l'Etat français prélève de temps à autre des groupes qui sont envoyés soit à la construction du mur de l'Atlantique, soit en Allemagne. C'est en apprenant leur prochain départ outre-Rhin que Joaquim Uroz et trois de ses compagnons s'évadent une nuit, en juillet 1943, après avoir saboté la production de charbon de bois en cours. Marius Chavant de Montgriffon leur ayant fixé un rendez-vous nocturne au cimetière de Corlier, ils s'y rendent et, de là, sont incorporés au camp Verduraz,qui s'abrite alors dans les grottes de la Fouge. 

Très vite, l'expérience militaire de ces Espagnols est reconnue par le chef Jean Vaudan, "Verduraz", qui leur confie des groupes de jeunes recrues pour les former au combat. Joaquim Uroz devient "Jacky", maquisard, qui reprend au sein de la compagnie Verduraz sa lutte longtemps interrompue pour libérer la France, qu'il ne quitte plus jusqu'à sa mort, en 1992.

Auteur : Claude Morel



Sources complémentaires

  • Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 581 275
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Retrouvez la biographie détaillée de Joaquim UROZ dans le CD(DVD)-ROM :