Martin SIBILLE
Profession en 1940 : Instituteur révoqué le 6 mars 1943
Domicile en 1940 : Saint-Vital
Organisation de Résistance : 3e bataillon de Armée secrète (AS) de Savoie du 1er janvier 1943 au 20 septembre 1944.
Le 1er janvier 1943, Martin Sibille est nommé instituteur à Montrond, dans le canton de Saint-Jean d'Arves. Le 6 mars, il est révoqué de son poste pour menées antinationales. Deux jours plus tard, le 8, il entre au maquis de l'abbaye dans la vallée de Saint-Ruph, à dix kilomètres de Faverges (Haute-Savoie). Là, avec une quarantaine de maquisards, sous le commandement d'Emile Carqueix, "Milo", il suit des cours d'instruction d'armes à feu. Mais, vers la fin du mois, délogé par les Gardes Mobiles de Réserve (GMR), les maquisards s'installent aux Hauts de Seythenex, près de l'abbaye de Tamié.
Au début du mois d'avril, Martin Sibille prend contact à Annecy afin d'être acheminé sur le plateau des Glières. Il repasse chez lui, à Saint-Vital, pour récupérer des vêtements et des chaussures. C'est alors qu'il est arrêté par une patrouille italienne au col de Tamié. Il est emmené à la caserne d'Albertville où il est emprisonné. Il parvient à s'évader au bout du troisième jour et rejoint Seythenex (Haute-Savoie). Le 25, il revient dans son village natal. Dès son arrivée, il commence le recrutement pour le compte de l'Armée secrète (AS). Il reçoit des directives de l'AS de Haute-Savoie. Les premiers recrutés sont aussi ses camarades : Jean Maillet-Vioud, Henri Feige et Marcel Dunand. Au cours du mois d'août, il entre en contact avec André Désir, gendarme à Grésy-sur-Isère. Le 1er septembre, ce dernier est nommé commandant de la compagnie de Grésy-sur-Isère, avec pour premier adjoint, chargé de l'administration et du ravitaillement, Martin Sibille. Ce dernier s'occupe également de la comptabilité et devient chef du corps-franc. Désormais, l'unité est raccrochée au troisième secteur de l'AS de Savoie dirigé par Joseph Gaudin et le capitaine Jean Bulle. Martin Sibille, aidé par Gustave Combaz, recrute et prend contact avec Richard Bal de Clermont. Tous s'unissent sous le commandement militaire d'André Désir.
Dans les nuits du 2 au 3 puis du 3 au 4 février 1944, Martin Sibille participe au sabotage de six pylônes de la ligne Haute tension de la STEDA à Tournon, près de Frontenex. Dans la nuit du 29 au 30, il prend part à la réception du parachutage du Col du Haut du Four, à dix kilomètres à l'ouest d'Albertville, sur le terrain "Morue". Un avion largue douze containers et ballots. Il organise le transport et la répartition du matériel parachuté entre les compagnies AS de Saint-Pierre d'Albigny, de Mercury-Gemilly et de Grésy-sur-Isère. Au cours du mois de mai, les actions de sabotages des pylônes de ligne haute-tension se multiplient dans le secteur de Frontenex, Grésy-sur-Isère et Fréterive. Il organise la constitution de stocks de vivres pour les futurs combats. Il participe à des transports d'explosifs provenant du pont de Flon dans les gorges de l'Arly à destination de Grésy.
Le 6 juin, Martin Sibille prend part au regroupement de la compagnie au col du Haut du Four. Le 15, avec son corps-franc, il coupe la ligne téléphonique Chambéry-Albertville à hauteur de Bornery. Au cours de ce même mois, après avoir assuré la protection de Charles Planche, commandant des Forces françaises de l'intérieur (FFI) de Savoie à la Tour Pacoret à Montailleur, les sabotages reprennent sur les voies de communication. Le 13, à la tête du corps-franc, Martin Sibille sabote un pylône de ligne haute-tension à la Belle-Etoile sur les hauteurs d'Albertville. Le 19, en compagnie du lieutenant André Désir, "Bonnefoy", de Jean Maillet-Vioud et de trois autres volontaires, il intercepte un camion transportant 600 douzaine d'oeufs destinés à l'approvisionnement des hôpitaux d'Aix-les-Bains. L'opération est menée avec l'aide d'Edouard Garzon, chef de trentaine à Albertville.
Le 1er août, Martin Sibille participe à la mise en place des premiers barrages de protection pour le parachutage du col des Saisies. Le 6 et le 7, l'unité est inspectée par le capitaine Jean Bulle et le major Peter Ortiz, "Chambellan", de la mission interalliée Union 2, au col de la Forclaz.
Martin Sibille participe, avec la compagnie de Grésy-sur-Isère, à la poursuite des Allemands en Tarentaise puis est démobilisé le 15 septembre ainsi que tous les éléments de l'unité. Six jours plus tard, le 21, il s'enrôle comme engagé volontaire au sein du 4ème régiment de tirailleurs marocains (RTM) et participe à la campagne d'Alsace. Le 15 octobre, il est envoyé en stage de chef de section au col de Voza, près de Chamonix (Haute-Savoie). En février 1945, il est affecté au 13ème bataillon de chasseurs alpins (BCA) en qualité de spécialiste des mortiers. Il prend part à la campagne de 1945 et notamment au combat du Roc Noir, en mars. Le 28 avril, Martin Sibille, à la tête d'une section pénètre dans la vallée d'Aoste (Italie) par le col de Rhemes-Calabre et le val de Rhemes. Il s'arrête le 6 mai à Pont-Saint-Martin (Italie)
Il est démobilisé le 20 août afin de reprendre ses fonctions d'instituteur pour la rentrée de septembre. En 1960, il devient directeur de l'école du Champ-de-Mars à Albertville et prend sa retraite en juin 1977.
Martin Sibille est nommé Chevalier de la Légion d'honneur. Il est titulaire de la Croix de guerre 1939-1945, de la Croix du Combattant volontaire de la Résistance (CVR). Il est également officier des Palmes académiques.
Auteur : Eric Le Normand
- Légion d’honneur
- Croix de guerre 1939-1945
- Croix du combattant volontaire de la Résistance
- Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 547486