Données extraites du CD(DVD)-ROM : La Résistance dans l'Yonne (2004)

Jacques, marquis de Tanlay THEVENIN



Alias "Tyl"

Etat-civil

Né(e) le/en 10 novembre 1884 à Senlis


Profession en 1940 : Non renseigné
Domicile en 1940 : Non renseigné

Résistance

Lieux d'action : Yonne
Organisation de Résistance : réseau F2

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Jacques Thévenin est né le 10 novembre 1884 à Senlis, où son père est colonel de cavalerie et où il reçoit une éducation traditionnelle. Il est pilote d'aviation pendant la guerre 1914-1918 et participe aux premiers bombardements de 1917, notamment sur Stuttgart. En 1928, à la mort de son oncle Jean Thévenin, il hérite de son titre nobiliaire et devient le marquis de Tanlay. Il le remplace aussi dans ses deux mandats électifs de maire et de conseiller général, sous l'étiquette de républicain de gauche. Il en reçoit encore la lieutenance de louveterie et se consacre à la chasse. En 1939, ce notable a été réélu deux fois maire et reprend l'uniforme à 64 ans pour diriger, pendant la guerre, un service de carburant dans l'armée de l'Air.           

Au début de l'année 1943, Jacques Thévenin est contacté par un autre passionné de chasse, Bernard Chaudé, un agent parisien du réseau F2 dirigeant le secteur " Bat " du sous-réseau Cécile. Le marquis se laisse convaincre d'implanter une cellule de parachutage à Tanlay, la cellule Cécile-Tanlay. En juillet 1943, il devient l'agent "Tyl " et dirige une petite équipe composée de quelques proches. Malgré plusieurs tentatives durant l'été, ce n'est qu'à la fin de l'année qu'il réussit deux parachutages sur le terrain de la Volotte, proche de Tanlay. Mais au début de l'année 1944, " Pascal ", le nouveau chef de F2, transmet la direction de la cellule au nouvel agent tonnerrois Henri Camus. "Tyl " est désormais chargé de l'équipe d'acheminement du matériel parachuté. Le matériel radio et les armes sont cachés dans la ferme du château, dans la chapelle Saint-Emilion et parfois dans les douves. Des agents en prennent livraison et "Tyl " en transporte parfois lui-même à Paris où il se rend pour établir des liaisons.

A la Libération, le Comité local de libération de Tanlay et le Comité cantonal de libération de Cruzy-le-Châtel transmettent un dossier au préfet. Celui-ci démet Jacques Thévenin de ses charges de maire et de lieutenant de louveterie sur demande du Comité départemental de libération. On lui reproche d'avoir fréquenté les Allemands et d'avoir été un maire abusif. Les témoignages confirment une attitude équivoque avec les Allemands. Il chassait ou jouait au poker avec eux au-delà des besoins de couverture d'un résistant. Il est surtout accusé d'avoir livré à l'Inspection du travail la liste d'une quinzaine d'étrangers de sa commune susceptibles de partir au STO. La presse communiste a publié le compte-rendu de sa lettre à la Libération. A cette époque, l'opinion publique lui est hostile et le marquis juge bon de rester à l'étranger. Le juge d'instruction classe le dossier sans suite. Bernard Chaudé, devenu chef du réseau F2, use de son influence jusqu'à la tête du gouvernement pour le réintégrer, mais en vain.           

Entre-temps le marquis est nommé capitaine et reconnu agent P2 des Forces françaises combattantes. Il suit l'armée en Allemagne à la mission Hebe, puis rejoint la direction des renseignements du général Béthouard en Autriche, où il est démobilisé en 1947. Il y demeure comme officier de louveterie du quartier général français jusqu'à son retour au château de Tanlay en 1950. En 1952, le marquis postule au titre de lieutenant de louveterie et l'obtient grâce à l'influence de quelques personnalités locales. En 1953, il se présente sans succès aux élections municipales. Il est décédé en 1957.

(Consulter Le Travailleur de l'Yonne du 12 juin 1945.)

Auteur : Frédéric Gand



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