Données extraites du CD(DVD)-ROM : La Résistance en Charente-Maritime (2010)

Marcel COUTINOT



Photo Patrick Coutinot
Etat-civil

Né(e) le/en 20 octobre 1906 à Arvert


Profession en 1940 : Boucher
Domicile en 1940 : Tonnay-Boutonne

Résistance

Lieux d'action : Charente-Maritime
Organisation de Résistance : OCM, Gallia Regina

Arrestation et détention

Date d'arrestation : 7 février 1944
Commentaires

Engagé volontaire en 1926, il s'installe ensuite à Tonnay Boutonne où il devient boucher. En 1939, il est mobilisé et regagne Tonnay-Boutonne après la débâcle.

Marcel Coutinot s'est investi dans la Résistance dans le canton de Tonnay-Boutonne comme recruteur et chef de groupes. Il a en même temps été agent de liaison régional avec l'état-major OCM de Bordeaux et agent de liaison avec la direction nationale. Cependant, la connaissance que nous avons de ses actes reste partielle car après la Libération, il a pour des raisons personnelles, refusé de témoigner et il n'a laissé aucun écrit. Le présent travail a en grande partie été possible, grâce à différents témoignages concordants de ses compagnons de combat. Ils permettent d'affirmer que Marcel Coutinot présent dans la résistance du département, y a joué un rôle non négligeable.

En 1940, Marcel Coutinot exerce le métier de boucher à Tonnay-Boutonne, une bourgade entre Rochefort et Saint-Jean-d'Angély. C'est un homme de contact bien connu dans le canton. Les allées et venues des clients au magasin masquent le passage de ses contacts de même que les voyages de sa bétaillère peuvent s'expliquer par les besoins professionnels. Il s'est semble-t-il engagé tôt dans la Résistance soutenu par sa femme et sa mère qui, à plusieurs reprises, a hébergé des résistants recherchés. Secondé par Théodore Can, un gendarme à la retraite, il commence à recruter dans le canton. En mai 1943, le petit groupe d'Annezay encouragé par Can, reconnaît son autorité. Allant au-delà de son secteur géographique, il établit des contacts réguliers avec Albert Bignon, chef du mouvement France Alerte à Rochefort en relation avec Honneur et Patrie à La Rochelle, avec Henri Soulard responsable du réseau Centurie à Surgères, Louis Bastard responsable du canton de Saint-Hilaire-de-Villefranche, Georges Texier à Saint-Jean-d'Angély, avec Georges Bernard à Jonzac...

En janvier 1943, lors d'une rencontre à Saintes avec l'ingénieur agronome Souques de Bordeaux, membre de l'OCM, Marcel Coutinot accepte de devenir agent de liaison départemental avec Bordeaux. Dans le cadre de l'organisation départementale de la Résistance au cours du printemps 1943, il est nommé responsable du canton de Tonnay-Boutonne tout en assurant sa mission d'agent de liaison avec Bordeaux et avec Paris. Cela le met en relation avec Yves Toussaint, agent de liaison de Grandclément responsable de la région B et de l'OCM à Bordeaux.

En septembre 1943, au moment des arrestations qui anéantissent l'organisation départementale de la Résistance, le secteur nord-est, est préservé mais Garnier est en fuite et Bastard devient clandestin. Quant à lui, il échappe de justesse à l'arrestation alors qu'il allait charger à Saint-Just, la part d'armement parachuté qui lui était destinée, au moment même où l'équipe de Chotard est arrêtée.

A partir de l'automne 1943, son rôle s'accroît car il est l'homme de confiance et Louis Bastard dit de lui, c'est " l'agent de liaison le plus sûr, le plus qualifié, le plus prudent ". Le secteur nord-ouest totalement isolé, a besoin de rétablir des relations avec la direction. Aussi, fin septembre, à la demande de Georges Texier et de Louis Bastard, Marcel Coutinot se rend à Paris pour renouer les liens avec la direction nationale de l'OCM mais il en rapporte de fâcheuses nouvelles : l'arrestation et la trahison de Grandclément.  Par contre il annonce l'arrivée d'un nouveau chef régional, le colonel Camplan transféré de l'état-major national à Bordeaux. Navarre se substitue à l'OCM et la réorganisation de la Résistance départementale est mise en chantier. Le 1er novembre le commandant Thibaudeau qui avait immédiatement assuré la relève du général Bruncher en fuite, est nommé officiellement chef départemental par le colonel Camplan. Quant à Coutinot, il est nommé correspondant départemental du service de renseignement du réseau Navarre, dirigé de Bordeaux par Pierre Grolleau. Dans cette période de repliement, les secteurs sauvegardés sont pleins de méfiance vis-à-vis de résistants qui leur sont mal ou pas connus. Marcel Coutinot joue un rôle essentiel dans la reconnaissance de l'autorité du commandant Thibaudeau, du rôle de son adjointe Madeleine Fouché, et de l'identité des agents envoyés de Bordeaux. En tant qu'agent de liaison départemental et national, il n'économise ni son temps ni ses déplacements, c'est ainsi qu'il a réussi après cinq jours d'attente, à rencontrer le colonel Camplan qui lui a confirmé les fonctions de Thibaudeau et de Madeleine Fouché, de l'agent bordelais "Denis" (Lépine) et permis une reprise normale des relations dans et à l'extérieur du département. Cependant très vite conscient des tensions qui règnent dans l'état-major régional à Bordeaux, il confie à Louis Bastard ses doutes sur le bon fonctionnement de la nouvelle organisation. Il lui signale avoir rencontré Grandclément sous surveillance de la Gestapo, dans une chambre d'hôtel. Il a refusé sa proposition de former des groupes pour lutter contre la résistance communiste. De même un peu plus tard, selon Bastard, il repousse la proposition de Jean Garnier qui, séparé d'OCM, veut créer un groupe dissident dépendant du réseau Mithridate.

Début janvier 1944, il est nommé chef du 2ème bureau pour la Charente-Maritime et responsable des éventuels parachutages, nouvelle mission dont il charge Louis Bastard. Le 10 du même mois, une réunion est organisée chez lui avec "Denis" Lépine, adjoint de Pierre Grolleau, chef du 2ème bureau de l'état-major régional. Venu reconnaître des terrains de parachutage, il fait avec Bastard la tournée des lieux repérés autour de Tonnay-Boutonne, à Annezay, Chantemerle et La Bourelle. Coutinot est chargé de trouver dans la région un éventuel lieu de repli pour l'état-major bordelais. Le choix définitif se porte sur les bois de Saint-Saturnin-de-Séchaux au sud de la Charente où déjà il a constitué un petit maquis pour les réfractaires au STO. Malheureusement la Gestapo poursuit ses recherches et le secteur va subir de lourdes pertes : le 20 janvier, l'imprimeur Brisson est arrêté et Georges Texier assassiné à Saint-Jean-d'Angély. Marcel Coutinot assure sa relève mais dans le Bordelais également les choses se gâtent et à la fin janvier il héberge cinq rescapés d'une série d'arrestations dans la région d'Arcachon. Le 7 février, il revient très inquiet de Bordeaux.



Décorations et récompenses

  • Légion d’honneur
  • Médaille de la Résistance française
  • Croix de guerre 1939-1945
  • Croix du combattant volontaire de la Résistance
Sources complémentaires

  • Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16 P 148951
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Retrouvez la biographie détaillée de Marcel COUTINOT dans le CD(DVD)-ROM :