Alexandre Beresnikoff dit Corvisart

Légende :

Alexandre Beresnikoff dit Corvisart

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © SHD GR 16P 49 289 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : Janvier 1941

Lieu : Angleterre - Londres

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Contexte historique

Fils de Alexis Beresnikoff et de Sophie Rogovitch, Alexandre Beresnikoff naît le 18 juin 1908 à Novorossisk en Russie. Docteur en droit, il est naturalisé Français en 1932 et habite alors à Paris ou il enchaine plusieurs métiers (assistant d’un avocat américain, secrétaire de divers affaires, chef de service de la Bourse dans une banque d’affaire parisienne) avant de rejoindre l’armée via l’école des officiers. Promu sous-lieutenant le 20 septembre 1933 puis lieutenant le 28 juillet 1937, il sert comme lieutenant observateur au 6ème Groupe du 220ème Régiment d’Artillerie Lourde Nord-Africaine de Poitiers, du 25 aout 1939 à fin février 1940. A partir de début mars, et jusqu’au 23 mai 1940, il est envoyé en Scandinavie en tant qu’officier instructeur au sein de la Mission d’Artillerie Française en Finlande. Connaissant la région, il est ensuite muté à l’Etat-Major de la 1ère Division Légère de Chasseurs, officiant au sein du Corps Expéditionnaire Français en Scandinavie, dont la principale opération fut le la prise et l’occupation de la ville de Narvik lors de la campagne de Norvège, du 9 avril au 8 juin 1940, date à laquelle les Français et leurs alliés durent abandonner la ville aux Allemands.

Suite à l’échec de l’opération en Norvège, Alexandre Beresnikoff rejoint Londres en juillet 1940 afin de continuer le combat. A partir de cet instant, Alexandre Beresnikoff officie au sein des FFL sous le pseudonyme de « Corvisart », nom qu’il gardera jusqu’à sa démobilisation. Parlant parfaitement le français, l’allemand, le russe, l’anglais et un peu d’espagnol, Corvisart devient un atout majeur pour le BCRA au sein duquel il opère (2ème bureau SR de l’EMG à Londres). Néanmoins, il souhaite rapidement partir en mission en France occupée afin de mettre à profit ses qualités de militaire, lui qui s’ennuie de travailler pour l’administration de la France Libre. Il est ainsi détaché de l’administration début aout 1940 pour préparer sa première mission d’infiltration en zone occupée.

Pour cette mission clandestine, une des premières dirigées par le BCRA, Corvisart embarque avec le Capitaine Duclos, alias Saint-Jacques, sur une corvette rapide britannique à Portsmouth, le 3 août 1940. A 4h du matin, la corvette dépose les deux agents à 3km des cotes françaises afin qu’ils débarquent furtivement en canot sur la plage de Saint Aubin, au Nord-Est de Bayeux, ce qui est chose faite vers 5h30. Toutefois, le départ rapide de la corvette vers les côtes anglaises alerte les postes d’écoute et d’observation allemands qui lancent une large mission de recherche le long de la côte afin de débusquer les commandos. Malgré les recherches de la Wehrmacht, Corvisart et Saint-Jacques parviennent à rallier une maison connue, après avoir cachés leurs pigeons voyageurs dans la falaise et coulé leur canot. Toutefois, les Allemands ont vite fait de découvrir les restes du canot, échoué sur la plage, et les pigeons voyageurs autour desquels ils préparent une souricière, repérée au dernier moment par Saint-Jacques le jour même alors qu’il s’apprêtait à aller les récupérer. Pendant 8 jours, les troupes Allemandes ratissent la campagne environnante à la recherche des clandestins, tandis que Saint-Jacques, connaissant parfaitement le terrain, commence à recenser les troupes, véhicules, dépôts et garnisons de la zone tout en évitant les patrouilles.

A partir du 7 août, les deux clandestins se rendent toutes les nuits, à 1h du matin, sur la côte, afin d’essayer de communiquer avec une vedette stationnée au large via des signaux, qu’ils répètent sans succès de 1h30 à 5h du matin, la brume empêchant la vedette de les voir. Ainsi, le 8 août, Corvisart se sépare de Saint-Jacques (qui a pour mission de monter un réseau de résistance et de renseignement en Normandie) afin de mener à bien sa mission de repérage des fortifications côtières et des mouvements de troupes en Normandie, tout en consignant avec précision toutes les circonstances, problèmes, difficultés et réussites de l’opération afin d’en faire profiter les services de renseignement en vue de nouvelles missions clandestines. Faisant toujours face aux problèmes de communication avec les embarcations britanniques – problème qui ne sera résolu que des mois plus tard – Corvisart ne peut réembarquer pour l’Angleterre et décide donc de passer la ligne de démarcation le 9 novembre 1940 pour se rendre au Portugal d’où il espère pouvoir rejoindre la Grande-Bretagne.

Passé par l’Andorre et l’Espagne, il est finalement arrêté et emprisonné à Lisbonne du 22 novembre au 20 décembre 1940. Libéré sur demande du Consul Britannique au Portugal, il parvient finalement à rejoindre Londres le 16 janvier 1941. Travaillant ensuite pour le BCRA, Corvisart est promu capitaine à titre temporaire le 1er octobre 1941 pour sa mission victorieuse en France occupée et pour ses missions de communication avec la mission militaire Grecque, à partir du 20 aout 1941. Toutefois, désireux de reprendre part aux combats, il insiste auprès du colonel Passy afin de rejoindre son unité d’artillerie basée au Levant. Il est ainsi, à compter du 13 juin 1942 (date de son débarquement à Beyrouth) et jusqu’en septembre 1945, successivement affecté à la 6ème Batterie Autonome de Damas puis à la 1ère Batterie du 1er Groupe d’Artillerie du Levant à Damas, puis à Tripoli. Corvisart est finalement nommé juge suppléant puis titulaire au Tribunal Militaire de Damas avant d’être démobilisé le 12 octobre 1945 et de retrouver sa véritable identité de Alexandre Beresnikoff le 7 novembre de la même année. C’est aussi durant cette période qu’il obtient le grade de capitaine à titre définitif.

En récompense de ses services pour la France et la Norvège durant la guerre, Alexandre Beresnikoff ou Corvisart est titulaire de plusieurs décorations. Beresnikoff est déjà cité et décoré de la Croix de Guerre par le Général Berthouart, Commandant de la 1ère Division Légère de Chasseurs du Corps Expéditionnaire en Scandinavie, pour "accomplissement d’une mission périlleuse au cours des opérations de Narvik, fin mai 1940". Il est aussi cité à l’Ordre de l’Armée le 23 décembre 1941 par le général de Gaulle pour l’accomplissement d’une mission spéciale en France occupée : "Officier aux qualités exceptionnelles. Volontaire pour missions. Malgré les difficultés et les dangers rencontrés dans l’accomplissement de sa mission, est parvenu à rejoindre son unité en témoignant de qualités de courage, de ténacité et d’endurance remarquables". Il est aussi titulaire de la médaille commémorative des Services Volontaires dans la France Libre, de la Médaille Commémorative du Levant et de la Croix de Guerre Norvégienne avec Sabre, délivrée uniquement pour les « actes individuels de bravoure », reçu par Alexandre Beresnikoff à Londres en 1941, pour ses actions durant la prise de Narvik, de la part de Sa Majesté le Roi Haakon de Norvège. Il est enfin membre de l’Association des Français Libres depuis le 16 juillet 1946, sous le nom de Beresnikoff, et membre de l’Union des Evadés de France, depuis 1944, sous le nom de Corvisart.

Alexandre Beresnikoff est décédé le 22 avril 1996.


Auteur : Hadrien Bachellerie

Sources :
Service historique de la Défense, 16 P 49 289
Livre blanc du BCRA [en ligne]
Site francaislibres.net