Wolf Wajsbrot

Légende :

Wolf Wajsbrot, dont le portrait figure en médaillon sur l'Affiche rouge diffusée par les Allemands en février 1944, accompagné de la mention "juif polonais, 1 attentat, 3 déraillements", rejoint le 2e détachement FTP-MOI après les rafles de juillet 1942 dont sont victimes ses parents. Muté au 4e détachement, arrêté le 17 novembre 1943, condamné à mort, il est fusillé le 21 février 1944 avec vingt et un résistants du groupe dit « groupe Manouchian ».

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives de la Préfecture de Police de Paris Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : Novembre 1943

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Wolf Wajsbrot est né le 3 mars 1925 dans une famille juive de Krasnik en Pologne. Emigré en France, la famille s’installe au 153 avenue de Paris à Ivry-sur-Seine dans l’actuel Val-de-Marne. Wolf Wajsbrot commence son apprentissage de mécanicien tout en fréquentant un patronage communiste à Ivry. Le 16 juillet 1942, ses parents sont arrêtés, internés à Drancy puis déportés. Lui-même réussit à échapper aux rafles mais avec un seul désir : venger ses parents et lutter contre l’occupant. Il s’engage alors dans le 2e détachement FTP-MOI, dit détachement juif, où il participe à des dizaines d’action et notamment à celle du 3 janvier 1943, avenue de Lowendal à Paris VIIe, où des Allemands sont tués et blessés.

Après la chute du 2e détachement en juin-juillet 1943, il est muté au 4e détachement dit « des dérailleurs » sous le pseudonyme de Marcel. Il rejoint le groupe de Thomas Elek. Il participe le 13 août 1943 à la tentative de déboulonnage de voies ferrées à Châtelet-en-Brie (Seine-et-Marne), puis le 21 août 1943 au sabotage la voie ferrée et au déraillement d’un train sur la ligne Reims-Rethel ; six jours plus tard c’est au tour d’un train de marchandises sur la ligne Paris-Troyes et le 4 septembre il prend part à un autre déraillement près de Loupeigne dans l’Aisne.

L’équipe est identifiée par les policiers des Renseignements généraux qui mettent en place une filature qui dure plusieurs semaines pour loger chacun des membres. Le 26 octobre 1943, des inspecteurs de la BS2 arrêtèrent le chef Joseph Dawidowicz en gare de Conflans-Sainte-Honorine. Les perquisitions permettent de mettre la main sur des listes d’effectifs, des comptes rendus d’activité de la MOI, des ordres du jour des FTP et un état numérique dactylographié des divers détachements. Le 17 novembre 1943, soixante-sept membres des FTP-MOI et de la MOI sont interpellés par des inspecteurs de la BS2, dont Wolf Wajsbrot, arrêté chez Sarah Danciger, militante de la MOI, 35 rue des Archives à Paris (IVe arr.), avec deux fausses cartes d’identité, aux noms de Marcel Plantrou et de Marcel Lambert, deux pistolets automatiques et des tracts de l’organisation. Interrogé, il avoue avoir participé à cinq sabotages de voies ferrées avant d’être livré aux Allemands.

Wolf Wajsbrot est l’un des vingt-quatre accusés qui comparaissent le 18 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas à Paris dans le VIIIe arrondissement. Il est condamné à mort pour « actes de franc-tireur » et fusillé le 21 février 1944 avec vingt et un résistants du groupe dit "groupe Manouchian". Son nom figure sur la tristement célèbre Affiche rouge éditée par les Allemands : "Wajsbrot, juif polonais, 1 attentat, 3 déraillements".

La médaille de la Résistance française lui est décernée à titre posthume par décret du 31 mars 1947. Le ministère des Anciens Combattants attribue à Wolf Wajsbrot la mention « Mort pour la France » le 26 février 1958.


Auteur : Guillaume Pollack

Sources et bibliographie :
Archives de la Préfecture de Police, Paris :
-BA 2299 - Exécutions par les autorités allemandes, dossiers individuels des fusillés.
-GB 137 - Affaire Davidowicz
- GB 93 – Rapport du 3 décembre 1943 dressant le bilan des arrestations opérées au sein de la MOI

Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne, fonds David Diamant, carton n°6, notes biographiques sur Wolf Wajsbrot
Pages de gloire des vingt-trois, Comité français pour la défense des immigrés, Paris, 1951. 
David Diamant, Héros juifs de la Résistance française, Paris, éditions Renouveau, 1962.
David Diamant, Combattants héros et martyrs de la Résistance, Paris, éditions Renouveau, 1984.
Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l'étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Paris, Fayard, 1989.
Fabrice Bourrée, « Wolf Wajsbrot » in DVD-ROM La Résistance polonaise en France, Fondation de la Résistance (AERI), mars 2013.