Robert Darnault

Légende :

Robert Darnault, responsable de l'école des cadres FFI, septembre 1944

Genre : Image

Source : © Archives privées Serge Ravanel, don à l'AERI Libre de droits

Détails techniques :

Photographie noir et blanc

Date document : Septembre 1944

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Haute-Garonne - Toulouse

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Contexte historique



Robert Darnault est né le 9 mars 1910 à Rochefort-sur-mer et décédé le 10 juillet 1998. D'une famille de militaires, il fait ses études au Lycée Michelet de Montauban où son père commande le 16e Tirailleurs sénégalais. Il entre ensuite au Prytanée militaire pour préparer Saint-Cyr qu'il intègre en 1929. Méhariste au nord de Tombouctou, puis commandant du poste de Bourem sur le Niger de 1932 à 1935, il sert en Indochine de septembre 1936 à la fin 1939. Le 16 mai 1940, il quitte Saïgon pour Beyrouth. Rapatrié de Syrie en mars 1941, il est affecté dans un régiment d'infanterie coloniale à Fréjus. Il quitte ensuite l'armée d'armistice pour le Service géographique de l'armée dont il démissionne au printemps 1943.

En juin 1943, il part pour Lyon à la demande d'un camarade militaire déjà engagé dans la Résistance afin de mettre sur pied une école de cadres du maquis qu'il a créée dans les Alpes. Fin septembre 1943, Robert Darnault revient dans le Sud-Ouest, sa belle-famille étant du Lot. Il prend contact avec les responsables régionaux des maquis et devient en février 1944 inspecteur régional des maquis nord de R4 (Lot, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne). En Lot-et-Garonne, il travaille avec Jean-Marie Crocis et Henri Cahn, responsables des maquis. A l'arrivée de Serge Ravanel comme responsable régional à Toulouse, il obtient le commandement de la zone ouest CFL de la R4 (Gers, Lot-et-Garonne, Gironde et Landes libres). Quelque temps avant le débarquement allié, il rejoint le Lot-et-Garonne où il rencontre Raymond Desaphy, le responsable départemental CFL, et constate l'état d'impréparation dans lequel se trouve la résistance lot-et-garonnaise. Par l'intermédiaire d'Henri Cahn, son adjoint, il se met en rapport avec Gabriel Lapeyrusse, le responsable du bataillon de marche néracais, et le rejoint à son PC du « Majoureau ». Il rencontre également « Hilaire » et « Edgar » (Philippe de Gunzbourg), les représentants du SOE, qui par leurs parachutages peuvent assurer des armes aux maquisards lot-et-garonnais.
Au matin du 19 août 1944, il entre dans Agen et coordonne l'action des FFI dans la ville libérée des troupes allemandes. Il publie notamment dans le journal Quarante-Quatre, un appel à la population agenaise à rester calme. Il quitte Agen peu de temps après pour Toulouse où il crée notamment l'école de cadres de Lespinet.

Il passe à la Première armée en 1945 et est grièvement blessé le 3 avril. En septembre, il reprend sa carrière coloniale. En avril 1955, il prend sa retraite après vingt-cinq ans de service « en désaccord avec la politique de reconquête en Indochine et pressentant ce que deviendrait « l'insurrection algérienne », sa répression inévitable et ses répercussions ultérieures ».

En septembre 1978, dans un article de la revue Résistance R4, il rappelle l'originalité de l'expérience de Lespinet et avoue avoir un sentiment de culpabilité et de rancoeur à cause de son échec final : " La réaction anti-FFI, disparue la crainte que ces derniers avaient inspirée peut-être en septembre 1944, s'était développée silencieusement et efficacement (...). On avait trompé les officiers, mes officiers FFI, et j'avais participé en fait à cette tromperie. En effet, les candidats aux premières promotions de Lespinet avaient été sélectionnés en fonction de leur passé de résistant. Les refusés à ce seul titre repartaient dans leurs unités ou ailleurs. N'ayant donc pas eu l'occasion d'être sélectionnés, ils conservèrent leurs galons, auxquels souvent ils n'avaient pas droit, soit à titre FFI soit au titre de la réserve. Par contre, les jeunes officiers FFI admis à Lespinet, dont les titres de Résistance avaient été sérieusement étudiés, qui avaient été jugés aptes, par leur aptitude, leur application, leur caractère, à suivre ensuite les trois mois d'école de perfectionnement de Tarbes, où ils travaillèrent dur (...), ne sortirent, pour la première promotion, que vers les mois de février ou mars. Mais, à cette époque, les états-majors d'active avaient repris les choses en mains et à ces officiers FFI ayant subi avec succès le tri de Lespinet, puis celui de Tarbes, on ne leur proposa plus, s'ils voulaient rester dans l'armée, que l'emploi de sous-officier. J'avais honte, je me sentais responsable (...). "




Robert Darnault was born on March 9 1910 in Rochefort-sur-mer and died on July 10 1998. Coming from a military family, he studied at Général Michelet high school in Montauban (in Tarn-et-Garonne) where his father commanded the 16th Senegalese tirailleurs (infantry unit). He then entered a military academy in order to prepare for Saint-Cry, which he entered in 1929. A member of the Camel Corps in the north of Tombouctou, then Bourem station commander on the Niger from 1932 to 1935, he served in Indochina from September 1936 until the end of 1939. On May 16 1940, he left Saigon for Beyrouth. Returning to Syria in March 1941, he served with a colonial infantry regiment in Fréjus. He left the armistice army for the army's Geographical Society which he resigned from in spring 1943.

In June 1943, he left for Lyon at the request of a military comrade, already involved with the Resistance, in order to establish an officer training school for resistance fighters in the Alps. At the end of September 1943, Robert Darnault returned to the south-west of France, since his in-laws were from Lot. He made contact with the leaders of the regional bands of resistants and became regional inspector of the resistance groups in the north of the R4 military region (Lot, Lot-et-Garonne, and Tarn-et-Garonne) in February 1944. In Lot-et-Garonne, he worked with Jean-Marie Crocis and Henri Cahn, the leaders of the resistance groups. With the arrival of Serge Ravanel as the regional leader in Toulouse, Darnault became the leader of the west zone in R4 (free Gers, Lot-et-Garonne, Gironde and Landes) for the Comité français de libération [CFL]. Some time before the Allied landing he returned to the Lot-et-Garonne group where he met Raymond Desaphy, the departmental head for the CFL and noted the general state of unpreparedness in which the resistance group found itself. With the intermediary Henri Gahn as his aide, he made contact with Gabriel Lapeyrusse (the head of the marching battalion in Nérac) and joined him in his « Majoureau » group. He also met « Hildaire » and « Edgar » (Philippe de Gunzbourg), representatives of the Special Operations Executive [SOE] who could guarantee arms to the resistants in Lot-et-Garonne thanks to the established parachute network.
On the morning of August 19 1944 he entered Agen and coordinated with the FFI in order to free the city from German troops. Notably, he published in the Quarante-Quatre newspaper a call for the citizens of Agen to remain calm. He left Agen shortly after for Toulouse where he famously created the officer school at Lespinet.

He joined the First Army in 1945 and was seriously injured on April 3. In September, he returned to his colonial career. In April 1955, he retired after twenty-five years of service « disagreeing with the reconquest policy in Indochina and sensing what would become « the Algerian uprising », its inevitable repression and its later consequences ».

In September 1978, in an article for the magazine Résistance R4, he recalled the originality of the Lespinet experience and confessed to feeling guilt and resentement because of its final failure: « The anti-FFI reaction, after the fear that these people inspired around September 1944 had been forgotten, developed silently and efficiently...we misled the officers, my FFI officers, and I took part in this deception. In reality, the candidates who received early promotions from Lespinet were selected because of their past as a resistant. Those who were not chosen returned to their units or went elsewhere. Even though they did not have the chance to continue studying for a higher ranking, they kept their stripes in the FFI or the reserve which they were often not entitled to. On the other hand, the young FFI officers admitted to Lespinet, who seriously studied for their ranks in the Resistance, who were seen as qualified based on their aptitude, diligence, and character and then continued with three months at the advanced school in Tarbes where they worked hard...did not receive their first promotion until February or March. But by this time, the leaders in the active army had taken control again; they said to the FFI officers who had successfully completed Lespinet and then Tarbes they could only stay in the army as non-commissioned officers, nothing more. I was ashamed, I felt responsible... »



Traduction : Carolyn Burkett


François Frimaudeau, "Robert Darnault", in CD-ROM La Résistance en Lot-et-Garonne, AERI, 2011.
Michel Goubet, "Robert Darnault" in CD-ROM La Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2008.