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Monument dédié aux enfants de Gonesse fusillés au Mont-Valérien

Légende :

Sur le monument est inscrit "Aux enfants de Gonesse morts pour la libétration de la France, fusillés par les allemands au Mont-Valérien". Y figurent également les noms de Jean Camus, Louis Furmanek, Pierre Lorgnet. 

Genre : Image

Type : Monument

Producteur : André Froidure

Source : © Collection André Froidure (verso : Wikimedia) Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Lieu : France - Ile-de-France - Val-d'Oise - Gonesse

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Contexte historique

Né le 26 mars 1926 à Gonesse (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), Jean Camus exerce la profession d'ouvrier agricole. Craignant d’être requis pour travailler en Allemagne, il rejoint les FTP en juin 1943. Avec ce groupe, il participa à plusieurs opérations :
- 24 juillet 1943 :  opération contre le cordonnier Coulon soupçonné d’être responsable de l’arrestation et de la mort de deux jeunes (40 Rue Esquirol, XIIIe arr.)
- Fin juillet 1943 : exécution de Franck Martineau, commissaire de police de Gonesse
- 15 août 1943 : vol de revolvers dans le local des gardes-voies de Gonesse

 À la suite d’un différend avec un autre combattant, Jean Camus est muté aux Groupes spéciaux avec lesquels il poursuivit les attentats et opérations diverses.
- 27 août 1943, vol d'une automobile quai de Tokyo, XVIe arr.
- 31 août 1943, vol à main armée d'une automobile au Pont de Levallois-Perret
- 23 octobre 1943, attaque de la mairie de Nogent-sur-Marne, vol de tickets de rationnement
5 novembre 1943, assassinat de Julien Leboeuf, ancien trésorier de cellule du Parti communiste, qui aurait dénoncé une quarantaine de militants.
11 décembre 1943, exécution de Roger Moro, un ébéniste ex-militant du parti communiste, considéré comme un traître (30 Rue Aristide Briand à Levallois-Perret)

Cinq inspecteurs de la BS2 appréhendèrent le 8 janvier 1944 Jean Camus à l’angle des rues de Vaugirard et de la Procession dans le XVe arr. L’arrestation fut mouvementée, Camus tira une fois mais fut maîtrisé. Fouillé il portait sur lui un pistolet automatique 7,65 m/m et son chargeur contenant sept cartouches, une fausse carte d’identité au nom de Jean Lemoine. Il faisait l’objet de plusieurs fiches de recherches des services policiers. Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, il reconnut sa participation aux différentes actions, assura avoir tué le commissaire Franck Martineau. Livré aux Allemands, incarcéré à Fresnes, il comparut le 11 avril 1944 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas, VIIIe arr. Condamné à mort pour « actes de franc-tireur », il fut passé par les armes le 25 avril 1944 à 15 heures 20 au Mont-Valérien. (1) 


Né le 9 août 1926 à Roguein (Pologne), manoeuvre domicilé à Gonesse,  Louis Furmanek entra aux FTP et prit le pseudonyme de "Gérard". Il vivait alors clandestinement près de la gare de Breuillet (Seine-et-Oise, Essonne). Lors de ses interrogatoires, il déclara être entré aux FTP le 10 août 1943 mais nia avoir participé aux actions qui lui étaient imputées : sabotage sur des voies ferrées le 10 août 1943, agression d'un garde voie à Goussainville le 8 septembre, attentat contre la brasserie Andrés ou encore attentat à Roissy-en-France le 31 août. Il fut l'un des cinq auteurs de l'attentat contre le Docteur Paul Guérin, militant PPF et rédacteur médical du journal Je suis partout, le 27 septembre 1943 devant la poste de la rue de Courtry. Guérin fut blessé mais l'auteur des coups de feu et ses camarades qui devaient assurer sa protection, Louis Furmanek et André Portier (en réalité Maurice Charpentier) furent aussi blessés. Charpentier très grièvement, Furmanek à la jambe. Arrêtés, ils furent interrogés par les Brigades spéciales au commissariat du quartier Saint Thomas d'Aquin « allongés sur une table du poste, baignant dans une mare de sang » selon le rapport des Brigades spéciales, avant d'être transférés à l'hôpital de la Pitié. Dans les jours qui suivirent furent arrêtés Roland Jaclard, interrégional aux cadres, André Joineau, responsable militaire de la région P2 et Georges Citerne, responsable militaire de la région P1. Interné à Fresnes, Louis Furmanek fut condamné à mort le 29 février 1944 pour « action de franc-tireur » et fusillé le 10 mars 1944 au Mont-Valérien. (2)


Né le 19 juillet 1921 à Crépy-en-Valois (Oise), Pierre Lorgnet est domicilé 4 bis rue de Villepinte à Gonesse. Il exerce la profession de chauffeur-livreur pour la maison Gatujo au 54 Avenue de la Motte-Picquet, XVe arr. Craignant d’être requis pour travailler en Allemagne, il rejoint les FTP en juin 1943 par l'entremise du lieutenant des sapeurs-pompiers de Gonesse Ketzinger. Il intègre alors le groupe FTP Victor Hugo sous les ordres d'André Joineau (chef de groupe) et de Jean Camus (chef d'équipe).  Permanent appointé des FTP, il participa à plusieurs actions : incendie de véhicules, de locaux de stockage de paille, attentat contre le commissaire Martineau, vol de revolvers dans le local des gardes-voies de Gonesse, vols de tickets de rationnement, ...

Le 31 août 1943 vers 7 heures, Jean Camus sous la menace d’une arme volait une automobile au Pont de Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine). Galo Bordèje et Roland Vachette s’engouffraient dans le véhicule. Aux environs de Gonesse, le chauffeur était libéré, à Chantilly trois autres FTP Émile Réaubourg, Pierre Lorgnet et Louis Chapiro montaient dans la voiture. À la mairie du lieu, l’attaque n’était pas réalisable, retour vers Paris… panne d’essence à cent mètres d’un poste allemand. Direction Roissy-en-France à pied, le groupe fut repéré par des soldats allemands. Des coups de feu étaient échangés, Galo Bordèje lança une grenade contre une automobile allemande qui s’enflamma… la diversion ne fut pas suffisante, Émile Reaubourg, Galo Bordèje et Pierre Lorgnet étaient arrêtés. Ce dernier eut le temps de se tirer une balle dans la tempe droite avant son arrestation. Hospitalisé à la Pïtié Salpêtrière, XIIIe arr., Pierre Lorgnet fut interrogé par le Sonderkommando IV de la police de sécurité et du renseignement de la SS (Sipo-SD) au 11 Rue des Saussaies, VIIIe arr., puis par un inspecteur de la Sûreté. Le commissaire René Hénoque de la BS2 poursuivit les interrogatoires, les policiers voulaient connaître à tout prix le nom du FTP qui tua le commissaire Paul Tissot le 28 juin 1943 à Vincennes. Il révéla son surnom « Blanche » et le nom de Jean Camus qui tua le 15 juillet 1943 le commissaire Franck Martineau. Les séances durent être interrompues à plusieurs reprises du fait de son état de faiblesse. Incarcéré à la prison de Fresnes, il comparut le 29 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas, VIIIe arr. Condamné à mort pour « actes de franc-tireur », Pierre Lorgnet était passé par les armes le 10 mars 1944 au Mont-Valérien en même temps que Maurice Charpentier, Galo Bordèje, Charles Delagarde, Albert Drouhot et Louis Furmanek. Inhumé dans le cimetière communal de Gonesse, son portrait figure sur le monument aux morts. Sur une stèle commémorative les noms de : Jean Camus, Louis Furmanek et Pierre Lorgnet sont inscrits : « Aux enfants de Gonesse morts pour la libération de la France, fusillés par les allemands aux Mont-Valérien ». (3)


(1) Daniel Grason pour le Maitron
SOURCES : Arch. PPo., BA 2117, BS2 carton 28 et 31, JA 235, JA 253, 777W 2215, 77W 3111, PCF carton 16 rapports hebdomadaires des Renseignements généraux sur l’activité communiste. – Arch. DAVCC Caen, boîte 5-Liste S 1744-274/44 (notes Th. Pouty). – Michel Martineau, Les inconnus de l’Affiche rouge, Libre label, 2014. – Site internet Mémoire des Hommes. – Site internet GenWeb. – État civil, Gonesse.

(2) Jean-Pierre Besse pour le Maitron
SOURCES : Arch. PPo, BS2/35- BAVCC, Caen.

(3) Daniel Grason, Gérard Larue pour le Maitron
SOURCES : Arch. PPo., BA 1748, BA 1928, BS2 carton 36. – Arch. DAVCC, Caen boîte 5 liste S 1744-140/44 (notes de Th. Pouty). — Site internet Mémoire des Hommes. – Site internet GenWeb. – État civil, Crépy-en-Valois.