Alain Le Ray, premier chef militaire du Vercors

Légende :

Le capitaine Alain Le Ray, dit Ferval, Rouvier, Bastide, l'un des premiers formateurs du Comité de combat du Vercors, et premier chef militaire du Vercors entre mai 1943 et janvier 1944, puis chef départemental des FFI pour l'Isère - sans date

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives familiales Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Isère

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Contexte historique

Alain Le Ray est né à Paris le 3 octobre 1910.

Il suit des études supérieures, en sciences politiques, et obtient une licence ès Lettres. Sa bonne pratique de l’allemand le conduit à séjourner outre-Rhin, où il peut observer l’ascension du nazisme.
En 1930, il intègre le Groupe de Bleau, qui rassemble les alpinistes parisiens à Fontainbebleau pour s'entraîner à la varappe sur les rochers, et qui réalise de nombreuses premières, notamment en Oisans.
Il épouse le 4 mai 1940 Luce Mauriac, fille de l'écrivain François Mauriac, dont il aura cinq enfants.

Carrière militaire :

Il est incorporé en 1933 au 6e Bataillon de Chasseurs Alpins (BCA) et admis au peloton des EOR. Officier de réserve au 11e BCA, il s’engage et devient officier d’active par l’école d’infanterie et des chars de combat de Saint-Maixent (1935-1936). En 1937, il prend le commandement d’une section d’éclaireurs-skieurs du 159e régiment d'infanterie alpine (159e RIA) à Briançon.

À la mobilisation de 1939, il prend la tête de la 7e compagnie du 159e RIA.

Le 9 juin 1940, à Breny-sur-Ourq, il tient tête à deux bataillons allemands une journée durant. Blessé et fait prisonnier, il s’évade une première fois d’un Oflag. Repris, il est alors enfermé dans la forteresse de Colditz, en Saxe, dont il est le premier officier évadé, le 11 avril 1941.

Il retourne à Grenoble et rejoint le 159e RIA, où il sert jusqu’à la fin de l’armée d’armistice. Il est promu capitaine le 25 mars 1943.

Résistance - Libération :
En 1943, il entre en Résistance sous les pseudonymes de Rouvier et Bastide. Il est le fondateur avec Pierre Dalloz et Yves Farge du premier comité de combat du Vercors, dont il établit les plans d’opérations. 
« Il a créé le comité clandestin de combat du Vercors et a été le premier chef militaire du massif, dont il ne voulait certes pas faire une citadelle mais une plateforme pour des parachutages d’où auraient rayonné des commandos. » (Jean Mabire*).

Chef militaire du Vercors de mai 1943 à janvier 1944, il rejoint ensuite à Paris le capitaine Dunoyer de Segonzac, fondateur de l’Ordre, mouvement clandestin de Résistance.

Le 14 mai 1944, un émissaire du CDLN de l’Isère vient lui apporter la requête des responsables départementaux pour qu’il accepte de prendre la relève du commandant de Reyniès, arrêté par la Gestapo, comme chef départemental des FFI. Il rejoint aussitôt le département, où il organise et dirige les combats de la Libération.
Le 22 août 1944, il entre dans Grenoble avec les FFI et les avant-gardes américaines.

Lieutenant-colonel FFI, de novembre 1944 à avril 1945, il commande la 7e demi-brigade de chasseurs alpins, à la tête de laquelle il dirige l’offensive de printemps sur le mont Cenis ; les succès au mont Froid et à la pointe de Bellecombe comptent parmi les plus hauts faits d’armes des troupes alpines.

Carrière après-guerre :
De 1953 à 1954, il sert en Indochine, où, après avoir commandé un secteur au Tonkin, il fait partie de la délégation franco-vietnamienne à la commission centrale mixte militaire, chargée d’appliquer les accords de cessez-le-feu négociés à Genève.

En 1955, il est chef d’état-major de la 25e division parachutiste, à Bayonne.
En 1956, il est commandant de la 2e demi-brigade de chasseurs et des secteurs opérationnels d’El Milia, de Biskra et des Aurès, en Algérie, et promu colonel.
À son retour d'Algérie, il est désigné comme attaché militaire et des forces armées en République fédérale d’Allemagne (RFA) à l'ambassade de France de Bonn.
Promu général en 1961, il prend la tête de la 27e division alpine en Grande Kabylie (1962). 
De 1965 à 1967, il commande la 7e division mécanisée, à Mulhouse.
En 1968, promu général de corps d’armée, il est inspecteur général de la défense opérationnelle du territoire.

Alain Le Ray décède à Paris le 4 juin 2007.

Distinctions :
Grand-croix de la Légion d’honneur ; Croix de guerre 1939-45 et des TOE (neuf citations, dont cinq à l’ordre de l’armée) ; Grand-croix de l’ordre national du Mérite ; Rosette de la Résistance ; Médaille des évadés ; Grand-croix du Mérite fédéral allemand.

La promotion de l’EMIA (Ecole militaire interarmes) 2007-2009 a pris le nom de « Général Le Ray ».

 

Pour en savoir plus :

La gouvernance du Vercors (G. Giraud)

La genèse de la Résistance, les phases de l'évolution de la gouvernance (G. Giraud)

Le projet militaire - Hommage du général Le Ray au général Delestraint, dit "Vidal", exposé fait au Sénat le 20 octobre 1993


Auteurs :  Jean-Pierre Martin et Guy Giraud

Sources : 

Jean MABIRE, La bataille des Alpes 1944-1945, Paris, Presses de la Cité, T1, 1986, page 15.

Douceret (Serge), Le général Alain Le Ray, un patriote du XXe siècle, L’Épaulette, 2007.

Jean-Pierre Martin, Alain Le Ray, le devoir de fidélité. Un officier alpin au service de la France (1939-1945), Presses universitaires de Grenoble, 2000.