Plaque bilingue en hommage à Varian Fry, Marseille

Légende :

Plaque bilingue français-anglais installée devant le consulat américain de Marseille, place-Varian-Fry, Marseille 6e

Genre : Image

Type : Plaque

Producteur : Pierre Ciantar

Source : © Collection Pierre Ciantar Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Date document : 11 décembre 2014

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

La plaque rappelle notamment le rôle du journaliste américain, envoyé en mission à Marseille en août 1940 pour enquêter sur le sort des réfugiés antifascistes et antinazis. En fait d'enquête, Varian Fry a apporté son aide à près de 2 000 personnes, considérées comme "indésirables" par le gouvernement de Vichy.


Département AERI.

Contexte historique

Varian Mackey Fry est né à New York le 15 octobre 1907, dans une famille aisée de la côte est ; il parle peu de son enfance passée dans le New Jersey ; on sait seulement qu’il a eu une jeunesse dorée, qu’il a fréquenté diverses écoles, où il s’est montré un élève brillant, mais peu discipliné, passionné pour les arts et pour la littérature (ce qui explique en partie sa motivation pour la mission de 1940). A dix-neuf ans, il commence des études supérieures à Harvard (l’Université de Cambridge dans le Massachussets). Il se spécialise alors dans les lettres classiques avant de se tourner vers les sciences politiques, au niveau du troisième cycle, qu’il effectue à New York, à l’Université de Columbia. A vingt-trois ans, le 2 juin 1931, il épouse une journaliste de deux ans son aînée, Eileen Avery Hugues ; le couple s’installe à New York 56, Irvin Place.

Il entre dans le journalisme au lendemain de son mariage, en prenant la direction de Scholastic Magazine, puis il se spécialise dans les affaires internationales en prenant la tête du mensuel The Living Age à partir de 1935. Son engagement politique antifasciste est très net. Au retour d’un reportage à Berlin, il publie un article incendiaire dans le New York Post illustré d’une photo de Goebbels (16 juillet 1935). La F.P.A. (Foreing Policy Association) lui confie alors la direction d’une collection de vulgarisation en sciences politiques : Headline Books. En somme, c’est une belle carrière qui s’annonce pour ce jeune homme d’une trentaine d’années. Il y renonce brutalement en 1940, au moment de l’effondrement de la France.

Varian Fry a été chargé de mission parce que l’E.R.C. (Emergency Rescue Committee, Association de Secours d’Urgence) cherchait un volontaire. C’est un protestant ; il a sur lui une carte de la YMCA (Young Men Christian Association). Il dit qu’il fut le seul à s’engager, parce qu’il fallait avoir un certain sens du dévouement ; il s’agissait au départ d’une mission de reconnaissance dans la zone non occupée pour définir la situation des réfugiés étrangers, surtout des Allemands anti-nazis menacés d’être livrés par Vichy, sur simple demande des autorités d’occupation ou de la Gestapo, selon la clause 19.2 de la Convention d’Armistice (Surrender on Demand ou «Livraison sur Demande », c’est le titre des mémoires de Fry). Varian Fry est parti vers l’Europe avec une liste de 200 noms, la première liste (« the first list »), comprenant les personnalités les plus en vue du monde intellectuel, mais aussi les plus en danger (les « first listers ») ; parmi eux des peintres comme Ernst, Chagall ou Picasso, des écrivains comme Franz Werfel, des musiciens comme Casals, enfin tous les réprouvés de la culture par les régimes fascistes. On sait qu’en septembre 1940, Fry récupère les listes de Frank Bohn, le délégué de l’A.F.L. envoyé en Europe, qui rentre aux Etats-Unis après une sommation du département d’Etat ; cette liste comptait surtout des hommes politiques, comme Breitscheid et Hilferding (députés du Reischtag, livrés par Vichy au titre de l’article 19).

La dernière période de la vie de Varian Fry a été marquée par l’obscurité. Convoqué le 15 juillet 1941 par l’intendant de Police de Marseille, Rodellec du Porzic, il est expulsé le 29 août de France pour avoir, lui dit-on, protégé « trop de juifs et d’anti-nazis ». Il séjourne quelques temps à Lisbonne où il reste en contact avec le C.A.S. par l’Unitarian Service Committee, dirigé par Charles Joy. En novembre 1941, il est à New York. Désavoué autant par le gouvernent américain que par ses propres mandataires de l’Emergency Rescue Committee, il a perdu son emploi au Foreign Policy Association. Après le décès de sa femme, il se remarie en 1950 avec Annette Riley, dont il a trois enfants. Après s’être essayé dans le cinéma publicitaire, il se consacre à l’enseignement des Lettres classiques dans un établissement secondaire. 
Il meurt à Easton (Connecticut) le 13 septembre 1967.

 


D'après «l’Association Varian Fry France» et son site, consulté le 8 décembre 2014.

Jean-Marie Guillon (sous la direction de), Varian Fry, du refuge ... à l'exil, Actes-Sud, Arles, 2000.