Chanson de Montluc

Légende :

Chanson intitulée « Chanson de Montluc », telle que transmise par la résistante déportée Rolande Clair à un camarade de déportation, Siegfried Szemendera, parti avec elle de Lyon-Perrache par le convoi du 11 août 1944

Genre : Image

Type : Chanson

Source : © Collection Mireille Schmitt Droits réservés

Détails techniques :

Documents manuscrits numérisés (voir l'album photo lié).

Date document : 1944-1945

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Rhône - Lyon

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Analyse média

À partir de ce que sa mémoire a enregistré et retenu, Rolande Clair a transmis ce texte à un camarade de déportation, Siegfried Szemendera, parti comme elle de Lyon-Perrache par le convoi du 11 août 1944.

Le contenu de cette chanson suggère que l'auteur est une femme (premier vers), qu'il a été interné à Montluc (Lyon), puis déporté en Allemagne, d'où il est revenu marqué à jamais. C'est l'itinéraire de Rolande Clair... En est-elle l'auteur ?

 

Ces six strophes de douze vers en poésie libre montrent une réelle maîtrise de la langue française : conjugaison, orthographe, vocabulaire.

Les sonorités et les rimes en « O » (première et deuxième strophes), en « Ion et On », en « Ur », en « Ain et Ance » et en « E » donnent de la musicalité à ce texte.

Les répétitions dans chaque strophe de quatre vers - comme tout le monde (première strophe), à la cave, à Montluc, en cellule, en Allemagne – favorisent la mémorisation. Ces redites vont crescendo de la cave de l'avenue-Berthelot, en cellule à Montluc, puis en Allemagne pour se terminer par la libération du camp.

Cette chanson est chronologiquement structurée : les deux premières strophes sont consacrées à l'arrestation et à l'interrogatoire dans la cave du siège de la Gestapo de Lyon, avenue-Berthelot ; les deux suivantes, à la prison de Montluc et à ses cellules ; enfin, les deux dernières, à la déportation en Allemagne.


Alain Martinot

Contexte historique

Créée en 1921, la prison de Montluc a servi de juillet 1940 à début 1943 de lieu d'internement des résistants et des communistes jugés par les tribunaux militaires du régime de Vichy. 

Du 17 février 1943 au 24 août 1944, elle est réquisitionnée par la Gestapo, aidée de miliciens. Sous la direction de Klaus Barbie, la Gestapo, implantée avenue-Berthelot, procède aux arrestations et aux interrogatoires musclés : cravache, bâton, bain. Les personnes sont ensuite dirigées sur Montluc, ses minuscules cellules sans lumière et, installées par terre, ses paillasses infestées de punaises, de poux (toto).
Cette prison, avec son mur des fusillés, est un lieu de destruction des corps et des esprits, l'antichambre de la déportation et de la mort.
De novembre 1942 à août 1944, 8 000 hommes, femmes, enfants ont été internés à Montluc, dont Jean Moulin et les enfants d'Izieu. Dans une lettre adressée à Marcelle et Emile Rieux le 19 mai 1945 (six jours après son retour ), Rolande Clair retrace cette année de mai 1944 à mai 1945 qui l'a marquée à vie.

Avant son procès en 1987, Klaus Barbie a passé quelques jours dans une cellule de Montluc.

En février 2009, Montluc est fermée pour vétusté. L'association des rescapés de Montluc s'est attachée, depuis sa création, en 1945, à perpétuer le souvenir de ces milliers de victimes. On lui doit la sauvegarde de l'aile historique de la prison, au titre de lieu de mémoire, inauguré par le secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, M. Hubert Falco, le 14 septembre 2010.


Auteur : Alain Martinot

Sources :

Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD) de Lyon.

site du Ministère de la Défense.