Remise de croix de la Libération à El Tag (Egypte) le 10 août 1942,

Légende :

El Tag (Egypte), 10 août 1942, le général de Gaulle procède à une remise de 15 croix de la Libération. 

Genre : Film

Type : Film

Source : © Institut national de l’audiovisuel Droits réservés

Détails techniques :

Film sonorisé en noir et blanc
Durée totale : 5 minutes 27 secondes
La remise de croix de la Libération dure environ 2 minutes.

Date document : 10 août 1942

Lieu : Egypte - - - - - El Tahag

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Analyse média

Ce reportage tourné et diffusé par les Services cinématographiques de la France Combattante vise à faire la promotion du voyage du général de Gaulle au Moyen-Orient, d'abord en Egypte puis au Liban.

En Egypte, les images s'attardent sur la cérémonie protocolaire organisée afin de remettre l'Ordre de la Libération aux soldats victorieux de Bir Hakeim et à leur chef, le général Koenig. Ce 10 août 1942, à El Tag, en plein coeur du désert égyptien, le général de Gaulle remet la croix de la Libération à :

- Dimitri Amilakvari : lieutenant-colonel, adjoint du général Koenig, commandant la 1ère Brigade française libre lors des combats de Bir-Hakeim.

- Pierre Anglade : Promu aspirant le 1er juillet 1941, Pierre Anglade est affecté à la mi-septembre au 1er Bataillon d'Infanterie de Marine (1er BIM). Il participe avec son unité à la campagne de Libye au sein de la Brigade du général Koenig et notamment à la dure défense du siège de Bir-Hakeim, du 27 mai au 11 juin 1942.

- Jean Charles Bellec : L'aspirant Jean Charles Bellec prend part à la campagne de Libye et aux combats de Bir-Hakeim. Là, dirigeant du 27 mai 1942 au 10 juin 1942 de nombreux coups de mains, il ramène de précieux renseignements en pénétrant chez l'ennemi. Il réussit à ramener intact un important convoi de ravitaillement en eau et en munitions à travers les lignes ennemies. Le 8 juin il est blessé par éclats d'obus à la jambe gauche. Au cours de la sortie de Bir-Hakeim, chargé d'orienter un convoi important, il saute sur trois mines, et, bien que blessé de nouveau, parvient à conduire la plus grande partie de ce convoi à destination.

- Auguste Bénébig : Promu adjudant en octobre 1941, il prend part aux opérations de Libye en janvier 1942, et se distingue ensuite à la Bataille de Bir-Hakeim ; lors de la sortie de vive force, dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, il charge sur son dos un camarade aveuglé par une balle et le transporte hors des lignes ennemies. Il revient ensuite en plein barrage de feu chercher un autre camarade blessé pour le mettre également hors d'atteinte.

- René Briot : René Briot participe comme sergent à la campagne de Libye avec la 1ère compagnie du BIM dès septembre 1940. Blessé en traversant un champ de mines en février 1941, il reste à la tête de ses hommes et refuse de se faire évacuer. Il reçoit la Croix de la Libération pour sa participation aux combats de Tobrouk. Repassé caporal à sa demande pour pouvoir être affecté, début juin 1941 au 1er Bataillon de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE), il prend part aux opérations de Syrie et est promu sergent de nouveau par le capitaine de Bollardière dès le mois de juillet.

- Gabriel Brunet de Sairigné : Au sein de la 13e DBLE, il participe, comme officier d'état-major, aux opérations de Dakar et du Gabon en 1940, puis aux campagnes d'Erythrée où il est de nouveau cité et de Syrie en 1941. A l'issue de la campagne de Syrie, il est promu capitaine et affecté au commandement de la Compagnie d'Accompagnement (CAB 2) du 2e Bataillon de la Légion étrangère (2e BLE). En 1942, il combat en Libye et en Cyrénaïque. Pendant les combats de Bir-Hakeim, du 27 mai au 11 juin 1942, il se distingue en dirigeant les canons antichars qui stoppent la division italienne Ariete.

- Pierre Finet : D'abord accepté comme simple soldat, il est bientôt nommé aumônier sous-lieutenant au 1er Bataillon d'infanterie de marine (1er BIM). Comme aumônier mais aussi comme officier de liaison, il participe à la première campagne de Libye avec la 1ère Compagnie du BIM en septembre 1940 sous les ordres du capitaine Folliot. Il prend part ensuite aux opérations de Syrie en juin 1941. Le 10 août 1942, le Père Finet est décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle à El Tahag en Egypte. Affecté comme aumônier au 1er Bataillon de Légion Etrangère (1er BLE), il participe dès lors à la campagne de Libye pendant laquelle il rejoint le 1er Régiment de marche de spahis marocains (1er RMSM).

- Louis Fournier de la Barre : En juin 1942, à Bir-Hakeim, il réussit l'exploit de pénétrer dans la position encerclée en forçant les défenses ennemies. Il se distingue également par son courage au cours de la sortie de la position dans la nuit du 10 au 11 juin, se portant au secours de plusieurs blessés dans des ambulances en flammes et les chargeant dans son véhicule.

- Imre Kocsis : Chef de pièce de 75 antichars pendant la campagne de Libye, il se distingue lors des combats de Bir-Hakeim. Après avoir formé son équipe de pièce en une semaine, il détruit deux chars lors de l'attaque du 27 mai 1942. Dans la nuit du 10 au 11 juin, au cours de la sortie de vive force, il fait changer, sous un feu violent d'armes automatiques, la roue de son camion qui avait sauté sur une mine. Il parvient à ramener sa pièce, son personnel au complet et sept blessés ramassés sur le terrain.

- Pierre Koenig : général de brigade, commandant de la 1ère Brigade française libre à Bir-Hakeim

- Louis Nicolas : Nommé sergent le 1er mai 1941, il prend part à la campagne de Syrie en juin juillet 1941 puis à celle de Libye. Le 28 mai 1942 au cours d'une patrouille au nord de Bir-Hakeim il fait front devant 12 chars et détruit deux d'entre eux ; chef de 75 antichars, le 8 juin, sa pièce ayant reçu de nombreux éclats de 155, deux de ses hommes ayant été blessés, il fait preuve de sang-froid et de courage au tir et sauve la vie de son pointeur.

- Jacques Pernet : Il combat en Syrie en juin 1941 puis s'illustre particulièrement en Libye lors du siège de Bir-Hakeim en mai-juin 1942. Chef de section, le 27 mai, lors de l'attaque massive de la Division italienne Ariete, il commande avec sang-froid le tir de pièces de 75 antichars après avoir laissé s'approcher au plus près les blindés ennemis. Il met hors de combat et capture un grand nombre d'équipages italiens dont deux officiers. Chargé d'assurer la protection de la porte Est de la position jusqu'au 10 juin - date de la sortie en force de Bir-Hakeim - il s'acquitte parfaitement de sa tâche faisant de nombreux prisonniers, détruisant plusieurs véhicules ennemis et brisant deux attaques.

- Josef Rysavy : Affecté au 2e Bataillon de Légion étrangère, il prend part aux opérations de Libye avec la brigade du général Koenig. Chef de poste chargé de la défense de la chicane est de la position de Bir-Hakeim, il réussit, grâce à son sang-froid, à faire de nombreux prisonniers. Il est grièvement blessé à la tête par éclat d'obus dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, lors de la sortie de vive force. Promu sergent-chef le mois suivant, il est cité une nouvelle fois au titre des combats de Bir-Hakeim et reçoit la Croix de la Libération le 10 août 1942 au camp d'El Tag (Egypte) des mains du général de Gaulle.

- Jean-Pierre Sartin : Le 1er juin 1941, il est affecté à la 13e Demi-brigade de Légion étrangère et participe, comme chef de section d'antichars, aux opérations de Syrie où il est blessé le 16 juin 1941, à Djailet Artouz près de Damas. Soigné, il reprend le combat et prend part aux opérations du désert de Libye comme chef de section de canons de 75 à partir de janvier 1942. A Bir-Hakeim, en mai-juin 1942, il harcèle constamment les éléments ennemis qui défilent devant le champ de mines, contribuant à la destruction de 3 chars, 4 camions et infligeant des pertes en personnel sérieuses. Installé ensuite avec 2 pièces, en un point de la position particulièrement exposé, il détruit deux canons de 77 et un mortier.

- Richard Verheust : Affecté au 2e Bataillon de légion étrangère (2e BLE), il participe à la campagne de Libye (1942) où il se distingue, le 27 mai, lors de la bataille de Bir-Hakeim en tirant, pour faire diversion, à la mitrailleuse sur un char éloigné de moins de dix mètres de lui, concourant ainsi à sa destruction. Le 11 juin, il est blessé par balle au cours de la sortie de Bir-Hakeim et parcourt 15 kilomètres à pied pour rallier le point fixé.

La deuxième partie du reportage est consacrée au voyage du général de Gaulle au Liban. Ce document de propagande n'évoque pas les tensions entre alliés français et britanniques. Il insiste exclusivement sur l'aspect protocolaire des visites en Egypte et au Levant. Le chef de la France Combattante est présenté ici à la manière d'un chef d'Etat passant les troupes en revue, accueilli par les officiels avec les honneurs militaires dès sa descente d'avion et acclamé par une foule enthousiaste dans les rue de Beyrouth. Le général de Gaulle se rend en visite auprès des officiels libanais: il est filmé à son arrivée au Petit Sérail, siège du gouvernement. La visite se poursuit dans d'autres villes importantes du Liban et du Syrie et se termine par une rencontre avec les notables de Baalbek qui apportent leur soutien à l'homme du 18 Juin.


Emeline Vanthuyne et Fabrice Bourrée

Sources :
Biographies réalisées par le musée de l'Ordre de la Libération

Contexte historique

En juin 1941, au terme d'une violente campagne militaire menée avec les troupes britanniques contre les forces restées fidèles au gouvernement de Vichy, les territoires du Liban et de la Syrie passent sous contrôle de la France Libre. Malgré la promesse alors formulée de mettre fin au mandat français (effectif depuis 1920), la France Libre maintient un contrôle sur les gouvernements locaux. La visite qu'effectue le général de Gaulle au Moyen-Orient en août 1942 se déroule dans un climat de tensions avec les Britanniques à propos du Levant. Depuis janvier 1942, la nomination du général Spears en tant que ministre plénipotentiaire de Grande-Bretagne en Syrie et son ingérence dans la gestion française de ces territoires tendent les relations avec le général Catroux, représentant de la France Combattante sur place. Outre la volonté de rendre hommage aux soldats de la France Combattante, victorieux de la bataille de Bir Hakeim deux mois plus tôt, le général de Gaulle entreprend un voyage au Caire pour rencontrer Richard Casey, représentant de la diplomatie britannique au Moyen-Orient, puis reste cinq semaines au Levant. La durée particulièrement longue de ce voyage (du 11 août au 8 septembre 1942) vise à montrer la détermination de la France Combattante à faire respecter ses intérêts sur place, en s'appuyant sur le soutien manifesté par les populations locales à l'égard du général de Gaulle. Dans un discours prononcé à Beyrouth le 28 août, le général de Gaulle, rappelle la détermination de la France Combattante à amener le Liban et la Syrie sur la voie de l'indépendance. Dans les faits, il faudra attendre la fin du conflit mondial pour que les deux pays y accèdent. Cette durée de latence, conjuguée aux maladresses françaises, aux interférences britanniques et à l'impatience des Libanais et Syriens, occasionnera par la suite d'autres périodes de vives tensions. 


Emeline Vanthuyne