Plaque à la mémoire des jeunes de Ballersdorf, Natzwiller (Bas(Rhin)

Légende :

Plaque située dans l'ancienne carrière de sable se trouvant à proximité de l'ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof : "A la mémoire des résistants de toute nationalité et de 17 jeunes patriotes de Ballersdorf et environs (Haut-Rhin) exécutés ici par les Nazis de 1941 à 1944".

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Source : © Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : sans date

Lieu : France - Grand Est (Alsace) - Bas-Rhin - Natzwiller

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Contexte historique

Dans la nuit du 12 au 13 février 1943, 18 hommes, originaires de Ballersdorf (Haut-Rhin) et environs, se trouvant sous la menace d'une incorporation de force dans la Wehrmacht, décident de franchir la frontière suisse.

Suite à l'annexion de fait de l'Alsace en 1940 et au décret instituant le service militaire obligatoire dans la Wehrmacht en août 1942, de nombreux jeunes Alsaciens tentent de fuir la région pour échapper à l'incorporation de force. Ainsi, quelques centaines de jeunes gens originaires du Sundgau, notamment de la commune de Riespach et des environs, parviennent à passer la frontière suisse en février 1943.

Suite à ces succès et aux rumeurs d'une incorporation de force imminente des classes 1914-1919, 18 jeunes hommes originaires de la région de Ballersdorf et armés de six mousquetons et quatre revolvers tentent à leur tour de passer en Suisse au cours de la nuit du 12 au 13 février 1943. Arrivés au sud de Seppois-le-Haut (Haut-Rhin), ils sont surpris par deux gardes frontières allemands. Au cours d'un échange de coups de feu, un douanier allemand est mortellement blessé. Trois jeunes Alsaciens sont également tués sur place. D'après le témoignage de René Grienenberger, seul survivant du groupe, Aimé Burgy est tué au cours de l'échange de coups de feu, tandis que Charles Wiest, grièvement blessé, et son frère Ernest-Alphonse Wiest, venu à son secours, sont abattus par un garde frontière.

Les autres réfractaires se réfugient dans leurs villages, où ils sont arrêtés le lendemain, hormis René Grienenberger, seul à être finalement parvenu à rejoindre la Suisse. Incarcérés à la prison de Mulhouse puis de Strasbourg, les quatorze réfractaires sont jugés, le 16 février 1943, à Strasbourg par le Sondergericht, le tribunal spécial. Camille Abt, Aloyse Boll, Charles Wiest, Eugène Cheray, Paul Peter, Henri Miehe, Maurice Wiest, Robert Gentzbittel, Alfred Dietemann, Aimé Fulleringer, René Klein, Charles Boloronus et Justin Brungard sont condamnés à la peine de mort pour avoir « tué un garde frontière en tentant de passer la frontière suisse par la force dans le but de se soustraire au service militaire obligatoire » (§ 5 KSSVO). Bien que l'origine du coup de feu mortel ne peut être identifiée, le tribunal estime que l'ensemble des accusés en porte collectivement la responsabilité, quand bien même l'un ou l'autre n'était pas armé ou aurait quitté le groupe avant l'échange de coups de feu. De plus, le tribunal estime que, bien que Justin Brungard soit âgé de moins de 18 ans lors des faits, il doit être considéré comme ayant la majorité pénale en raison de son « développement psychique et mental ». En revanche, Charles Muller, également âgé de 17 ans, est reconnu comme étant faible d'esprit par un médecin psychiatre et son cas est disjoint, le temps de procéder à une expertise médicale pour savoir s'il est ou non responsable de ses actes.

Les treize condamnés sont transférés au camp de sûreté de Schirmeck (Bas-Rhin) puis fusillés, le 17 février 1943 entre 9h15 et 9h30, à la sablière du camp de concentration de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin). L'exécution est annoncée le matin même dans la presse régionale. Charles Muller, bien que non jugé et non majeur pénalement, est fusillé le 24 février 1943 au même endroit. Les familles des réfractaires sont transférées au sein du Reich. Le chef de l'administration civile en Alsace, Robert Wagner, rejette le recours en grâce déposé par les avocats des condamnés. Il aurait exigé du tribunal la peine de mort et une exécution expéditive de la procédure pour faire de cette affaire un exemple, destiné à mettre fin par la terreur aux vagues d'évasion suscitées par les conseils de révision. 


Frédéric Stroh, "Le drame de Ballersdorf (Haut-Rhin)" in DVD-ROM La Résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance - AERI, 2016.