Citation de Mme Colladant, assistante receveuse des PTT à Serrières, par le colonel Jouffrault, 27 juin 1940

Légende :

Cette citation décernée à Mme Colladant, assistante receveuse des PTT à Serrières, illustre parfaitement la participation des civils aux ultimes combats à Annonay et Sarras du 17 au 25 juin 1940.

Genre : Image

Type : Citation

Source : © Archives départementales de l’Ardèche, 72W105 Droits réservés

Détails techniques :

Doocument dactylographié

Date document : 27 juin 1940

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche

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Contexte historique

Participation des civils aux ultimes combats à Annonay et Sarras - 17 au 25 juin 1940

A côté du comportement héroïque des soldats et officiers de la 1ère brigade de Spahis lors des derniers combats livrés en Ardèche, entre Annonay et Saint-Jean-de-Muzols, il convient de mentionner le soutien qu'une partie de la population leur a apporté, ceci à contre-courant du défaitisme ambiant engendré par la "drôle de guerre" et la "débâcle". Citons la description qu'en fait le général Jouffrault, alors que, remontant la RN 7, il doit se faufiler à travers la colonne de fuyards, civils et militaires, en route vers le sud :

"A côté des voitures chargées de femmes et d'enfants aux traits tirés par l'angoisse et la fatigue, écrasées sous le poids de bagages invraisemblables ; à côté de pauvres gamins terrorisés et affamés, pédalant à moitié abrutis dans la cohue, la lumière crue des phares révèle des galons d'officiers, brillant nombreux sur certains képis, dans des autos remplies de femmes ; des camions pleins de jeunes soldats, bien portants et, sur le bord de la route, d'autres soldats débraillés, sans armes, souvent ivres. Ce monde, en proie à la plus abjecte terreur, hurle, insulte, menace la voiture qui remonte le courant et dont les phares pourraient attirer l'aviation allemande".

Par contre, le colonel cite en revanche l'attitude des cheminots de Sarras, qui, ayant appris le 21 juin qu'ils devraient obéir aux ordres adressés de Lyon par les Allemands, ont décidé de refuser : "Immédiatement, la voie est obstruée au nord de la station et les employés de chemin de fer sont enrôlés dans le service de renseignement de la brigade". (Le 24 juin le chef de gare, son épouse et quatre agents seront gardés prisonniers au PC allemand de Silon).

Le colonel rend aussi hommage au maire et au curé de Sarras, l'abbé Enjolras : "A une époque où tant de représentants élus donnaient le spectacle lamentable de la fuite et de l'abandon de leurs administrés et des intérêts de leur cité, l'attitude du maire de Sarras est à citer en exemple... il collaborera de son mieux à l'organisation défensive de sa petite ville... et au moment de la bataille, avec le curé, qui fit preuve du plus beau courage, il restera à la tête de ses concitoyens, ravitaillant, soignant, aidant les Spahis, sous la fusillade et le bombardement."

Citons encore le rôle remarquable du personnel des PTT, qui, à partir de Saint-Vallier et d'Annonay, assurent les liaisons téléphoniques entre le PC de la brigade et les escadrons au combat et même, en ce qui concerne Saint-Vallier, après l'occupation de la poste par la Kommandantur. On cite l'exemple de Louise Vuillez, assistante receveuse des PTT à Annonay, qui , dans la nuit du 24 juin, la ligne étant coupée, se faufile à pied dans les ruelles, pour apporter les ordres transmis à l'escadron de Spahis du lieutenant Dauger, encerclé dans les locaux de la tannerie Meyssonnier. Dans la même nuit, le commis des PTT Louis Colomb cache et évacue des spahis avec la voiture des Postes. Jean Châteignier en fait de même avec la camionnette de l'entreprise Citroën où il travaille.

Le colonel Jouffrault écrit : "Tous les habitants firent preuve de fermeté et de courage. Ils aidèrent les Spahis de leur mieux".

Un autre témoignage sur cette première résistance populaire, lu dans un ouvrage collectif paru en octobre 1987 : Sarras hier et aujourd'hui : "Dès le lendemain de l'armistice, un premier acte de Résistance va avoir lieu à la barbe des troupes allemandes qui patrouillent dans les rues et fêtent leur victoire. Aidé par un spahi en civil, Monsieur Julien René, agriculteur au hameau de Chalavouze, va tranquillement au pas de son cheval et dans sa "jardinière", récupérer les armes et munitions laissées sur le terrain par les Spahis, morts, blessés ou prisonniers, pour les porter à l'unité de Spahis repliée sur Eclassan et St-Jeure-d'Ay. Cet acte de courage ne sera pas sans lendemain".


Joseph Réthoré in CD-ROM La Résistance en Ardèche, AERI, 2004