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Manuscrit de l'appel du colonel de Gaulle à Savigny-sur-Ardres

Légende :

Le 21 mai 1940, à Savigny-sur-Ardres, Charles de Gaulle, qui n’est pas encore général, lance depuis ce petit village du canton de Fismes dans la Marne, son premier appel radiodiffusé après la bataille de Montcornet dans l’Aisne. Celui-ci ressemble beaucoup à l’Appel du 18 juin.

Genre : Image

Type : Manuscrit

Source : © Archives nationales, 3AG1 372 Droits réservés

Détails techniques :

Document manuscrit

Date document : 21 mai 1940

Lieu : France - Grand Est (Champagne-Ardenne) - Marne - Savigny-sur-Ardres

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Analyse média

L'allocution du colonel de Gaulle, enregistrée le 21 mai 1940 à Savigny-sur-Ardres n'avait guère laissé de traces et avait été très vite effacée après la guerre par l'Appel historique du 18 juin 1940. Redécouverte et revisitée dans les années 1980, par Jean Lacouture en 1984, puis par Anne et Pierre Rouanet en 1985, cette allocution fut alors considérée comme une préfiguration de l'Appel du 18 juin 1940 avec lequel elle présenterait de nombreuses analogies, et fut qualifiée d'« appel du 21 mai 1940 » ou d'« appel avant l'Appel », et même de « primitif du gaullisme radiophonique ».


Transcription du manuscrit (sans les éléments barrés):

C’est la guerre mécanique qui a commencé le 10 mai. En l’air et sur la terre, l’engin mécanique – avion ou char – est l’élément principal de la force.
L’ennemi a remporté sur nous un avantage initial : pourquoi ? Uniquement parce qu’il a plus tôt et plus complètement que nous mis à profit cette vérité.
Ses succès lui viennent de ses divisions blindées et de son aviation de bombardement, pas d’autre chose !
Eh bien ! nos succès de demain et notre victoire, oui ! notre Victoire nous viendront un jour de nos divisions cuirassées et de notre aviation d’attaque.
Il y a des signes précurseurs de cette victoire mécanique de la France.
Le Chef qui vous parle a l’honneur de commander une division cuirassée française. Cette division vient de durement combattre.
Eh bien ! on peut dire très simplement, très gravement – sans nulle vantardise – que cette division a dominé le champ de bataille de la première à la dernière heure du combat. Tous ceux qui y servent, général aussi bien que le plus simple de ses troupiers, ont retiré de cette expérience une confiance absolue dans la puissance d’un tel instrument. C’est cela qu’il nous faut pour vaincre.
Grâce à cela, nous avons déjà vaincu sur un point de la ligne. Grâce à cela, un jour nous vaincrons sur toute la ligne.


Jean-Pierre Husson, « La mémoire du colonel de Gaulle à Savigny-sur-Ardres, 21 mai 1940 », CNDP, en ligne, 2000 : http://www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/lieux/2GM_CA/plaques/savigny.html

Contexte historique

Après avoir livré le 17 mai 1940 à Montcornet, puis au cours des jours suivants dans le secteur de Laon, une bataille de retardement face à l'offensive des blindés allemands du général GUDERIAN, le colonel Charles DE GAULLE qui commandait la 4e Division cuirassée, ayant reçu l'ordre de battre en retraite, a replié sa division à Savigny-sur-Ardres, un petit village de la Marne vidé de ses habitants par l’exode, situé à une vingtaine de kilomètres à l’Ouest de Reims. Il a installé son poste de commandement dans une ferme à cour fermée, le « Vieux château », située en contre-bas de l'église du village, appartenant à Joseph TIRANT DE BURY. La demeure n’était pas comme il le croyait, inoccupée. À la demande pressante de son épouse, Marthe TIRANT DE BURY, qui lui avait demandé d’aller mettre leurs trois enfants à l’abri, Joseph avait quitté Savigny en voiture le 16 mai et s’était jeté sur les routes de l’exode. Marthe, qui avait été infirmière pendant la 1ère guerre mondiale, était restée à Savigny afin de veiller sur la vieille demeure et pouvoir, si nécessaire, y accueillir des soldats blessés et les soigner. Le colonel DE GAULLE réquisitionne les bâtiments et consigne Marthe TIRANT DE BURY dans sa chambre, où ses repas lui sont servis, avec interdiction d’en sortir.

Au lendemain de la contre-attaque de Montcornet qui, bien qu'ayant militairement échoué, avait démontré l'efficacité de l'arme blindée lorsqu'elle était bien utilisée par les Français, le capitaine SURCHAMP, officier des services de propagande du Grand Quartier général, accompagné de deux techniciens, fut envoyé à Savigny. Sa mission était d'enregistrer une allocution du colonel DE GAULLE pour contrer le défaitisme qui envahissait la population, civils et militaires confondus, démoralisée par l'offensive éclair des blindés allemands. Enregistrée devant la porte fenêtre du salon, cette allocution fut radiodiffusée le 28 mai et/ou le 2 juin 1940 – selon différentes sources – dans le cadre de l'émission Le Quart d'heure du soldat.


Jean-Pierre Husson, « La mémoire du colonel de Gaulle à Savigny-sur-Ardres, 21 mai 1940 », CNDP, en ligne, 2000 : http://www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/lieux/2GM_CA/plaques/savigny.html