Rue Edouard Le Deuff, Rennes

Légende :

Nom de rue rennaise à la mémoire d'Edouard Le Deuff, résistant du réseau d'action Overcloud

Genre : Image

Type : Nom de rue

Producteur : Joris Brouard

Source : © Cliché Joris Brouard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 9 mai 2019

Lieu : France - Bretagne - Ille-et-Vilaine - Rennes

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Contexte historique

LE DEUFF Edouard, Léon, Marc est né le 13 octobre 1920 à Rennes (Ille-et-Vilaine) de Le Deuff Edouard, père et de Le Bizien Marie. Domicilié chez ses parents à Rennes, il suit sa scolarité au Lycée de garçons de Rennes (actuel Lycée Emile Zola) durant laquelle il fait la connaissance de ses futurs camarades résistants parmi lesquels les frères Normand Louis et Pierre ainsi que Ménard André. Après le lycée, Edouard Le Deuff s’oriente vers des études de d’ingénieur-chimiste à la faculté des sciences de Rennes.

Au début de l’Occupation, il rejoint le Comité des Etudiants Rennais fondé par les frères Normand et André Ménard, qui sous couvert de vie étudiante, organise des réunions clandestines et cherche à diffuser auprès du monde étudiant une propagande hostile aux Allemands et au régime de Vichy. En contact avec certains professeurs rennais, les membres du Comité des Etudiants Rennais rejoignent la rédaction du journal clandestin La Bretagne enchaînée. Initialement impulsé par un employé de mairie, Étienne Maurel, par des enseignants à l’image de Victor Janton ou encore par des membres de professions libérales comme Joseph Lavoué – par ailleurs agent du réseau de renseignements JOHNY – l’activité rédactionnelle du journal ouvertement menaçante envers les collaborateurs, se compose d’une feuille simple recto verso avec en manchette, une citation de Clémenceau, « Ni trahison, ni demi-trahison : la guerre, rien que la guerre ! » Le premier numéro est tiré en novembre 1941 et diffusé notamment par les étudiants dont Louis Le Deuff.

A cette même époque, le groupe gravitant autour de la Bretagne enchaînée est approché par l’agent gaulliste Joël Le Tac qui a pour mission de former une organisation clandestine en Bretagne nommée Overcloud ayant pour but le développement de l’action subversive. Le Tac confie aux animateurs du journal clandestin rennais la charge de former des cellules à l’échelle locale en orientant leur activité sur la propagande et l’action. Ainsi, se structurent un groupe rennais dirigé par Louis Normand et André Ménard qui rassemble principalement des étudiants et lycéens rennais et un groupe situé en périphérie de Rennes à Montfort-sur-Meu, animé par l’employé de mairie, Étienne Maurel. A partir de décembre 1941, Rennes constitue l’épicentre de l’activité du réseau Overcloud qui s’implante sur plusieurs départements bretons et la région parisienne tout en diversifiant ses activités.

Du fait de la multiplication des contacts avec d’autres organisations résistantes, le réseau Overcloud augmente les risques de détection par les services de renseignement ennemis. C’est ainsi qu’au milieu de décembre 1941, des agents doubles à la solde de l’Abwehr, le service de renseignement et de contre-espionnage de l’Armée allemande, parviennent à « accrocher » à Paris des membres du réseau. Alors qu’au tout début de l’année 1942, Joël Le Tac embarque avec d’autres agents dont son frère Yves, depuis les côtes bretonnes pour l’Angleterre afin d’y effectuer un premier compte-rendu auprès de ses supérieurs à Londres, la pénétration du réseau Overcloud par les services allemands se poursuit et est confiée à deux redoutables agents de l’Abwehr qui atteignent les cellules rennaises au réseau au milieu du mois de janvier 1942. Dans le but de démanteler l’organisation résistante dans sa totalité, les responsables de l’Abwehr décident d’attendre le moment opportun et le retour d’Angleterre des frères Le Tac avant d’ordonner les arrestations.

Ne se doutant pas d’être la proie des services ennemis, les membres du réseau restés en France occupée se préparent aux futures opérations de parachutage d’armes et de matériel prévues pour la fin du mois de janvier. C’est également à cette période que les frères Le Tac réapparaissent en Bretagne et que Joël se rend à Rennes pour s’informer de l’évolution de l’activité et prévenir de l’imminence de parachutages. Dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1942, l’une des phrases diffusée à la BBC « Oncle Robert est en bonne santé » prévient les groupes rennais du parachutage sur le terrain REN 1 situé sur la commune d’Iffendic, préparé par les membres du groupe Maurel. En pleine nuit, les quelques résistants présents dont fait partie Edouard Le Deuff, réceptionnent quatre containers d’armes et de matériel qui sont rapidement camouflés.

A partir du 2 février 1942, l’étau allemand se resserre sur les membres du réseau Overcloud. Edouard Le Deuff est l’un des premiers à tomber dans une souricière tendue à Rennes par les agents de la GFP (Geheime Feldpolizei, police secrète de l’Armée allemande) suite aux indications fournies par l’Abwehr. Incarcéré à la prison Jacques Cartier à Rennes, Edouard Le Deuff est libéré faut de preuve, le 12 mars 1942 avant d’être une nouvelle fois arrêté le 22 mai 1942. Transféré à la prison de Fresnes puis interné au camp de Compiègne, il est déporté le 22 septembre 1943 à Buchenwald où il serait décédé le 15 janvier 1945.

Il est promu au grade de sous-lieutenant à titre posthume et reçoit l’attribution de Croix de guerre avec étoile de bronze.


Auteur : Joris Brouard

Sources
Archivistiques

- Archives départementales d’Ille-et-Vilaine :

  • 167J25
  • 6ETP2/40 ; 6ETP2/57 ; 6ETP2/62
  • 134W15 ; 134W19
  • 213W63
  • 514W11
  • 516W245 ; 516W305 ; 516W314 ; 516W404

- Service historique de la Défense :

  • GR 16 P 351797 LE DEUFF Edouard
  • GR 16 P 295515 LE TAC Joël
    • GR 16 P 410148 MENARD André, Auguste
    • GR 16 P 447155 NORMAND Louis
    • GR 16 P 447178 NORMAND Pierre, Jean
  • GR 17 P 185 Overcloud
  • GR 28 P 3 25 Mission Overcloud
  • GR 28 P 4 303 36 LE TAC Joël
  • GR 28 P 4 336 17 MOUREAUX Pierre

Bibliographiques

- ALBERTELLI Sébastien, Histoire du sabotage. De la CGT à la Résistance, éditions Perrin, coll. Synthèses Historiques, 2016, Paris, 504 p.

- ALBERTELLI Sébastien, Les services secrets du général de Gaulle. Le BCRA, 1940 - 1944, éditions Perrin, 2009, Paris, 624 p.

- Amicale des réseaux action de la France Combattante, Les Réseaux Action de la France Combattante 1940 - 1944, Paris, 1986, 293 p.

- BROCHE François, CAÏTUCOLI Georges, MURACCIOLE Jean-François (dir.), Dictionnaire de la France Libre, éditions Robert Laffont, coll. Bouquins, 2010, Paris, 1602 p.

- BROOKS Richard (Sir), Flottilles secrètes, les liaisons maritimes clandestines en France et en Afrique du Nord, 1940 – 1944, éditions Mdv, 2001, 959 p.

- FOOT Michael R.D, CRÉMIEUX-BRILHAC Jean-Louis (préface), Des anglais dans la résistance. Le SOE en France, 1940 – 1944, éditions Tallandier, coll. Poche Texto, Paris, 2011, 816 p.

- Les réseaux de résistance de la France combattante, dictionnaire historique, ouvrage collectif sous la direction de Stéphane Longuet et Nathalie Genet-Rouffiac, éditions Économica/Service historique de la Défense, 2013, Paris, 1080 p.

- RENAUD Franck, Joël Le Tac, le Breton de Montmartre, éditions Ouest-France, 1994, 207 p.

Sites Internet :

Fondation pour la Mémoire de la Déportation : http://www.bddm.org/liv/index_liv.php

Mémoire de guerre – la Résistance en Bretagne : http://memoiredeguerre.free.fr/