"On travaillera le 11 novembre", Le Matin, 10 novembre 1940

Légende :

Article extrait du journal Le Matin du 10 novembre 1940

Genre : Image

Type : Article de presse

Source : © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Droits réservés

Détails techniques :

Imprimé
58 cm, 4 pages

Date document : 10 novembre 1940

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

La loi du 24 octobre 1922 publiée au Journal officiel de la République française du 26 octobre fixait au 11 novembre, qui devenait jour férié, la célébration annuelle de « la commémoration de la victoire et de la paix », précisant que ce sera désormais un jour férié.

Le 23 octobre 1940, le Conseil des ministres réuni autour du maréchal Pétain n’abroge pas la loi de 1922 mais transforme le 11 novembre en "cérémonie du souvenir" et lui retire le statut de jour férié. Le 11 novembre ne sera plus ni chômé, ni pavoisé, sans exclure des cérémonies discrètes, avec minutes de silence, dépôts de gerbes. En zone occupée, les autorités allemandes s’opposent à la tenue des cérémonies nationales : dès le 28 août une ordonnance étend les restrictions déjà prises à l’approche du 14 Juillet, afin d’interdire réunions, cortèges, défilés et pavoisement. Quant au délégué du gouvernement français dans les territoires occupés, il estime "que cet anniversaire doit être commémoré par un hommage aux morts de 1914-18 [...] conservant les caractères de simplicité et de discrétion qu’imposent les circonstances".

On travaillera donc le 1er mai. Par exemple, la SNCF diffuse par voie de presse un communiqué annonçant que le régime de circulation des trains est par conséquent, ce jour-là, celui des jours de semaine. Le 26 octobre, Georges Ribert, secrétaire général à l’Instruction publique, avise les recteurs que dans les facultés, lycées, écoles les cours se tiendront, tout en souhaitant des cérémonies internes aux établissements associant "les jeunes générations". Ultérieurement, un avis publié dans la presse parisienne le 9 exclut toute cérémonie ou démonstration publique. Le même jour, Gustave Roussy réunit les inspecteurs d’académie, puis convoque les proviseurs et leur donne connaissance d’une circulaire proscrivant toute manifestation. Le dimanche 10, le recteur prescrit aux doyens que "plaques et monuments seront fleuris avant l’arrivée des étudiants".

La circulaire du 9 novembre est lue dans certains lycées le matin du 11, elle fera connaître l’événement à nombre d’élèves dont la présence dans les établissements pour ce jour non férié favorisera les départs groupés vers la place de l’Etoile. 


Robi Morder