Élèves sur les chemins des maquis de la Lance

Légende :

Un groupe de plusieurs classes d’écoles voisines de la Montagne de la Lance suit un spectacle monté par leurs camarades, au printemps 2007, à proximité de la Ferme de la Lance qui a abrité des maquisards au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : cliché Béatrice Jouve

Source : © Comité ANACR Drôme provençale Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique couleur.

Date document : mai 2007

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - La Roche-Saint-Secret

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Analyse média

La photo a été prise par Béatrice Jouve, présidente du comité ANACR Drôme provençale, l’une des initiatrices de cette journée de mai 2007 sur la Montagne de la Lance, consacrée précisément à l’histoire des Chemins des Maquis de la Lance.

Sous un cerisier, une centaine d’enfants des écoles de villages environnants de la Drôme et du Vaucluse, assis pour la plupart, quelques-uns debout, sont rassemblés autour de Marius Audibert, "Raymond", Chef des Effectifs (CE) au maquis Morvan (FTP) en 1943-1944. "Raymond" a été remarqué ici même, dans ce maquis de la Lance, a-t-il expliqué, comme un bon organisateur, ce qui lui a valu peu après la responsabilité de CE.

On reconnaît sur la photo, debout tout à fait à droite, Geo Chabert (ANACR Drôme provençale), à sa droite des enseignants : Mélusine Laurent (école de Taulignan), nièce de Léo Rostand, ancien du Maquis Pierre (AS), Anne Giovanelli (école de Chamaret), Marie-Laurence Redon (école de Taulignan), Yannick Chapelain (école de Montbrison-sur-Lez), Élisa Dignac (école de Taulignan). Corine Boissin de l’école de Montségur-sur-Lauzon et Karine Carivenc de celle de Saint-Pantaléon-les-Vignes, présentes à ce rassemblement, ne sont pas dans l’espace photographié.

 Tout le monde écoute attentivement les chants d’une équipe d’élèves, préparés de longue date pour célébrer cette journée. Au programme pour les 6 classes présentes (enfants de 10 à 11 ans), L’affiche rouge et Nuit et brouillard. Cinq d’entre elles avaient déjà fait l’ascension l’année précédente et avaient pu entendre alors Le chant des partisans et La Marseillaise.

Le cerisier a été touché deux fois par la foudre, mais chaque fois une branche a repoussé. On l’appelle communément « le cerisier de la Résistance ». La partie brune, en second plan, que l’on aperçoit derrière les enfants, est le tronc de l’arbre, déformé par l’orage, à l’horizontale. La ferme de la Lance se trouve légèrement à gauche, proche des enfants.

À proximité du groupe encore, se trouve une stèle. Elle fut érigée en avril 1993. La première montée officielle eut lieu le 15 août 1994 ; Jean Dubief (le Pègue), un ancien résistant, connu pour sa pugnacité, était présent.

À partir de 1997, suite à la création du comité ANACR Drôme provençale, traditionnellement, la montée à la Lance s’effectue le 15 août, partant de la Roche-Saint-Secret ou empruntant d’autres sentiers. Le comité n’a cessé dès lors de stimuler les activités concrètes et régulières autour de l’histoire des maquis de cette montagne.

À partir de 2006, ce fut au tour des enfants des écoles de participer à l’expédition (élèves des écoles de Taulignan, de Pierrelatte, de Valréas…). Avec les animateurs de l’ANACR et les enseignants, le conseiller général Jean-François Siaud et le comédien Serge Pauthe étaient de l’ascension.

Cette montée à la Lance a aussi été organisée en 2009, avec 125 élèves des écoles du secteur, à l'initiative de Jean Monin, déporté à Mauthausen, vice-président de la FNDIRP, avec l'aide aussi de Geo Chabert, de Gérard Bravais, d'Alain Coustaury notamment.

Depuis 2010, une marche semblable est organisée par Jean Monin au mémorial de Mirmande (entre le monument aux morts du village et le mémorial, 4,5 km, puis pique-nique, dépôt de gerbes, etc.).


Auteurs : Claude Seyve, Michel Seyve

Contexte historique

La Stèle des maquis de la Lance, installée en avril 1993, fut érigée à l’initiative de Raoul Chastan. Elle porte, gravée, l’inscription :
« 4 avril 1993 CINQUANTENAIRE DES MAQUIS DE LA LANCE SOUVENONS-NOUS ».

C’est donc cinquante ans après l’organisation des premiers groupes de résistants de 1943, que s’est enclenché un processus de mémoire sérieux et suivi. Son rayonnement s’étend maintenant en particulier dans le Nyonsais, les Baronnies, l’Enclave des Papes ; au-delà également.

Devant la stèle, furent dispersées, lors d’une manifestation, les cendres de l’un des derniers témoins de l’époque, André Monier.

Dans la suite des années précédentes, le mardi 18 mai 2010, par exemple, 150 enfants atteignent les hauteurs (857 m à la Ferme de la Lance ; 1338 m au sommet) « pour se souvenir encore ». Ils sont conduits par Geo Chabert, un instituteur retraité, vice-président de l’ANACR Drôme provençale.

Ces initiatives pédagogiques autour de la mémoire vivante et de l’histoire sont remarquables par leur ampleur, leur originalité, leur vitalité dans la durée. Elles sont pratiquées en profondeur puisqu’elles mobilisent les enfants et les maîtres durant plusieurs mois de préparation.

À titre d’exemple de travaux préparatoires, citons le projet de 2010, mis au point par l’école de Mirabel-aux-Baronnies. Il se déclinait « en quatre séquences : Exposition sur la Résistance, intervention de Geo Chabert racontant son vécu et son imprégnation dans le même mot pendant la dernière guerre, malgré son jeune âge. Autre conférence remarquée, celle du Valréassien Claudius Vard ancien opposant au régime de Vichy et président du comité local ANACR de « L’Enclave des Papes » (Dauphiné Libéré, 21.05.2010).

Dès le 12 février, l’École Renaud Séchan de Mirabel mettait en ligne un compte rendu de sept pages rapportant les réponses de messieurs Chabert et Dessales au questionnaire dressé par les élèves sur le maquis de la Lance ; il était accompagné de 4 photos.

Sans doute, les activités mémorielles actuelles puisent leur force dans les événements qui ont marqué cette montagne en 1943 et 1944. En fait, sorties-mémoire, anecdotes et biographies, moyens « d’accrocher l’attention des enfants », – du plus grand intérêt pédagogique, ne devraient pas dissimuler la nécessité d’un tracé historique des deux foyers résistants, dont l’exposition Les maquis de la Lance (ANACR) rappelle quelques épisodes marquants. La Montagne de la Lance a effectivement joué un rôle essentiel pour les jeunes réfractaires au STO et la Résistance en général. La notice de ce musée virtuel Maquisards au camp de la Lance, dans son analyse et son contexte, permet d’approcher cette question essentielle et de comprendre la notion de maquis dans sa particularité « camps de passage » ou encore « camps plaques tournantes ».


Auteurs : Claude Seyve, Michel Seyve
Sources : Béatrice Jouve, Philippe Biolley, Geo Chabert, respectivement présidente et vice-présidents du comité ANACR Drôme provençale ; articles du Dauphiné Libéré (20 mai 2010) ; Journées du Patrimoine entre Drôme et Vaucluse, Geo Chabert.