Les Groupes francs des MUR font évader 12 résistants de la prison Chave de Marseille, 22-23 mars 1944.

Légende :

Plan préparatoire à l'évasion de résistants de la prison Chave à Marseille par les Groupes francs des MUR (Mouvements Unis de Résistance).

Type : Plan

Producteur : Groupes Francs des MUR

Source : © archives départementales des Bouches-du-Rhône, 6 J 1 Droits réservés

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

La prison Chave (photo en album) est construite en 1852 à l'angle du boulevard Chave et de la rue Georges. Ses 144 cellules sont disposées en quatre bâtiments selon un plan radial donnant sur un espace central où se trouve une chapelle. Un mur d'enceinte haut de neuf mètres ceinture l'édifice.

Les Groupes francs des Mouvements Unis de Résistance(MUR) dirigés par Jean Comte et Jean Garcin décident de faire évader leurs camarades. Ils obtiennent la complicité d'un gardien qui  dans la nuit du 22 au 23 mars 1944 ouvre les portes des cellules. Douze résistants s'évadent parmi lesquels Camille Cresta, 17 ans (photo en album) René Serre(photo en album) et Lorenz Kriska, membre de l'organisation communiste  MOI (Main d'oeuvre immigrée)  condamné à mort pour avoir participé à l'exécution d'Henri Verdun, juge près la section spéciale d'Aix-en-Provence le 18 janvier 1944.Le gardien complice  part avec les détenus. L'évasion concerne des résistants appartenant aux MUR et aux FTP mais  le communiste Charles Poli refuse d'ouvrir les cellules de détenus anarchistes qui n'ont pas  chanté La Marseillaise lors de cérémonies commémoratives organisées par les autres détenus.

Après cette évasion, les derniers détenus politiques sont transférés à la prison d'Aix-en-Provence.

Un mois plus tard, une autre évasion collective est organisée et ce sont 29 détenus, selon le rapport de gendarmerie, qui retrouvent la liberté, anarchistes inclus(album rapport du commandant de gendarmerie 24 avril 1944).  Les  évadés sous la protection de FTP et de Groupes francs gagnent des refuges  dans la région. Lorenz Kriska rejoint un maquis des Alpes de Haute-Provence où il est tué le 23 mai 1944.


Sylvie Orsoni

Contexte historique

Faire évader leurs camarades emprisonnés est, pour les résistants, un devoir de solidarité. Les évasions, collectives ou individuelles, peuvent être organisées lors de transferts, ce qui suppose un affrontement armé avec l'escorte ou à partir de la prison elle-même comme dans le cas des prisons de Marseille et d'Aix-en-Provence.  Connaître les lieux, les cellules où sont emprisonnés les camarades, les horaires les plus propices nécessite des complicités au sein du personnel pénitentiaire. Les prisons ne constituent pas des lieux étanches.Les liens avec l'extérieur sont maintenus à travers les colis que reçoivent les prisonniers. Les détenus politiques s'organisent afin de protéger les leurs et poursuivre leur lutte   comme en témoignent les journaux réalisés en prison par les détenus. A la prison de Chave, un modeste  journal clandestin circule. Il est manuscrit, apporte des réflexions sur la situation politique. Les résistants transférés de Chave à la prison d'Aix-en-Provence poursuivent la publication qui se veut unitaire. Les antagonismes politiques pourtant  ne s'effacent pas si facilement .Ainsi, les  anarchistes sont ainsi exclus  dans un premier temps ,pour manque de patriotisme, de l'évasion de la prison Chave mais intégrés à celle de la prison d'Aix- en -Provence.


Sylvie Orsoni

Sources

Baudouin Madeleine, fond privé 6 J 1, archives départementales des Bouches-du-Rhône.

Mencherini Robert, Résistance et Occupation (1940-1944). Midi Rouge, ombres et lumières, tome 3. Paris, Syllepse, 2011.