Petits mendiants dans une rue du ghetto de Varsovie, février-mars 1941.

Type : photographie

Producteur : MUREL

Source : © © Heydecker Jost Droits réservés

Lieu : Pologne

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Analyse média

Joe Heydecker, sergent allemand, pénètre clandestinement dans le ghetto de Varsovie à plusieurs reprises entre février et mars 1941 et photographie afin de laisser un témoignage pour l'histoire :  « L'aspect des enfants avait quelque chose de déchirant. Je m'accroupis auprès de l'un d'eux. Il me raconta qu'il avait chanté des chansons toute la journée...Ces enfants, ces dizaines de milliers d'habitants du ghetto de Varsovie qui sont mort de faim et de froid n'ont pas péri en vertu d'un décret de la Providence ou parce que c'était leur destin mais parce qu'il s'agissait d'une extermination planifiée. »


Sylvie Orsoni

Contexte historique

La misère ravage le ghetto dés sa création. Les Juifs déplacés des autres quartiers de la ville ou des régions environnantes ( voire notice carte des déportations de populations dans le ghetto) dans le ghetto perdent leur emploi. Ils doivent trouver à se reloger dans un territoire surpeuplé et sont exploités par toute une série d'intermédiaires, portefaix qui portent leurs maigres biens,  administration du Judenrat (conseil juif nommé par les Allemands) qui alloue des pièces dans des logements collectifs, policiers juifs qui connaissent les logement vacants et les indiquent moyennant finances, trafiquants et propriétaires de boites de nuit qui sont eux mêmes rançonnés par les policiers juifs. Dans cet univers, les enfants tentent de survivre. En février 1942, 10 à 15 % de la population sont composés d'enfants à qui il manque au moins un parent. Les petits mendiants sont partout dans le ghetto. Ils chantent une complainte :  « Gite menschn, hot rakhmunes, der tate is gestorben fun hunger un noït. Gite menschen, hot rakhmunes, werft arop a stikele broït » «  Bonnes gens, ayez pitié, papa est mort de faim et de détresse. Bonnes gens, ayez pitié, lancez-nous un petit morceau de pain ». Ils se faufilent par des trous dans le mur du ghetto et vont mendier du côté aryen. Les soldats allemands les appellent les  « rats ».  Adina  Blady Szwajger se souvient de l'un d'eux : « Frankenstein était un soldat qui s'amusait à tirer sur les enfants comme sur des lapins. Quand ils revenaient « du côté aryen » où ils étaient allés mendier, ils se glissaient à la queue leu leu dans un trou percé dans le mur. Frankenstein attendait que quelques uns en soient sortis et les tuaient d'une seule balle. »


Sylvie Orsoni

Sources : 

Blady Szwajger Adina, Je ne me souviens de rien d'autre,éditions Calmann-Lévy, Paris, 1990.

Borwicz Michel (présenté par), L'insurrection du ghetto de Varsovie, éditions Julliard, coll. Archives, Paris, 1996.

Edelman Marek, Krall Hanna, Mémoires du ghetto de Varsovie, un dirigeant de l'insurrection raconte, éditions du scribe, Paris, version française 1983.

Heydecker H. Joe, Un soldat allemand dans le ghetto de Varsovie 1941,éditions Denoël, Paris, 1986

Ringelblum Emmanuel, Chronique du ghetto de Varsovie, éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 1959