La culture contre la déshumanisation, ghetto de Varsovie, février-mars 1941

Légende :

Affiche du théâtre « Eldorado », rue Dzielna annonçant la représentation d'une comédie en deux actes, groupe d'hommes cherchant des livres vendus par des particuliers, ghetto de Varsovie, février-mars 1941

Type : Photographie

Producteur : MUREL

Source : © ©Heydecker H. Joe Libre de droits

Date document : Février - mars 1941

Lieu : Pologne

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Analyse média

Ces deux photographies prises clandestinement par le soldat allemand Joe H. Heydecker  témoignent de la soif de culture qui demeure malgré tout dans le ghetto jusqu'à la déportation massive de ses habitants à partir de juillet 1942.


Sylvie Orsoni

Contexte historique

De la fermeture du ghetto le 15 novembre 1940 au début des grandes déportations vers Treblinka, la vie culturelle demeure. Emmanuel Ringelblum en août 1941 note : « il y a quatre théâtres dans le ghetto. La mise en scène par Mark Arenstein de la traduction polonaise de Mirele Efros mérite d'être mentionnée. La pièce est jouée au théâtre Nowy Kameralny installé dans l'ancien couvent de la rue Nowolipki. On la joue en polonais car il y a dans le ghetto beaucoup de convertis et d'autres éléments assimilés [ ne comprenant pas le yiddish]. » Les pièces divertissantes ont également du succès comme en témoigne l'affiche en visuel. Des concerts sont donnés mais Emmanuel Ringelblum  relève que :  « on n'ose pas jouer de la musique aryenne, on se contente de celle des Juifs « aryanisés » tels que Mendelsshon, Kalmann, Meyerbeer, Bizet. » Les juifs fortunés du ghetto subventionnent les artistes en leur payant des repas. Des spectacles pour enfants sont organisés en particulier pour les fêtes de Pourim.

Les livres n'ont plus guère de valeur. Les détenteurs de bibliothèques essaient cependant de les monnayer et les acheteurs de retrouver des ouvrages ou éditions rares. Les hommes en haillons appartenaient auparavant aux milieux cultivés, enseignants, professions libérales.

Des divertissements plus légers sont également organisés. Journal d' Emmanuel Ringelblum, 19 février 1941 : « au palais de la Mélodie, le carnaval a été célébré avec un concours  de beauté pour les  jambes les plus jolies. Le ghetto danse ».


Sylvie Orsoni

Sources

Blady Szwajger Adina, Je ne me souviens de rien d'autre,éditions Calmann-Lévy, Paris, 1990.

Borwicz Michel (présenté par), L'insurrection du ghetto de Varsovie, éditions Julliard, coll. Archives, Paris, 1996.

Edelman Marek, Krall Hanna, Mémoires du ghetto de Varsovie, un dirigeant de l'insurrection raconte, éditions du scribe, Paris, version française 1983.

Heydecker H. Joe, Un soldat allemand dans le ghetto de Varsovie 1941,éditions Denoël, Paris, 1986

Ringelblum Emmanuel, Chronique du ghetto de Varsovie, éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 1959

Szpilmann Wladyslaw, Le Pianiste, L'extraordinaire destin d'un musicien juif dans le ghetto de Varsovie 1939-1945, récit,éditions Robert Laffont, Paris , 2001.