Philippe Viannay

Légende :

Photographie prise sur les bords de l’Oise au début du mois d'août 1944. Philippe Viannay, au centre, a le pied dans le plâtre.
De gauche à droite : Albert Bernier, Philippe Viannay, Françoise de Rivière et Hélène Viannay.

The picture was taken early August 1944, nearby the Oise river. Philippe Viannay is the one with his foot in a cast.
From the left to the right: Albert Bernier, Philippe Viannay, Françoise de Rivière and Hélène Viannay.

Genre : Image

Type : Photographie / Photograph

Producteur : Inconnu

Source : © Archives nationales, fonds Défense de la France (don association Défense de la France) Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en noir et blanc.

Date document : Début août 1944

Lieu : France - Ile-de-France - Val-d'Oise

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Analyse média

Les membres de Défense de la France ont conservé tout un ensemble de photographies de la période« du maquis de Seine-et-Oise », dont il est bien difficile de savoir aujourd’hui qui en a été le (ou les) auteurs. Certaines ont peut-être prises, comme dans d’autres maquis, dans l’esprit d’un « reportage » destiné à d’autres : les Alliés, la presse de l’après-Libération. Ce tirage provient de la collection d’Hélène Viannay, née Mordkovitch, co-fondatrice du mouvement et épouse de Philippe depuis 1942. C’est la seule de ces photos sur laquelle tous deux figurent. Hélène assurait depuis juin 1944, des liaisons entre les secteurs du maquis et avec Paris. Albert Bernier, fils d’un fermier de la région, s’était révélé un précieux relais pour le recrutement local et faisait partie de l’état-major de Viannay. Françoise de Rivière avait accepté, comme beaucoup d’autres membres de DF, de partir au maquis : malgré leur inexpérience, tous ces jeunes jugeaient inconcevable de ne pas participer aux combats libérateurs.


Bruno Leroux, Traces de Résistance, Fondation de la Résistance, 2011.
Bibliographie : Philippe Viannay, Du bon usage de la France, Ramsay, 1988 ; Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance, Le Seuil, 1995.

Contexte historique

 

Philippe Marie Victor Viannay est né le 15 août 1917 à Saint-Jean-de-Bournay (Isère) dans une famille bourgeoise catholique conservatrice, patriote et anti-républicaine. Étudiant en théologie, il envisage dans un premier temps la vie religieuse. Il abandonne cependant cette vocation et choisit de suivre des études de philosophie. Au moment de sa mobilisation en 1939, il est inscrit comme étudiant en philosophie à la Sorbonne. Il se bat à la tête d'un bataillon de tirailleurs marocains au cours de la campagne de 1940. Démobilisé le 9 août 1940 à Grenoble après la défaite de son pays, il reprend ses études.

Avec un camarade, Robert Salmon, qui partage le même traumatisme de la déroute et le refus de la présence allemande, rejetant l'option militaire, il réunit un groupe d'étudiants - parmi lesquels Hélène Mordkovitch, qu'il épousera en 1942 - et lance l'idée d'un journal clandestin. Un tract sur la situation de l'Alsace est diffusé début 1941 puis, grâce à l'aide matérielle d'un ami industriel, le groupe crée Défense de la France à l'été 1941. Viannay, sous le pseudonyme d'"Indomitus", signe la plupart des éditoriaux du journal. Dénonçant le nazisme et hostile à la collaboration, il reste longtemps convaincu du "double-jeu" de Pétain, à la différence des autres membres du groupe, en particulier Robert Salmon et Jacques Lusseyran. De même il exprime son soutien au général Giraud et se rallie définitivement à de Gaulle au printemps 1943, autant par positionnement stratégique que sous l'influence de Geneviève de Gaulle et de Robert Salmon.

A la tête du Comité directeur il organise les différents services. Philippe Viannay est à 25 ans le chef incontesté d'un des plus importants mouvements de Résistance de la zone Nord. En 1944, soucieux de préserver l'indépendance de son mouvement il s'oppose à quelques membres du Comité directeur, dont Robert Salmon. Désireux de s'impliquer dans l'action militaire il quitte Paris et s'installe dans le maquis de Seine-et-Oise Nord (Ronquerolles), dont il prend le commandement FFI en février 1944, sous le nom de commandant Philippe. Au mois d'avril, Pierre Lefaucheux, chef régional des FFI d'Ile-de-France, le nomme responsable FFI de la Seine-et-Oise Nord. Le 23 juillet, arrêté par les Allemands, il est blessé par plusieurs balles ; hospitalisé, il parvient à s'évader et reprend le commandement de son maquis. Le 24 août, Viannay est reçu par le général de Gaulle à Rambouillet. Voyant en lui le chef d'un mouvement politique issu de la Résistance, il est déçu par le désintérêt de ce dernier pour son mouvement. Après la Libération il est chargé en 1945 d'une mission de rapatriement des déportés, et rapatrie Jacques Lusseyran.

En 1951, il fonde avec sa femme l'école des Glénans.

Philippe Viannay meurt en 1986.

Sources et bibliographie : ONAC de Paris, dossier de CVR de Philippe Viannay. Archives du Bureau Résistance, dossier individuel de Philippe Viannay. Philippe Viannay, Du bon usage de la France. Résistance. Journalisme. Glénans, Paris, Éditions Ramsay, 1988. Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance. Défense de la France. 1940-1949, Paris, Seuil, 1995.





Philippe Marie Victor Viannay was born on August 15, 1917 in Saint-Jean-de-Bournay (Isère) into a family that was Conservative, Catholic, Bourgeois, Patriotic, and anti-republican. As a theology student, he first envisioned a religious life; however he soon abandoned this in favor of studying philosophy. At the moment of his deployment in 1939, he was a registered student of philosophy at the Sorbonne. He battled at the head of a battalion of Moroccan infantrymen in the course of the 1940 campaign. Demobilized on August 9, 1940 at Grenoble following his country's defeat, he resumed his studies.

With a friend, Robert Salmon, who shared the same trauma of the defeat and the refusal of the German presence, they formed a group of students and, rejecting the idea of military action, formed an underground newspaper. Amongst this group of students was Hélène Mordkovitch, whom Viannay would marry in 1942. The group first distributed a pamphlet on the situation in Alsace at the beginning of 1941 then, thanks to the help of an industrialist-friend, the group created Défense de la France in the summer of 1941. Viannay, under the pseudonym « Indomitus » (meaning indomitable), signed the majority of the paper's editorials. Denouncing the Nazism and retaining hostility towards the occupation, he remained convinced for a long time that Marshall Pétain was playing two sides, which was a belief not shared by others in the group – most notably Robert Salmon and Jacques Lusseyran. In addition, he explained his support of General Giraud, only definitively rallying behind de Gaulle in the spring of 1943, as much for strategic reasons as by the influence of Robert Salmon and Geneviève de Gaulle.

At the head of the Directorial Committee, he organized different services. At 25 years old, Philippe Viannay was the uncontested leader of one of the most important resistance movements in the Northern Zone. In 1944, worrying about the preservation of the movement's independence, he opposed several members of the Directorial Committee, including Robert Salmon. Wanting to implicate himself into the military action, he left Paris and joined the maquis of Seine-et-Oise Nord. On July 23, he was attacked by the Germans, shot multiple times, hospitalized, and after succeeding in evading the Germans, he retook command of his maquis. On August 24, Viannay was received by General de Gaulle at Rambouillet. Seeing himself as the leader of an important political movement of the Resistance, he was disappointed by the latter's disinterest in Défense de la France. In 1945, after the Liberation, he was charged with a mission of repatriating deportees and repatriated Jacques Lusseyran.

In 1952, he and his wife founded the school of Glénans.

Philippe Viannay died in 1986.


Source: ONAC de Paris, CVR file of Philippe Viannay. Archives of the Office of the Resistance; individual files of Philippe Viannay. Philippe Viannay, Du bon usage de la France, Résistance; Journalisme, Glénans, Ramsay publications, 1988. Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance , Défense de la France 1940- 1949, Seuil publications, 1995.


Traduction : Matthias R. Maier


Auteur : Cécile Vast (fiche rédigée dans le cadre du dvd-rom La Résistance en Ile-de-France, édition AERI, 2004)

Author: Cécile Vast