Hélène Viannay (née Mordkovitch)

Genre : Image

Type : Photographie / Photograph

Producteur : Inconnu

Source : © Service historique de la Défense, GR 16 P 429154 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France

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Contexte historique

 

Hélène Mordkovitch est née à Paris (XIVe arrondissement) le 12 juillet 1917. D'origine russe, sa mère avait été emprisonnée par le régime tsariste en 1905 pour ses opinions révolutionnaires. Amnistiée mais arrêtée de nouveau en 1907, contrainte de choisir entre l'exil et la Sibérie, elle rejoignit la France en 1908. Sa fille Hélène sera élevée dans l'amour de la France, terre de liberté, berceau de la Révolution française. En 1914, la mère s'engage comme infirmière et rencontre à l'hôpital franco-russe, un révolutionnaire russe engagé dans l'armée française, qu'elle épouse. Lorsque sa fille, Hélène, naît en 1917, le père repart en Russie, abandonnant la mère et l'enfant. Hélène Mordkovitch n'a ainsi que très peu d'attaches familiales en France.
En 1936, Hélène adhère pour un temps aux Étudiants socialistes, engagement qu'elle abandonne rapidement. Elle suit des cours du soir de l'Université ouvrière, encadrés par des communistes avec lesquels elle se sent peu d'affinités. Sa mère décède en 1937. En 1938, elle éprouve de la honte à se sentir soulagée du répit qu'offrent les Accords du Munich à ses camarades car elle sait la guerre inévitable.

Au moment de la débâcle, étudiante à la Sorbonne, elle prend la route de l'exode et trouve refuge chez des amis à Rodez lorsqu'elle entend la demande d'armistice de Pétain, qu'elle réprouve. Elle reçoit bientôt une lettre de son directeur de la Sorbonne, le Professeur Lutaud, l'enjoignant de rejoindre son laboratoire. Sur le chemin du retour à Paris, en gare de Vierzon, elle gifle un Allemand qui a eu à son égard un geste affectueux. Comme elle put le dire par la suite, elle sut dès lors dans quel camp elle se trouvait et éprouva la nécessité de chasser l'occupant.
Occupant à la Sorbonne un poste d'assistante au laboratoire de géographie physique, elle évolue dans un milieu très patriote. C'est à cette période que l'idée lui vient de rédiger et de diffuser discrètement de petits tracts anti-allemands. Chargée par le professeur Lutaud des cours de cartographie, elle y rencontre un étudiant en philosophie, Philippe Viannay, qui partage avec elle le même refus de la défaite et la même volonté d'éveiller l'opinion. Leurs idées sur les moyens d'agir convergent et Hélène Mordkovitch s'associe à l'idée de Philippe Viannay de créer un journal clandestin. De septembre à décembre 1940, Hélène participe à la conception et à la diffusion de tracts dénonçant l'Occupation. Elle utilise pour cela sa position au laboratoire de géographie et organise la première impression du journal Défense de la France dans les caves de la Sorbonne, à partir du mois de février 1941. Hélène dispose d'une clé des lieux. Les séances d'impression durent parfois jusqu'à 5 heures du matin. À la différence de Philippe Viannay, Hélène est hostile à Pétain, rejette la Révolution nationale et adhère rapidement à De Gaulle. Si elle assure une grande part de la diffusion du journal clandestin, Hélène Mordkovitch n'a que très rarement participé à la rédaction des articles. Jusqu'à la Libération, elle organise au sein du Comité directeur du mouvement les chaînes de diffusion du journal et des faux-papiers, ainsi que la liaison entre les ateliers.
En 1942, Hélène Mordkovitch et Philippe Viannay se marient. Un garçon, Pierre, naît le 14 juillet 1943. Après la vague d'arrestations qui touche le mouvement le 20 juillet 1943, elle doit quitter en catastrophe la clinique où elle se trouve. Elle est recueillie un temps par Marie-Hélène Lefaucheux.
À la fin du mois de juin 1944, elle rejoint le maquis de Seine-et-Oise Nord (maquis de Ronquerolles) dirigé par Philippe Viannay : elle assure alors la liaison entre les différents secteurs et entre le maquis et Paris. Pendant l'absence de Philippe Viannay, blessé, elle assure la coordination des différents secteurs. Jusqu'à la libération du secteur début septembre 1944, elle collabore aux prises de décisions de l'état-major du maquis.

Dans l'après-guerre, elle travaille aux côtés de son mari à la gestion du centre nautique des Glénans. Elle est la fondatrice et la présidente du Prix Philippe Viannay.

Hélène Viannay est décédée le 25 décembre 2006.

Sources et bibliographie : Bureau Résistance, dossier individuel d'Hélène Viannay. ONAC de Paris, dossier de CVR d'Hélène Viannay. Evelyne Morin-Rotureau, 1939-1945 : combats de femmes. Françaises et Allemandes, les oubliées de la guerre, Paris, Autrement, 2001, 239 pages. Témoignage d'Hélène Viannay (AERI). Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance. Défense de la France. 1940-1949, Paris, Seuil, 1995. Témoignage d'Hélène Viannay in Clio, n° 1, 1995, "Résistances et Libérations en France 1940-1945". Entretien de Catherine Hunter avec Hélène Viannay (2003).


Hélène Mordkovitch was born in Paris in the 14th Arrondissement on July 12, 1917. Of Russian origins, her mother was imprisoned by the Czarist regime in 1905 for her revolutionary opinions. Though given amnesty, she was arrested again in 1907, forced to choose between exile or Siberia, she came to France in 1908. Her daughter, Hélène would be taught to love France, the land of liberty, and cradle of the French Revolution. In 1914, her mother worked as a nurse and, at a Franco-Russian hospital, met a Russian revolutionary fighting in the French army whom she later married. When her daughter, Hélène was born in 1917, her father returned to Russia, abandoning his wife and daughter. Hélène Mordkovitch thus had very few familial attachments to France.

In 1936, Hélène temporarily joined the Socialist Students, a group which she quickly abandoned; she took evening classes at the workers' university, surrounded by Communists, with whom she felt no connection. Her mother died in 1937. In 1938, she felt ashamed at the relief felt by her peers at the signing of the Munich Accords, as she knew war was inevitable.

At the moment of the outbreak of war, as a student at the Sorbonne, she took up refuge with friends in Rodez when she heard Pétain's call for an armistice, which she condemned. She soon received a letter from Professor Lutaud of the Sorbonne, asking her to return to her laboratory. On the way to Paris, at the Vierzon train station, she slapped a German who made a sexual gesture toward her. As she later claimed, it was from that moment that she was committed to chase the occupants from her land.

Occupying a post as a laboratory assistant in Physical Geography at the Sorbonne, she developed a strong patriotism. It was at this time that the idea came to her to write and distribute small anti-German pamphlets. Charged with cartography courses by Professor Lutaud, she met a philosophy student, Philippe Viannay, who shared her refusal to admit the French defeat and the same desire to arouse public opinion. Their ideas for a means to act converged and Hélène Mordkovitch joined forces with Philippe Viannay to create an underground newspaper; From September to December 1940, Hélène participated in the conception and the diffusion of pamphlets denouncing the Occupation. She used her position in the geography laboratory and organized the first printing of Défense de la France in the basement of the Sorbonne starting in the month of February 1941. Hélène had a key to the basements, allowing the printing sessions to sometimes last until 5AM. In contrast with Philippe Viannay, Hélène was hostile to Marshall Pétain, rejecting the National Revolution and rapidly siding with de Gaulle. Though she played a large role in the distribution of the newspapers, she rarely wrote any articles. Up to the Liberation, she worked on the Directorial Committee organizing the movement of various means of distributing the newspapers and false documents, as well as acting as a liaison between various workshops and bases.

In 1942, Hélène Mordkovitch and Philippe Viannay got married. A son, Pierre, was born on July 14, 1943. After a wave of arrests on July 20, 1943, she left the catastrophic scene, taking refuge for a time with Marie-Hélène Lefaucheux.

At the end of June 1944, she joined the maquis of Seine-et-Oise Nord led by her husband, Philippe Viannay, assuring a liaison between the different sectors and the maquis of Paris.

During Philippe's absence for his injury, Hélène assured the coordination of different sectors. Until the Liberation of the sector in the beginning of September, 1944, she collaborated with the decision-making of the leader of the maquis. During the post-war period, she worked beside her husband at the management of the nautical center of the Glénans.

She is the founder and president of the Philippe Viannay Prize.

Hélène Viannay died on December 25, 2006.


Source: Office of the Resistance, individual files of Hélène Viannay. Archives of the Office of the Resistance; individual files of Hélène Viannay. Evelyne Morin-Rotureau, 1939-1945: combats de femmes. Françaises et Allemandes, les oubliées de la guerre, Paris, Autrement, 2001, 239 pages. Account of Hélène Viannay (AERI). Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance , Défense de la France 1940- 1949, Seuil publications, 1995. Account of Hélène Viannay in Clio, n°1, 1995, « Résistances et Libérations en France 1940-1945 ». Interview of Hélène Viannay by Catherine Hunter (2003).


Traduction : Matthias R. Maier


Auteur : Cécile Vast (fiche rédigée dans le cadre du dvd-rom La Résistance en Ile-de-France, édition AERI, 2004).

Author: Cécile Vast