Une du journal Libération, n° 25, 1er mars 1943

Genre : Image

Type : Journal

Source : © Musée de la Résistance nationale Droits réservés

Détails techniques :

Recto-verso. Format 26 x 22 cm.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Montélimar

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Analyse média

Recto et verso du n° 25 du journal Libération daté du 1er mars 1943 qui titre contre le STO (Service du travail obligatoire) : « La jeunesse française répond : Merde. Sabotez la conscription des esclaves au service d’Hitler ».

Pendant toute l'année 1943, le journal clandestin Libération est imprimé à Montélimar, chez Eugène Groullier, 39 ans, au quartier des Champs.

Témoignage d’Eugène Groullier (alias "Demond") :

« En 1942, Albin Davin, de Marsanne, alors chef des MUR de la Drôme, me propose d'imprimer Libération. Ce journal clandestin était jusqu'alors conçu à Lyon, mais des perquisitions et arrestations en avaient compromis le tirage. J'accepte, en accord avec mon beau-frère, Louis Ravix, et mon associé, Yvan Borel. Nous réglons diverses questions matérielles avec Julien MaurilIon : copies à imprimer, fourniture du papier (ce dernier est fortement contingenté et contrôlé, ce qui n'est pas sans créer d'énormes difficultés), fonds nécessaires, diffusion. Emmanuel d'Astier de la Vigerie me fournit la copie, Maurillon verse des fonds et donne des directives pour l'expédition par train ou commissionnaires.
Imprimé sur quatre pages recto-verso avec une presse à platine demi-jésus, dans un format demi-coquille, le journal est tiré à 80 000 exemplaires, deux fois par mois pour la région sud. En juillet 1943, afin de limiter le transport des journaux et les risques qui en découlent, l'organisation équipe une imprimerie à Auch, où s'effectue le tirage des Cahiers de Libération par 1 000 exemplaires de 80 à 100 pages. Avec ma femme et mes fils, je m'occupe de l'imprimerie de Montélimar, Yvan Borel, Louis Ravix et Madame Laffargue de celle d'Auch.
Vers la fin de l'année 1943, le bureau Libération de Lyon, pour nous permettre d'accélérer la composition, nous envoie un typo nommé Meubruger. Comme je n'ai pas besoin de lui et qu'il ne m'est pas sympathique, je le dirige sur Auch.
Le 11 décembre 1943, les Allemands perquisitionnent simultanément à Auch et à Montélimar. Nous sommes arrêtés : Meubruger nous a dénoncés. »


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

Les journaux clandestins ont été une forme de Résistance très répandue. Les titres de journaux dépendant de mouvements nationaux sont nombreux : Combat, Libération, Franc-tireur, Le Père Duchesne, La Marseillaise, L’Humanité, La Voix Populaire, La Vie Ouvrière, Défense de la France, Les Lettres Françaises, Les cahiers de Témoignage Chrétien, etc.

Il n’y a pas de papier, pas d’argent, pas de locaux. Dans les imprimeries, il faut travailler la nuit avec des prodiges d’ingéniosité. Les imprimeurs, les typographes étaient les plus menacés. Il fallait aussi, après, assurer la diffusion de ces feuilles clandestines. Ces journaux, limités souvent à un recto verso ont joué un grand rôle pour contrer la propagande vichyste et fasciste. 


Dénoncé par le traître Meubruger qui travaille chez Grouiller, toute la famille et des ouvriers sont arrêtés par la Gestapo, le 11 décembre 1943. Ils sont emmenés à la prison Montluc à Lyon. En janvier 1944, Eugène Groullier est déporté à Buchenwald où il survivra, il en reviendra le 8 mai 1945. Son épouse, Yvonne, et Marie-Louise Laffargue sont mortes à Ravensbrück. Yvon Borel et Louis Ravix ont également fini leurs jours en déportation.

Des journaux de portée locale ont également contribué à porter l’information issue de la Résistance.


Auteurs : Jean Sauvageon et Robert Serre
Sources : Robert Serre, De la Drôme aux camps de la mort.