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Claude Ducreux : la trahison à la Ferté-Saint-Aubin

Légende :

Claude Ducreux évoque la trahison à la Ferté-Saint-Aubin

Genre : Film

Type : Témoignage filmé

Source : © AERI Droits réservés

Détails techniques :

Durée de l’extrait : 00:02:56

Tournage et montage : Nicolas Voisin

Interview réalisée par Clémence Piet et Manuel Valls-Vicente.

Date document : Février 2009

Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Loiret - La Ferté-Saint-Aubin

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Analyse média

Retranscription :

" Mes camarades de la Ferté-Saint-Aubin ont tous été tués. Ils étaient 29 et avaient rejoint la ferme du By. Ils ont rejoint des gars du coin. Souvent les maquis ont été faits comme ça, avec des gens du coin, puis il arrivait un renfort au moins en nombre, de l'extérieur, des villes ou d'ailleurs. Ils se sont retrouvés à cette ferme. Ils étaient 29 et ont été dénoncés par un gars qui était dans le coup. Là, c'est vraiment la trahison. Il a été condamné à mort après la Libération, il a été fusillé. Et comme il y avait deux survivants, c'est l'un des deux survivants qui a donné le coup de grâce.

Georges, lui, était antillais. Il avait l'odorat sensible. Il ne voulait pas coucher avec 30 autres gars dans une piaule ou dans un grenier. Alors, il s'était cherché un coin tout seul, perdu, et les Allemands ne l'ont pas trouvé. Ils avaient la liste, mais ils n'ont pas trouvé Georges.

Et puis alors, l'autre, c'est Lucien Schment*. Lucien, lui, a eu la rafale, mais il n'a pas été touché. Il a pris la balle du coup de grâce dans le poignet, qui a été une infirmité toute sa vie, mais il a pu ramper et, voyant qu'il n'y avait plus personne, il est allé chez le curé. Le curé l'a - je crois - remis entre les mains du maire.

Parmi eux, j'en cite un, il s'appelait Jean Lemech*, un petit bonhomme... mais alors le Breton dur... dur comme un grès, dur comme une roche... Je l'ai écrit dans un poème, d'ailleurs... comme un grès d'Armor... Jean Lemech. Il était pensionnaire. Avant de partir, il a été mettre sa valise dans la cave de Papa. Des mois après, la libération de Paris était faite et tout ça, on a vu arriver sa maman, une petite bretonne, déjà bien solide, avec la coiffe et le tablier... et la valise du gamin. "


* La graphie de ces deux noms propres est sujette à caution.

Contexte historique

Claude Ducreux est né à Houlgate, dans le Calvados, le 28 août 1923. En 1940, il a donc 17 ans. Il est en classe de Philo au lycée Henri-IV à Paris.

Le 11 novembre 1940, les Allemands interdisent de célébrer la mémoire de l'armistice marquant leur défaite en 1918. Claude défile pourtant à Paris aux côtés de nombreux étudiants. Cette manifestation est sévèrement réprimée et Claude est blessé à l'arcade sourcilière. Premières activités au mouvement Ceux de la Libération-Vengeance A la fin de l'année 1942, il est recruté par son ami lycéen Pierre Hebert comme agent de liaison au mouvement Ceux de la Libération-Vengeance. Il transporte des paquets de journaux clandestins et les distribue. Il cache, dans une petite chambre qu'il loue à Paris, des aviateurs canadiens dont l'avion a été abattu.

Début juin 1943, il est arrêté, transféré à la prison de Fresnes, puis libéré le 14 juillet. Sauvetage d'enfants juifs A sa sortie de prison, grâce à une association (la CIMADE), il est mis au vert à Argentières, près de Chamonix. Pendant ce temps, de la fin du mois de juillet jusqu'au mois d'août 1943, il reste actif : il aide des enfants juifs à s'enfuir en Suisse en passant la frontière clandestinement, par la montagne. En septembre 1943, c'est la rentrée scolaire et il revient à Paris pour faire sa deuxième année de Khâgne au lycée Henri-IV.

En octobre 1943, il est recruté à l'OCM puis l'OCMJ (Organisation civile et militaire de la jeunesse). Il est agent de liaison et distribue la presse clandestine. Mais il apprend aussi, à Vincennes et à Fontainebleau, à se servir des armes. A Pâques 1944, il distribue aux résistants de l'argent, parachuté depuis Londres.

Au mois de juin 1944, il doit rejoindre ses camarades de classe au maquis de Chambon-la-Forêt, dans la forêt d'Orléans. Mais, le 10 juin, ses camarades sont fusillés à la ferme du By, suite à une dénonciation. Claude est prévenu à temps et rejoint le maquis de Lorris. A la mi-juillet 1944, il est intégré au groupe Robert. Il participe avec eux à la prise d'Orléans à la fin du mois de juillet 1944. Le 24 août 1944, c'est le départ pour Paris et la prise de l'École militaire le 25 août. Le lendemain, il monte la garde devant une librairie du quartier de la Sorbonne à Paris, pour le Comité de Libération de Paris. Claude y rencontre sa future femme, Simone Jouhant. Il est ensuite affecté à l'Armée régulière, dans la 9e DIC (division d'infanterie coloniale), avec des tirailleurs sénégalais.

Il devient avocat. En 1989, les poèmes que Claude a écrit pendant cette période sont édités dans le recueil Mes années vertes, 1939-1945. Il continue d'écrire sur des lieux de mémoire et en hommage aux camarades de la Résistance.

Il est Combattant Volontaire de la Résistance (CVR) et Officier de la Légion d'Honneur. A la retraite, il reste très actif : membre de la Commission nationale consultative des Droits de l'Homme, engagé au sein du Comité d'action de la Résistance (CAR) et de l'Association pour des études sur la Résistance intérieure (AERI).

Claude Ducreux est décédé le 20 juillet 2011.

 


DVD-ROM « Valeurs de la Résistance, valeurs des jeunes aujourd’hui », AERI, 2012.