Emmanuel Mounier, Pierre Seghers et Pierre Emmanuel à Dieulefit

Légende :

Plus d’une cinquantaine d’intellectuels s’est réfugiée à Dieulefit pendant la guerre.

Genre : Image

Type : Photo

Source : © IMEC - Fonds Éditions des Trois Collines Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : 1943

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Dieulefit

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Analyse média

Après sa libération, Emmanuel Mounier se réfugie dans la clandestinité à Dieulefit dans la Drôme. Sur cette photographie, on le voit en 1943 avec sa femme (chacun derrière une poussette) et leurs deux filles ; à ses côtés, Pierre Seghers et Pierre Emmanuel qui montre du doigt le photographe, probablement François Lachenal, diplomate suisse.

Les trois écrivains semblent très heureux de cette rencontre à Dieulefit. La photo n’est pas de bonne qualité. C’est une époque où l’on faisait peu de photos ce qui incline à la conserver cependant.

Emmanuel Mounier et Pierre Emmanuel ont vécu pendant une partie de la guerre à Dieulefit ; quant à Pierre Seghers, habitant à Villeneuve-lès-Avignon, venait rencontrer ses amis à Dieulefit pour, par exemple, récupérer des textes pour sa revue Poésie 43, Poésie 44…



Contexte historique

La Drôme a été un des départements d’accueil des intellectuels menacés par le nazisme et le gouvernement de Vichy, écrivains, journalistes, musiciens, plasticiens, etc.

Une soixantaine d’entre eux se sont réfugiés à Dieulefit, un bourg du sud de la Drôme, pour des séjours plus ou moins longs, certains pendant toute la guerre. Marguerite Soubeyran, fondatrice de la pension et de l’école Beauvallon a été un des piliers de ces accueils. Parmi ces intellectuels, citons Pierre Emmanuel, Emmanuel Mounier, Andrée Viollis, Pierre-Jean Jouve, Henri-Pierre Roché, Emmanuel Bobovnikoff (« Emmanuel Bove »), Daniel Abramovitch (« Daniel Anselme »), Fred Barlow, Willy Eisenchitz, etc.

Quelques plasticiens se retrouvent à Mimande, village près de la vallée du Rhône découvert avant la guerre par le peintre André Lhote. Citons notamment Marcelle Rivier, Lövenstein, Garbell. Marcelle Rivier est aussi agent de liaison. Elle héberge trois opérateurs radios du réseau Buckmaster.

Saint-Donat, un bourg du nord de la Drôme, a accueilli Louis Aragon et Elsa Triolet du 1er juillet 1943 à septembre 1944. Ils avaient déjà passé quelques semaines, fin 1942, à Comps, près de Dieulefit. Ils ont notamment organisé, pour la zone sud des Comités de médecins, juristes, journalistes, etc. Louis Aragon était un des responsables du Comité national des écrivains et un des rédacteurs principaux de leur journal Les Étoiles dont certains numéros ont été imprimés à Romans. Elsa et Louis ont créé le journal La Drôme en armes.

D’autres intellectuels ont choisi de prendre les armes. C’est le cas de Jean Prévost qui a combattu dans le Vercors et a été tué le 1er août 1944.


Auteurs : Jean Sauvageon 
Sources : Paxton Robert O., Corpet Olivier, Paulhan Claire, Archives de la vie littéraire sous l’occupation. À travers le désastre, Editions Tallandier/IMEC, page 230. Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.