Vie quotidienne dans les maquis, la toilette

Légende :

Dans les camps de maquis, on ne dispose d'aucun confort, il faut se débrouiller.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection privée Pierre Marcault Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ain

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Dans le domaine de la santé et de l'hygiène, les résistants rencontrent de grosses difficultés tout au long de leur séjour au maquis. Les problèmes les plus graves se posent dès le début, lors des premiers rassemblements et dans les camps-refuges. Les points d'eau étant souvent éloignés, la toilette et les lessives sont, dans la plupart des cas, rares et sommaires. La pénurie de vêtements et le manque d'effets de rechange aggravent la situation. Il y a peu d'installations sanitaires dignes de ce nom et on a recours au "système D". La protection contre les intempéries prend très vite un caractère d'urgence. Les abris naturels (grottes) et les huttes de branchages ne peuvent être employés très longtemps sans risques pour les organismes ; les chauds et froids à répétition provoquent des affections respiratoires tenaces ; à cette époque, la tuberculose est un fléau et quelques maquisards en sont victimes. D'autre part, l'alimentation irrégulière, insuffisante et mal équilibrée, fragilise les individus. La promiscuité favorise la propagation d'épidémies : gale, poux, dérèglements intestinaux sont fréquents. Le manque de médicaments, l'éloignement des médecins et les difficultés de circulation rendent problématique l'administration de soins. A partir de l'automne 1943, l'organisation méthodique des camps apporte un progrès. L'encadrement impose une hygiène corporelle plus poussée et dispense un entraînement physique qui aguerrit les jeunes. Les coups de main sur les chantiers de jeunesse et l'Intendance permettent d'améliorer l'habillement et de constituer des stocks de vivres. Les contacts intensifiés avec les populations voisines des camps et le transport suivi de ravitaillement de la plaine vers la montagne permettent un approvisionnement plus suivi en nourriture. De l'hiver 1943-1944 à la Libération, les combats se multiplient, apportant leurs lots de blessés. Un service médical maquis s'avère assez vite nécessaire. Des médecins, dans tout le département, acceptent d'aller soigner clandestinement des blessés ; citons le docteur Emile Mercier ou les docteurs Marc Rosette et Robert Le Tessier. Quelques rares médecins prennent même le maquis dès l'automne 1943, tels Louis Sifantus ou le docteur Barère. Les blessés graves sont évacués vers les cliniques et hôpitaux les plus accueillants : à Bourg-en-Bresse, l'Hôtel-Dieu, les cliniques Convert et Vernaud..., l'hôpital de Nantua par exemple. Il est à noter qu'une grande partie des malades légers sont hébergés par des familles bienveillantes qui prennent ainsi de gros risques. En 1944, on voit d'autres médecins et des chirurgiens rejoindre le maquis et monter des hôpitaux de campagne avec les moyens du bord : c'est le cas des docteurs Jacques Guttières, René et Emile Guillet, et l'Anglais Geoffrey Parker "Parsifal". Les maquisards ne reçoivent par les parachutages que des pansements de première urgence appelés pansements individuels. L'essentiel des médicaments provient de stocks de l'Armée d'armistice et des pharmacies bienveillantes.


Claude Morel, "Hygiène et santé au maquis", DVD-ROM AERI,La Résistance dans l'Ain et le Haut-Jura, AERI, à paraître.

Contexte historique

Devenir maquisard est un engagement difficile. Soucieux avant tout d'échapper au travail forcé pour l'Allemagne mais aussi épris d'aventure, beaucoup de jeunes idéalisent le maquis. Le rejoindre et y être accepté constituent déjà des exploits, mais y vivre demande une volonté farouche et une très bonne condition physique. Les réfractaires qui sont admis dans les camps n'imaginent pas les conditions matérielles dans lesquelles ils vont vivre : le manque de nourriture, l'humidité, le froid, le manque d'équipement et d'hygiène voire la maladie et la souffrance constituent des épreuves que les plus fragiles ne parviennent pas à surmonter. L'éloignement de la famille, la rudesse de certains chefs, l'inactivité et l'attente de l'action contre l'ennemi sapent également le moral de ceux qui sont venus pour se battre. Quand le temps du combat est venu, les maquisards sont confrontés à la mort de certains de leurs camarades, une mort qui s'accompagne souvent de tortures difficiles à imaginer. La volonté de libérer le pays, de venger leurs camarades, la haine de l'ennemi renforcent cependant leur volonté et l'emportent alors sur les autres sentiments. Longtemps, d'anciens maquisards ont gardé une certaine nostalgie d'une période hors du commun et exaltante. Ils se souviennent de leurs peines, mais aussi des liens de camaraderie et de solidarité très forts qu'ils ont noués entre eux. La plupart ont gardé une profonde admiration et affection pour leurs chefs que d'une certaine manière ils se sont choisis, choix entérinés le plus souvent par "Le Patron", Henri Romans-Petit ou "Le Capitaine", Paul Cribeillet "Grillon". Les chefs qui se sont imposés l'ont fait en grande partie parce qu'ils ont vécu avec et comme les maquisards de base, partageant leurs peines comme leurs espoirs.


Equipe Ain/Haut-Jura, "Vie clandestine et problèmes des maquis", DVD-ROM AERI, LA Résistance dans l'Ain et le Haut-Jura, à paraître.