Inauguration d'une plaque à la cité Jules-Nadi à Romans le 28/04/ 2004

Légende :

Inauguration d'une plaque à la cité Jules-Nadi à Romans le 28 avril 2004

Genre : Image

Type : Plaque

Producteur : Cliché Alain Coustaury

Source : © Collection Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique couleur.

Date document : 2004

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Romans-sur-Isère

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Analyse média

La photographie a été prise lors de l’inauguration de la plaque le 28 avril 2004 sur un des murs de l’école de la cité Jules-Nadi, à Romans-sur-Isère. Elle est là pour rappeler la protection apportée à de jeunes Juifs dans cette cité.

Texte de la plaque : « Dans cette école, ont été scolarisés pendant la Seconde Guerre mondiale des enfants juifs, accueillis et protégés par des familles et des enseignants de la Cité Nadi. Le 28 avril 2004 ».

La plaque a été inaugurée par Henri Bertholet, maire de Romans, sur proposition de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine Romanais-Péageois et en présence de Claude Braunstein, élève de l'école Jules-Nadi pendant la guerre. Claude Braunstein avait été recueilli, hébergé et protégé par une famille de la cité Jules-Nadi. En 2003, 2004, il était revenu à Romans afin de faire obtenir la médaille des Justes aux descendants de la famille qui l'avait protégé.

La cité Jules-Nadi est un ensemble pavillonnaire construit en 1928. Elle est constituée de pavillons tous semblables, modestes. Au moment de leur construction, ils possédaient un minimum de confort. La cité Jules-Nadi, à ses débuts, était quasiment excentrée par rapport à l’agglomération romanaise. C’est dans cette cité, où vivait un monde modeste, essentiellement constitué d’ouvriers de la chaussure, que furent recueillis, hébergés, protégés de jeunes enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est l’appel à témoins de Monsieur Claude Braunstein qui a permis de mettre en évidence cette histoire douloureuse. Il a pris contact avec le Centre historique de la Résistance en Drôme et de la Déportation de Romans à la fin de 2001. Grâce au travail de recherches de plusieurs membres, Claude Braunstein a pu constituer un dossier de demande d’inscription au mémorial de Yad-Vashem en faveur de la famille Venance qui l’avait recueilli en 1943. Les descendants de la famille Venance ont été honorés de cette distinction lors d’une cérémonie qui s’est déroulée à Martigues en avril 2004. Les recherches menées ont permis de découvrir que d’autres familles de la cité Jules-Nadi avaient accueilli des enfants juifs vers 1943-1944.


Auteurs : Robert Serre et Alain Coustaury

Contexte historique

L'accueil individuel de Juifs dans des familles est fréquent en Drôme. On cache parents et enfants. Dans certaines familles, la chambre d'amis est toujours prête. À l'annonce d'une rafle, chacun est en éveil.

Prenons l'exemple de Romans et Bourg-de-Péage.
Marcel et Madeleine Abeille cachent durant plus d’un an dans leur petit appartement une jeune juive camarade de classe de leur fille Alice.
Dans une ferme aux Trois Croix, appartenant à M. René Bastide, inspecteur d’académie, est installé un « PC Juif » avec téléphone. Dans le jardin, un grillage postiche s'abaisse aussitôt en cas d'alerte. Plusieurs familles juives s’y cachent, échappant ainsi aux rafles et aux incursions allemandes dans la ville.
La petite Inge Klara Meyer, 6 ans, est aussi abritée chez un couple âgé sans enfant, Auguste et Mathilde Esenreich.
Les boulangers Marius et Andrée Genthon recueillent Tony Edelmann, une fillette de 14 ans.
Une directrice d’école en retraite, Marie-Magdeleine Giraudier, dirige un réseau de femmes résistantes, elle donne asile à quatre femmes juives et entretient plusieurs enfants placés chez des membres de son groupe.
Madame Aimée Regache, infirmière, s'occupe d’enfants orphelins de 6 à 11 ans, les place, les cache, fabrique de faux papiers qu'elle fait officialiser par la préfecture. Elle place en particulier une adolescente autrichienne de 16 ans chez Camille et Fernande Rivoire.
Madame Jean Bady abrite une famille et conduit tous les enfants qui lui sont désignés dans des lieux d'asile.
L'orphelinat de Saint-Yves recueille lui aussi des enfants israélites.
Que de dévouements restés ignorés ! Jamais d'arrestations, grâce à cette vigilance.
À Romans, toujours, soulignons aussi le dévouement et le courage des dix-huit familles et des enseignants de la cité Jules-Nadi qui ont accueilli, protégé et scolarisé de nombreux enfants juifs jusqu'à la Libération. Walter Bettelin, Juif allemand réfugié en France en 1939, avait alors 18 ans. Après de multiples séjours dans différents camps français d’internement (dont Saint-Cyprien, Gurs, Les Milles), il se lie avec la famille Berger qui l’installe à Romans en octobre 1942. Il s'occupe du jardin et cultive les légumes et le potager pour fournir la nourriture à la famille ; il y demeure ainsi caché. Il prend le maquis puis, après la Libération, revient à Romans où il travaillera dans le magasin de tissus de ses hôtes pendant près de 40 ans. Il fait sa vie à Romans, où il a rencontré son épouse.


Auteurs : Robert Serre
Sources : Robert Serre, De la Drôme aux camps de la mort, Valence, Peuple Libre/Notre Temps, 2006. Israël Gutman, Lucien Lazare, Dictionnaire des Justes de France, Yad Vashem Jérusalem, librairie A. Fayard Paris, 2003. Fédération des Unités combattantes de la Résistance et des FFI de la Drôme, Pour l’amour de la France, Peuple Libre Valence 1989, 495 p. Jeanne Deval, Les années noires, éd. Deval, Romans, 1984.