Otto Katz et sa famille

Légende :

Une des rares familles juives survivantes aux rafles.

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : Inconnu

Source : © Collection Jean Grassias Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : Juillet 1943

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Vercheny

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Photographie prise à Vercheny, pendant la période où les Katz y ont séjourné.

Le médecin juif autrichien Otto Katz, caché à Vercheny où il se livre maladroitement aux travaux agricoles, ici avec son épouse Élisabeth et leur fils Claude.


Auteurs : Robert Serre

Contexte historique

À Tain-l'Hermitage, dès juillet 1941, le capitaine Chapoutier, prisonnier évadé, sympathise avec Pierre Rey, imprimeur : ils commencent la fabrication de faux papiers en particulier pour les Juifs. Au village de Saint-Donat, c'est le docteur qui trouve les planques pour les jeunes, les Juifs, pour les traqués. Dans les montagnes du Diois, Marcel Légaut, agrégé de mathématiques, s'est établi en 1940 aux Granges de Lesches, pour y travailler comme agriculteur. Fervent catholique, Marcel Légaut fera des Granges une terre d'asile ouverte aux opprimés. Par dizaines, des juifs recevront là, jusqu'à la Libération, l'hospitalité du cœur et de l'esprit. Plusieurs Juifs trouvent asile à L'Escoulin, dans la ferme de la famille Lantheaume. Marcelle Rivier raconte comment elle évacue de Mirmande un Juif menacé : « Cette nuit-là j'affublais Lowenstein d'une de ces vastes jupes paysannes que nous portions alors et par une nuit de pleine lune en ce mois de février 1943, nous partîmes pour Cliousclat... Avec sa jupe, Lowenstein avait l'air d'un cheval déguisé et le terrain ne laissait d'autres moyens que de prendre la route tracée. Là bas je le confiais à Ména Loopuyt, peintre hollandaise vivant à Cliousclat. Charles Caillet était allé à bicyclette à l'abbaye d'Aiguebelle s'entendre avec le père abbé et nous donna rendez-vous chez lui. Le lendemain à minuit, le docteur Debanne déguise les Juifs en blessés et ils sont emmenés à Aiguebelle ».

Le GTE de Crest a pu, bien involontairement, devenir un asile pour certains Juifs. Leur placement, lorsqu'il était favorable, leur donnait parfois comme une seconde famille. Otto Katz, médecin juif né à Vienne, a dû fuir l'Autriche en 1938. Après avoir erré de résidences surveillées en camps, avec sa femme et son bébé, ils sont pris au dépourvu lors de l'entrée des Allemands en zone Sud le 11 novembre 1942. Un protecteur les amène à Valence où un employé de la préfecture, Jean Grassias, a l'idée de faire enregistrer Otto au GTE (Groupe de travailleurs étrangers) de Crest le 20 mai 1943 en assurant lui-même son placement à Vercheny chez madame Brun, avec sa femme et leur fils. On leur a donné une seule consigne précise : « les Allemands vous ont dans leur fichier, le jour où vous recevrez une lettre recommandée de la Kommandantur, ne l'ouvrez pas et fuyez immédiatement ». Ce qu'ils seront obligés de faire, partant d'abord chez madame Oddon, à Menglon, où Otto, sa femme et leur fils couchent dans la propre chambre d’Yvonne Oddon, la bibliothécaire du réseau du Musée de l'Homme à ce moment en déportation, puis au hameau mieux caché des Gallands lors de l'assaut allemand de juillet 1944. Otto Katz et sa petite famille seront ainsi sauvés. Mais leur cas est exceptionnel, cinquante-huit Juifs du GTE de Crest ont été déportés, cinq y sont restés en vie.


Auteurs : Robert Serre
Sources : Giraudier Vincent, Mauran Hervé, Sauvageon Jean, Serre Robert, Des indésirables, les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale, Peuple Libre/Notre Temps, Valence, 1999, 480 p. Robert Serre, De la Drôme aux camps de la mort, Valence, Peuple Libre/Notre Temps, 2006. Jeanne Deval, Les années noires, éd. Deval Romans.