Emmanuel d'Astier de la Vigerie

Légende :

Emmanuel d'Astier de la Vigerie, cofondateur du mouvement Libération-Sud. Lors de la fusion de Libération-Sud avec Combat et Franc-Tireur dans les Mouvements unis de Résistance en janvier 1943, il deviendra le commissaire aux affaires politiques des MUR, qui rassemblent alors les trois principaux mouvements de résistance de zone sud.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de l'Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France

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Contexte historique

Pseudonymes : "Bernard, Bertrand, Séran, Merlin"

Emmanuel d'Astier de la Vigerie est né le 6 janvier 1900 à Paris. Il est le cadet de huit enfants; Ses frères aînés Henri et François sont tous deux également Compagnon de la Libération. Après des études au lycée Condorcet, puis à l'école Sainte-Geneviève à Versailles, il entre à l'Ecole navale en 1919.

Il démissionne de la Marine en 1931 pour entamer une carrière journalistique. Mobilisé en août 1939 au centre de renseignements maritimes de Lorient, il rejoint, en juin 1940, le 5e Bureau replié à Port-Vendrès avant d'être démobilisé le mois suivant.

Dès septembre 1940, refusant l'armistice, il fonde à Cannes le mouvement La Dernière Colonne, qui se destine au sabotage. Après l'arrestation du co-fondateur, Edouard Corniglion-Molinier, en décembre 1940, il gagne Clermont-Ferrand où règne une atmosphère favorable à la Résistance, notamment au sein de l'équipe de rédaction de La Montagne.

En janvier 1941, la Dernière Colonne étant décimée par les arrestations, il entre dans la clandestinité sous le pseudonyme de "Bernard".

Il crée en juin 1941, avec Jean Cavaillès, le mouvement Libération qui, avec Combat et Franc-Tireur, deviendra l'un des trois plus importants mouvements de résistance de la zone Sud. Libération recrutant le plus souvent ses membres dans les milieux syndicaux (CGT) et socialistes. A la tête du mouvement il fait paraître affiches, tracts et le journal du même nom dont le premier numéro paraît en juillet 1941.

En janvier 1942, une liaison est établie avec Londres par Yvon Morandat, représentant du général de Gaulle, puis par Jean Moulin qu'Emmanuel d'Astier rencontre pour la première fois. En mars a lieu la première réunion, à Avignon des responsables de Libération, Combat et Franc-Tireur sous la présidence de Jean Moulin.

Emmanuel d'Astier effectue lui-même, par sous-marin, une mission à Londres en mai 1942 au cours de laquelle il rencontre le général de Gaulle. Envoyé en mission à Washington, en juin 1942, il est chargé de négocier auprès de Roosevelt la reconnaissance de la France libre.

Il repart pour la France à bord d'un chalutier en juillet 1942, avec le titre de chargé de mission de 1ère classe, équivalant au grade de lieutenant-colonel.

En novembre 1942, après un deuxième voyage à Londres, il regagne la France avec Henri Frenay et est désigné pour siéger au Comité de coordination des Mouvements de Résistance qui devient, en janvier 1943, le Directoire des Mouvements unis de Résistance (MUR) dont il est le commissaire aux affaires politiques.

Emmanuel d'Astier repart pour Londres en avril 1943, et, retourne en métropole en juillet 1943, à la suite de l'arrestation de Jean Moulin.

De retour à Londres en octobre 1943, il prend les fonctions de commissaire à l'Intérieur du Comité français de la Libération nationale (CFLN) à Alger à partir de novembre 1943.

Emmanuel d'Astier est membre du COMIDAC, Comité d'action en France, institué en septembre 1943 à Alger et chargé de définir la stratégie et les crédits affectés à l'action de la résistance métropolitaine. Dans ce cadre, il rencontre Churchill à Marrakech en janvier 1944 pour lui demander des armes pour la Résistance.

A partir de la création du Gouvernement provisoire de la République française en juin 1944, Emmanuel d'Astier devient ministre de l'Intérieur.

Il débarque en France en juillet 1944. Il quitte ses fonctions en septembre 1944 après avoir refusé la proposition de servir comme ambassadeur à Washington.

Elu député d'Ille-et-Vilaine avec le soutien du Parti communiste de 1946 à 1958. Prix Lénine de la Paix 1957. Il fonde le quotidien Libération puis en 1966, le mensuel l'Evénement. Membre titulaire des programmes de radiodiffusion.

Son dernier coup d'éclat - posthume -aura été sa participation au film de Marcel Ophuls Le Chagrin et la Pitié, sorti en 1969, où il affirmait que ses camarades résistants et lui étaient des "ratés". Ultime pied de nez à un conformisme qu'il abhorrait.*

Emmanuel d'Astier de la Vigerie est décédé le 12 juin 1969 à Paris, il est inhumé au cimetière d'Arronville (Val-d'Oise).

 

Décorations : 
Chevalier de la Légion d'honneur ; Compagnon de la Libération - décret du 24 mars 1943 ; Croix de Guerre 1939-1945.

 

 

Emmanuel d’Astier de la Vigerie was born January 6, 1900 in Paris. He was the youngest of 8 children and his eldest brothers Henri and François also took part in the Campaign for Liberation. After high school at Condorcet and then at Sainte-Geneviève at Versailles, he entered the Naval Academy in 1919.

He left the marines in 1931 to begin a carrier in Journalism. Mobilized in August 1939 at the Center of Maritime Intelligence of Lorient, he rejoined, in June 1940. The 5th Bureau later withdrew at Port-Vendrès before being demobilized the following month.

Beginning in September 1940, refusing the armistice, he founded at Cannes the movement La Dernière Colonne, which was designed for sabotage. After the arrest of co-founder, Edouard Corniglion-Molinier, in December 1940, he went to Clermont-Ferrand where a favorable atmosphere prevailed for the Resistance, notably within the team writing for La Montagne.

In January 1941, La Dernier Colonne was decimated by arrests and he entered into clandestine existence under the pseudonym “Bernard”.  

He created in June 1941, with Jean Cavaillès, the movement Libération that, with Combat and Franc-Tireur, would become the three most important movements of resistance in the southern zone.  Libération recruited most of its members from the trade unions and socialist party. The movement produced posters, handouts, and a newspaper of the same name which first appeared in July 1941.

In January 1942, correspondence was established with London by Yvon Morandat, representative of General de Gaulle, and then by Jean Moulin whom Emmanuel d’Astier met for the first time. In March took place the first meeting, in Avignon of those responsible for Libération, Combat, and Franc-Tireur under the guidance of Jean Moulin.

Emmanuel d’Astier completed, by submarine, a mission to London in May 1942 where he met with De Gaulle. Sent to Washington in June 1942, he was charged with negotiating with Roosevelt the recognition of France Libre (Free France). He returned to France aboard a fishing boat in July 1942, in charge of a first class mission equivalent to the standing of lieutenant-colonel.

In November 1942, after his second trip to London, he returned to France with Henri Frenay and was appointed to the Committee for the Coordination of Resistance Movements which became in January 1943, the Directory of United Resistance Movements (MUR), of which he was commissioner of political affairs.

Emmanuel d’Astier left again for London in April 1943 and then returned to the metro pole in July 1943 following the arrest of Jean Moulin.

Upon returning to London in April of 1943 he took over the functions of commissioner of the interior of the French Committee of National Liberation (CFLN) at Algiers starting in November 1943.

Emmanuel d’Astier was a member of COMIDAC, the Committee for Action in France, instituted in September1943 in Algiers and charged with defining the strategy and the course of action for the metropolitan resistance. During this period, he met Churchill at Marrakech in January 1944 to petition him for arms for the Resistance.

After the creation of the Provisional Government of the French Republic in June 1944 Emmanuel d’Astier became Home Secretary.

He went to France in July 1944. In September 1944 he left his position after not wishing to serve as ambassador to Washington.

Elected deputy of Ille-et-Vilaine with the support of the communist party from 1946-1958. Prix Lénine de la Paix in 1957. He founded the daily newspaper Libération and then in 1956 the monthly l’Evenement. He also held various radio broadcast programs.

His final act would be his posthumous appearance in the Marcel Ophuls film Le Chagrin et la Pitié, released in 1969, where he would refer to both his comrades and himself as losers. Ultimately he was making a statement against the type of conformity which he loathed.

Emmanuel d’Astier de la Vigerie died June 12, 1969 in  Paris. He is buried at the cemetery of Arronville (Val-d’Oise).

Decorations :

Chevalier de la Légion d’honneur; Compagnon de la Libération—decreed March 24, 1943; Croix de la Guerre 1939-1945 

 

Traduction : John Vanderkloot


Site Internet du Musée de l'Ordre de la Libération.

* Anecdote racontée par Laurent Douzou, in Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, 2006.