North American B 25 Mitchell

Légende :

En vol, B 25 Mitchell, bombardier moyen de l'USAAF ; a survolé la Drôme en 1944.

Genre : Image

Producteur : Alain Coustaury

Source :

Détails techniques :

Photo numérique couleur

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Valence-sur-Rhône

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Analyse média

Peu connu du grand public, le B 25 est un des bombardiers bimoteurs, les plus efficaces de la seconde guerre mondiale. Construit par la firme North American aux USA, il fut mis en service en 1941. Il s'illustra notamment lors du premier raid mené par l'USAAF sur la ville de Tokyo en 1942. De nombreuses escadrilles de B 25 opérèrent sur la France du sud à partir de bases italiennes ou corses. L'exemplaire représenté a été photographié lors d'un spectacle aérien sur l'aérodrome de Valence-Chabeuil-la Trésorerie. Un public important a pu l'examiner au sol. Des spectateurs l'admirèrent en tant que « warbirds, oiseau de guerre » ignorant le rôle des B 25 au-dessus de la Drôme en 1944. La perception qu'ils en avaient était différente de celle que décrit Emmanuel Mounier à Dieulefit en 1944.

En mai 2011, le B 25 immatriculé SB 458 811/ F AZZU a été gravement endommagé et ne devrait pas être remis en état de vol.


Alain Coustaury

Contexte historique

Les bombardements par l'aviation alliée ont été très importants dans la Drôme en 1943 et surtout en 1944 dans le cadre de « l'encagement » de la zone du débarquement de Provence le 15 août 1944. Ils visaient particulièrement la gare de triage de Portes-lès-Valence et surtout les ponts sur le Rhône. Ces bombardements réalisés surtout par l'USAAF utilisaient le B 17 Forteresse volante. C'est ce type d'avions qui est ancré dans la mémoire collective. Des B 25 participèrent également aux bombardements. L'imprécision de ces derniers entraîna la mort d'environ 700 Drômois dont 300 lors de la tentative de destruction du pont sur le Rhône à Valence le 15 août 1944. La population était très sensible à ces maladresses. Emmanuel Mounier, habitant à cette époque Dieulefit rapporte cette perception de l'action des alliés, notamment de celle des USA.

Dans son journal, Emmanuel Mounier évoque les bombardements des ouvrages d’art qui, manquant généralement leurs cibles, causent plusieurs centaines de victimes civiles dans la Drôme durant le printemps et l’été 1944. Au courant des faits, Emmanuel Mounier relate les conditions politiques du moment, accuse les aviateurs alliés de désinvolture, notamment les pilotes états-uniens. Emmanuel Mounier rapporte bien les frictions entre les Alliés et de Gaulle. Ces difficultés expliquent un ressentiment certain de la population à l’approche du débarquement de Provence. En partie liée aux dommages causés par les bombardements, l’annonce du débarquement ne déclenche pas un enthousiasme débordant à la différence de celui du 6 juin 1944 en Normandie. Cette vision est rarement exprimée. «Les maladresses, ou les désinvoltures des aviateurs alliés, la tension croissante entre de Gaulle et l’impérialisme anglo-saxon ébranlaient le mythe de la libération dans son ingénuité première, s’il ne l’atteignait pas dans son armure raisonnable. Aussi l’approche de l’évènement ne fut-il pas marqué, comme on eût pu le croire, par une exaltation croissante des esprits. Depuis un ou deux mois régnait, surtout dans les villes, une sorte de stupeur morne et anxieuse.» Emmanuel Mounier note très justement le changement d’attitude de la population vis à vis des Alliés. «Quatre ans de propagande n’avaient pu faire avancer l’anglophobie d’une ligne dans le cœur des Français. Deux mois de bombardements sévères et d’opposition sourde au gouvernement d’Alger lui firent faire ce printemps des progrès immenses, même dans les milieux qui étaient et restaient résistants. En réalité, ce que l’on savait des tactiques différentes des aviations de bombardement et de la politique des deux pays a monté les esprits beaucoup plus contre l’Amérique que contre les Anglais : renversement de la sensibilité de 1940-42.» Cette phrase résume bien l’atmosphère d’avant les débarquements du 6 juin et du 15 août. Peu d’écrits, de récits donnent cette vision de l’avant débarquement. Emmanuel Mounier fait preuve d’une grande lucidité et analyse bien l’état d’esprit de la population. La description des semaines précédant l’évènement est tout aussi pertinente.


Auteurs : Alain Coustaury Sources : Emmanuel Mounier, Journal de Dieulefit, bulletin des amis d'Emmanuel Mounier, numéro double, décembre 1955