César Campinchi

Légende :

César Campinchi (à gauche), avocat, ministre de la Marine en 1937-1938 et parlementaire corse, ici en 1938

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection Paul Silvani Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : 1938

Lieu : France - Corse

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Contexte historique

Homme politique de gauche, très respecté en Corse, César Campinchi aurait sans nul doute voté négativement comme le fit Paul Giacobbi, le 10 juillet 1940, s'il avait pu rejoindre Vichy. On peut estimer que sa mort prématurée fut une perte pour la Résistance insulaire. Il meurt à Marseille le 22 février 1941.

Né en Corse, à Calcatoggio le 4 mai 1882, César Campinchi fait des études de droit et est, comme avocat stagiaire, l'un des collaborateurs de maître Alexandre Millerand. Brillant gestionnaire, il est un excellent président d'association des étudiants. Sa facilité d'élocution lui vaut des succès de conférencier aux Annales et son talent d'écriture s'exprime dans des Chroniques judiciaires rédigées pour Le Temps. La Première Guerre interrompt ces diverses activités. César Campinchi s'engage, est blessé et reçoit la Croix de guerre, repart au front. Il participe à la bataille de Verdun et reçoit la médaille militaire. Après la guerre, il reprend sa carrière d'avocat, est inscrit au barreau en 1919. Il est, en 1927, membre du Conseil de l'ordre des avocats. Il a épousé deux ans plus tôt la fille d'Adolphe Landry, Hélène, elle-même avocate à la cour d'appel de Paris.
On peut penser que c'est dans cette période qu'il fut attiré par la vie politique : le radical Landry, député depuis 1910 et plusieurs fois ministre, était alors le dirigeant le plus important de la gauche en Corse, le chef d'un des deux clans qui se disputaient l'influence en Corse, les "Landrystes" face aux "Pietristes", la droite insulaire.

Le premier succès politique de Campinchi est son élection aux cantonales de 1928 à Bocognano. Le second, sa victoire aux Législatives de mai 1932 à Bastia sur le député sortant, Henri Pierangeli. Il est réélu en 1936. Ses interventions les plus intéressantes à la Chambre, où il préside le groupe radical-socialiste, concernent les questions de politique étrangère et de défense nationale. Ministre de la Marine en 1937 dans le cabinet Chautemps, où il lutte pour obtenir l'augmentation des crédits destinés à la flotte de guerre, puis ministre de la Justice en janvier 1938, il revient en mars au ministère de la Marine militaire dans le cabinet Blum... C'est alors qu'il peut faire aménager les bases militaires d'Aspretto à Ajaccio, et de Mers el-Kebir. Resté au même poste dans le gouvernement Reynaud, il prend parti contre le projet d'armistice. Il compte donc parmi ceux qui s'embarquèrent à Bordeaux sur le Massilia le 16 juin 1940, avec l'espoir de réussir à former un gouvernement de lutte contre l'Axe en Algérie.
L'échec de l'entreprise lui vaut d'être assigné à des résidences surveillées successivement à Casablanca, puis Alger, et enfin Marseille. Il y meurt en 1941 à 59 ans et le transfert de son corps à Ajaccio, le 25 février, suscite beaucoup d'émotion populaire. A Bastia, un office est célébré à sa mémoire par l'abbé Zattara, un prêtre qui allait par la suite, contre sa hiérarchie, choisir le parti de la Résistance, et devenir après la Libération le président des détenus et déportés du Nord de la Corse.


Hélène Chaubin, CD-ROM La Résistance en Corse, 2e édition, AERI, 2007.