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Le Patriote du 10 septembre 1943

Légende :

Journal Le Patriote du 10 septembre 1943 annonçant en une "9 septembre 1943, la Corse enfin libérée !"

Genre : Image

Type : Journal

Source : © Archives Maurice Choury Droits réservés

Détails techniques :

Document imprimé de deux pages (recto-verso).

Date document : 10 septembre 1943

Lieu : France - Corse

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Analyse média

Le Patriote est l'organe du Front national, lui-même mouvement né en mai 1941 d'une initiative du Parti communiste français, alors interdit. Ce journal avait pour devise la citation de Vauvenargues* : "La servitude avilit les Hommes jusqu'à s'en faire aimer."

En Corse, l'ensemble du matériel d'imprimerie ayant servi à la fabrication du Patriote était ingénieusement rassemblé près de Sartène et de Porri di Casinca, caché dans une grotte pour échapper à la vigilance de l'OVRA. Plus de 100 000 tracts et journaux y furent composés et imprimés dès 1942 par un jeune antifasciste italien, Robert Pedini. Auteurs et lecteurs risquaient alors la peine de mort.

Journal clandestin, imprimé recto-verso sur du papier de mauvaise qualité, bien diffusé par le Front national, il permet à la fois de dénoncer des politiques comme celle du STO, que d'appeler à la résistance les jeunes, les femmes, et les hommes capables de prendre les armes. Il corrige aussi les fausses nouvelles données sur les théâtres de guerre. Son principal animateur et rédacteur fut Maurice Choury.

 

Si, en effet, l'insurrection des patriotes du Front national corse d'Ajaccio s'est produite le 9 septembre 1943 et que dès cette date, les nouveaux pouvoirs républicains issus de la Résistance sont en place à Ajaccio, la Corse entière était encore à presque un mois de sa libération, le 4 octobre. En vérité, les combats pour la libération de l'île se sont déroulés en plusieurs étapes selon les régions : Ajaccio s'est soulevée et libérée dans la foulée, ce qui n'est pas le cas de Bastia, successivement libérée puis reprise par les Allemands, objet d'âpres combats.

Le 9 septembre 1943 est aussi la date à laquelle la 90e Panzer Division du général Lungershausen est transférée de Sardaigne en Corse, par Bonifacio.

Ce qui est d'importance, en revanche, est bien l'installation d'une nouvelle administration, issue de la Résistance corse dans la principale ville de l'île.

 

* Ecrivain, moraliste et aphoriste français du XVIIIe siècle.


Département AERI.

D'après Marie Peretti, Résistance 1940-1944, témoignages, dossiers, chronologie, édition Corse, Editions LBM, 2003.

Contexte historique

Depuis les débarquements alliés en Sicile puis en Calabre, la Corse se trouve dans un théâtre de guerre qui englobe, avec le Maghreb, l’Italie péninsulaire et insulaire. Le maréchal Badoglio gouverne une Italie déséquilibrée par le changement de régime en pleine guerre, et par la pénétration sur son territoire de troupes étrangères, anglo-saxons par le Sud, Allemands par le Nord. Dans les îles, la partie est perdue pour l’Allemagne : la Sicile est aux Alliés et le 90e Panzerdivision se prépare à évacuer la Sardaigne, trop isolée pour être gardée. Les Allemands espèrent encore maintenir leur contrôle sur le couloir tyrrhénien et l’archipel toscan – particulièrement l’île d’Elbe -. En effet, il leur faut soutenir le front péninsulaire italien : en août, ils ont fait entrer en Italie neuf divisions dont deux blindées. La 90e Panzerdivision doit les rejoindre en transitant par la Corse où le maréchal Kesselring compte sur la coopération du général Magli, le chef des forces d’occupation italiennes, et où la brigade SS, présente depuis le mois de juin, a été renforcée pendant l’été. Au mot de code « Axe », ces troupes doivent combattre tous les éléments hostiles, y compris les alliés de la veille.

En Italie, le 3 septembre, secrètement, l’armistice a été signé par les mandants d’Eisenhower et de Badoglio, les généraux Castellano et Bedell Smith à Cassibile près de Syracuse. L’Italie demande désormais l’appui des Alliés pour éviter la mainmise allemande sur Rome : au moins 15 divisions qui se déploieraient surtout dans la zone La Spezia-Civita Vecchia. Elle essaye de retarder l’annonce de l’armistice mais ne réussit à la différer que jusqu’au 8 septembre. Le 9 septembre, la 5e armée américaine débarque à Salerne où il lui faut combattre jusqu’au 11. Dans l’intervalle, le maréchal Kesselring a obtenu, le 10 septembre, la capitulation de Rome. Les Anglais, conduits par Montgomery ayant réussi à débarquer au sud-est de la péninsule, la ligne de front s’établit le 16 septembre de Salerne à Bari.

Par ailleurs, à compter du 13 septembre, des secours venus d’Alger vont commencer à entrer en Corse par Ajaccio, mais les Corses seront encore seuls face aux Allemands et seront engagés dans la bataille de Levie qui a pour but de leur barrer la route d’Ajaccio.


CHAUBIN Hélène, Corse des années de guerre 1939-1945, Editions Tirésias-AERI, Paris, 2005

CHAUBIN Hélène, La Corse à l'épreuve de la guerre 1939-1943, Editions Vendémiaire, Paris, 2012

CHOURY Maurice, La Résistance en Corse, "tous bandits d'honneur !", préface d'Arthur Giovoni, Editions sociales, Paris, 1958.