Cellule de Scamaroni dans la citadelle d'Ajaccio

Légende :

Fred Scamaroni, détenu dans cette cellule de la citadelle d'Ajaccio le 18 mars 1943, s'est suicidé la nuit suivante après avoir été torturé par l'OVRA

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée A. Bandera d'Ajaccio Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Lieu : France - Corse - Corse du Sud - Ajaccio

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Alias : "Severi - Pot - Grimaldi"
Grimaldi Godefroy (dit "Fred") Scamaroni est né le 24 octobre 1914 à Ajaccio en Corse. Fils de préfet, il fait ses études primaires à Saint-Brieuc et ses études secondaires au collège de Brive puis au lycée de Charleville-Mézières. Il passe son Baccalauréat à Paris et s'oriente vers des études de Droit. En 1934, il est licencié de la Faculté de Droit de Paris ; devançant alors ses obligations militaires, il entre à l'Ecole de Saint-Maixent de laquelle il sort sous-lieutenant d'Infanterie. Ensuite, il se dirige comme son père vers la carrière préfectorale.

En février 1936, il devient chef de cabinet du préfet du Doubs qu'il suit à Caen dans le Calvados en décembre 1937. En septembre 1939, chef de cabinet du préfet du Calvados, il refuse le statut d'"affecté spécial" qu'on lui propose et rejoint le 119e Régiment d'Infanterie basé à Cherbourg. En décembre, devant l'inaction résultant de la "drôle de guerre", il obtient d'être affecté dans l'Aviation et prépare, à Tours, son brevet d'observateur en avion qu'il passe avec succès le 17 mai 1940. Deux jours plus tard, il est blessé en combat aérien et évacué sur Caen. Sans nouvelles de son unité, il combat aux côtés d'une compagnie d'infanterie puis parvient à rallier Pau pour y retrouver sa formation aérienne. Entre-temps, ayant entendu parler du général de Gaulle et de son appel du 18 juin, Fred Scamaroni se décide à continuer la lutte aux côtés de la France libre. A Saint-Jean-de-Luz, le 21 juin, il embarque sur un croiseur polonais, le Sobieski, et parvient à Londres trois jours plus tard. Immédiatement, il s'engage dans les Forces françaises libres et est dirigé, avec l'Armée de l'Air, au camp de Saint-Atham. 
Volontaire pour l'opération de Dakar, il est chargé d'une mission particulièrement délicate consistant à remettre en main propre au gouverneur général Boisson une lettre du général de Gaulle. Embarqué le 6 septembre à Liverpool sur le croiseur Australia, il arrive à Freetown en Sierra-Leone le 17 septembre et s'envole avec huit aviateurs volontaires pour l'aéroport de Ouakam près de Dakar où ils doivent "fraterniser" avec les soldats de Vichy et les convaincre de rejoindre les Français libres. Immédiatement arrêtés, ils sont emprisonnés dans des conditions pénibles, condamnés à mort, menacés d'exécution puis; rapatriés en France, ils sont enfin libérés le 28 décembre 1940. Fred Scamaroni, atteint de malaria, est hospitalisé à Clermont-Ferrand et libéré le 7 janvier 1941. En février, il se rend à Vichy et, ne pouvant reprendre la carrière préfectorale (il a été révoqué en octobre 1940 en raison de ses actions gaullistes), il trouve un emploi de simple commis au Ministère du Ravitaillement ; bien décidé cependant à poursuivre le combat, il se lance parallèlement à ses occupations officielles dans la Résistance et le renseignement. 
Il fonde le réseau "Copernic" et se rend en Corse, son pays natal, en avril puis octobre 1941, son titre d'agent FFL ayant été confirmé par Londres qui juge plus prudent, à cause de la Gestapo, de le rappeler en décembre 1941. Revenu à Londres via la Bretagne, et par l'intermédiaire du réseau Overcloud de Joël Le Tac, il est affecté au Bureau central de Renseignements et d'Action (BCRA), section "A" (action militaire et sabotage) avec le grade de capitaine. Il effectue différentes missions de liaison et de renseignement dont la dernière, le 20 décembre 1942, à Alger. Il travaille également à un grand projet de libération de la Corse approuvé par le général de Gaulle. Le 7 janvier 1943, dans le cadre de la mission "Sea Urchin", le capitaine Fred Scamaroni, devenu le capitaine François Edmond Severi (alias "Pot", alias "Grimaldi"), est débarqué par un sous-marin avec un radio et un agent britannique aux environs d'Ajaccio. Chef du Réseau R 2 Corse, il doit préparer la libération de l'île destinée à devenir la tête de pont du débarquement allié en Méditerranée pour la France ; sa mission consiste aussi à tenter d'unifier les diverses composantes de la Résistance insulaire ; il prend contact avec les agents locaux de Résistance, prépare le terrain pour des parachutages, recrute des hommes, etc.

Alors que le réseau est en pleine activité, son radio, trahi, est arrêté par l'OVRA (contre-espionnage italien) le 18 mars 1943. Après trente heures de torture, il reconnaît le capitaine Severi comme son chef. Fred Scamaroni est arrêté au domicile qu'il occupe à Ajaccio et, bien que soumis à son tour à des tortures effroyables, ne dit rien à ses bourreaux. Ramené dans sa cellule de la citadelle d'Ajaccio, plutôt que de risquer de parler et d'être reconnu sous sa véritable identité, il préfère se trancher la gorge avec un fil de fer, laissant un ultime message écrit avec son sang : "Vive la France, vive de Gaulle." Il décède trois heures plus tard, le 20 mars 1943 à 20 heures, sans avoir rien dévoilé de sa mission. Il est inhumé dans la fosse commune du cimetière d'Ajaccio. Par décret du 26 février 1945, Fred Scamaroni a été nommé préfet à titre posthume à compter du 17 juin 1940.

Décorations :
Chevalier de la Légion d'honneur ; Compagnon de la Libération - décret du 11 octobre 1943 ; Citation à l'Ordre de la Nation ; Croix de guerre 1939/1945 ; Distinguished Service Order (GB). 


Site Internet du Musée de l'Ordre de la Libération.