Libération de Nevers

Légende :

Une automitrailleuse passe sous l'arc de triomphe à Nevers. Il s'agit de l'automitrailleuse du capitaine "Julien" (Pierre Henneguier).

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © ARORM, Association pour la Recherche sur l’Occupation et la Résistance en Morvan Droits réservés

Détails techniques :

Photographie noir et blanc 15,1 x 10,2 cm

Date document : Septembre 1944

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Analyse média

Pierre Henneguier est né le 9 février 1913 à Saint-Pierre-de-Vauvray (Eure). Il effectue ses études au lycée Corneille à Rouen de 1923 à 1928. Appelé en 1933 au titre du 5e groupe d'auto-mitrailleuses à Melun, il est démobilisé en juillet 1934 avec le grade de brigadier. De 1934 à 1939, il travaille pour les journaux Ce Soir et L'Intransigeant en qualité de secrétaire de rédaction.

Mobilisé en 1939, il est affecté au 11e Dragon Porté à Pontoise. Durant la campagne de 1939-1940, il obtient trois citations et la Croix de guerre. Replié en Dordogne, il est démobilisé en juillet 1940. Il fonde alors une entreprise de transports à Marseille. En janvier 1941, il entre en contact avec le mouvement Combat et est chargé de la récupération d'armes. Il récupère notamment celles du 12e Dragon porté et les camoufle à Cassis. En août 1941, il fournit des renseignements sur les entrées et sorties dans le port de Marseille. Arrêté en novembre 1941, il est placé au secret au fort Saint-Nicolas puis libéré un mois plus tard sur intervention du général Langlois. Au cours de son activité au sein du mouvement Combat, il est en liaison étroite avec Ernest Gimpel qu'il avait connu pendant la guerre et qui devient son associé dans son entreprise de transports. Ce dernier, évadé du Fort Saint-Nicolas, fut caché par Henneguier jusqu'à son départ en Angleterre en août 1942. Dès sa libération, Henneguier reprend contact avec Combat et poursuit son activité de renseignement en l'étendant jusqu'à Grenoble.

En juin 1942, il achète une exploitation forestière dans le Var qui devient un refuge pour les personnes traquées. En novembre 1942, son entreprise de transports est rachetée par Henri Cohen, responsable régional du Deuxième Bureau. L'entreprise devient alors une organisation résistante liée au Deuxième Bureau sous couverture commerciale. Pierre Henneguier est alors nommé responsable régional de l'AS par Henri Cohen. Il entre alors en contact avec les organisations régionales de l'AS de Marseille, Toulon et Nice. Il recueille des renseignements et les transmets à Cohen. En février 1943, son beau-frère, l'acteur Robert Lynen, agent du réseau Alliance, est arrêté et incarcéré à la prison Saint-Pierre de Marseille. Henneguier tente de le faire évader mais il a été transféré entre temps. Pierre Henneguier est arrêté par la Gestapo en juillet 1943 dans le train entre Fréjus et Saint-Raphaël. Il s'évade en sautant du train en marche et rejoint Marseille. Puis, par mesure de sécurité, il part pour l'Aveyron jusqu'en août 1943. Il conserve tout de même ses contacts avec Marseille. 

En septembre 1943, Pierre Henneguier est chargé par Cohen de recueillir des renseignements militaires dans l'Aveyron. Il poursuit cette activité jusqu'en janvier 1944, date à laquelle, il apprend que Gimpel est à Paris et qu'il cherche à rétablir une liaison avec lui. Pierre Henneguier part donc à Paris où il arrive le 12 janvier, le jour même où Gimpel se fait arrêter par la Gestapo. Il contacte alors Pierre Biro, ami de Gimpel et secrétaire d'André Rondenay, délégué militaire régional. Ce dernier le nomme responsable de son équipe d'action immédiate. Il participe alors à différents attentats et sabotages contre des usines de la région parisienne : Bronzavia à Courbevoie le 3 mars 1944, Timken à Asnières fin mars 1944, les ateliers de réparation des chars aux usines Renault de Billancourt en avril 1944, usines Rossi à Levallois début mai 1944 et les usines Malicet et Blin à Aubervilliers fin mai 1944. En outre, Henneguier organise plusieurs transports d'armes qui sont alors stockées dans les Centraux téléphoniques.

En juin 1944, il prend le commandement du maquis Julien dans la Nièvre et participe à la tête de celui-ci aux combats de Lormes (12 juin 1944), Vermot-Dun les Places (26 juin 1944), Dornecy (22 août 1944), aux embuscades du secteur-est de Nevers entre le 20 août et le 8 septembre 1944, et enfin à la libération de Nevers le 12 septembre 1944. A partir de cette date, il commande le 6e Bataillon de la Nièvre jusqu'en février 1945. Pierre Henneguier est promu au grade de capitaine le 1er juin 1945.

Dans les années 1950, il est chef de département aux usines Ford à Poissy. Pierre Henneguier est décédé le 23 septembre 1992 à Bozouls (Aveyron). 


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Archives du Bureau Résistance, dossier individuel de Pierre Henneguier. ONAC de Versailles, dossier de CVR de Pierre Henneguier. Service de l'état-civil de la mairie de Saint-Pierre-du-Vauvray (Eure).

Contexte historique

Les armées alliées viennent de débarquer en Provence et remontent en direction du nord. De leur côté, celles qui arrivent de Normandie se dirigent vers l'est. Elles convergent en Bourgogne. Des villes sont libérées par la force, comme Autun. Nevers, en revanche, est abandonnée par les Allemands, le 6 septembre 1944. Trois jours après le départ précipité de ces derniers, les résistants de toute la Nièvre entrent dans la ville. Ils défilent dans les rues noires de monde, parfois à bord de blindés volés à l'ennemi. C'est la liesse populaire. Ils intègrent l'armée de libération, qui va poursuivre les combats plus à l'est. On installe un nouveau préfet. On retire les drapeaux de l'occupant et on replace les Marianne dans les mairies. L'appellation "Etat français" est remplacée par celle de "République française".


Jean Vigreux, "1940-1944: Nevers sous l'occupation. Une ville stratégique pour les Allemands" extrait de L'Express, 13/09/2007.