Dépouille de Marcel Champion, résistant

Légende :

L’exposition de la dépouille du maquisard Marcel Champion à Valence par la Milice est suivie de l’attentat, perpétré par la Résistance, contre des soldats allemands à la salle des fêtes de la ville.

Genre : Image

Type : Dépouille

Source : © AERD Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Valence-sur-Rhône

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Analyse média

Le cliché est probablement pris par la police française à des fins de propagande, dans le but d’intimider la Résistance et l’opinion et de montrer outrageusement quelle est la fin irrémédiable d’un « terroriste » comme Marcel Champion.

En fait, on est en droit de penser que l’attaque réussie d’un train de permissionnaires allemands par plusieurs groupes FTP (Francs-Tireurs et partisans) le 10 décembre 1943 à 23 h, à Portes-lès-Valence (déraillement du train, soldats pris sous le feu des volontaires à leur sortie des wagons couchés sur le ballast… réplique allemande toutefois), porte un coup au prestige de l’occupant et à ses alliés, notamment à la Milice.

Pour inciter à ne pas suivre l’exemple des frères Champion, connus à Valence pour leur engagement résistant, – Marcel était dans le maquis qui avait attaqué le train de permissionnaires et avait été blessé (mortellement ?) lors de l’affrontement –, les Allemands réagissent. Ils remettent le corps de Marcel Champion à la Milice valentinoise. Les miliciens l’exposent alors, le lendemain 12 décembre, boulevard Bancel, à proximité de leur quartier général, dans les buts évoqués.

C’est à ce moment vraisemblablement que la photo a été prise, afin d’élargir la publicité ou pour les archives et courriers internes. Tout semble fait – avant la prise de vue, pour que l’on ait l’impression que l’homme a été torturé à mort, que la salle même pourrait être une salle de torture. Le corps de Marcel Champion a-t-il été « maquillé » à cet effet ? Plusieurs interprétations sont possibles. Les amis de "Pierrot", (nom de maquisard de la victime), comme Jacques Jolas, qui était à ses côtés, le 10 décembre, au moment de la contre-attaque allemande, l’ont laissé pour mort.


Auteurs : Michel Seyve

Contexte historique

Quelle que soit la fin de Marcel Champion, l’outrage que représente l’exposition publique de son corps n’est pas le dernier événement de la réaction en chaîne qu’a déclenchée l’attaque du train. Le 16 décembre 1943, la Résistance locale contre-attaque.

Ce jour-là, un groupe-franc signe un attentat contre la salle des fêtes de Valence, où se déroulait un spectacle auquel assistaient des militaires allemands.

Quatre grenades sont lancées sur des officiers allemands, à la sortie de la soirée. 7 morts sont relevés parmi eux, ainsi que de nombreux blessés. Louis Marc, dit "La Cloche", un maquisard très actif de 30 ans, participait à cette action audacieuse de protestation.


Auteurs : Michel Seyve
Sources : Lucien Dufour, capitaine Paris, Mémoires de l’ombre, éditions Scriba, 1989, p. 101. Robert Serre, De la Drôme aux camps de la Mort, éditions Peuple libre/Notre Temps, 2006, p. 196.