Une partie des bâtiments de la prison de Valence

Légende :

Manifestants contre le régime de Vichy et résistants ont été internés dans cette prison pendant l'occupation.

Genre : Image

Type : Carte postale

Producteur : Inconnu

Source : © Collection Robert Serre Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Valence-sur-Rhône

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Analyse média

Les bâtiments de la prison valentinoise, construite entre 1860 et 1862, forment une croix de Lorraine à deux croisillons d’égale longueur. Les intersections sont coiffées d’une tour de surveillance que l’on voit sur le cliché.
Au premier plan, le mur, surmonté d’un grillage, derrière lequel se trouve une des cours, sépare la prison de l’avenue de Chabeuil à Valence.

La prison de Valence est mise en service en 1866.


Auteurs : Robert Serre

Contexte historique

La prison de Valence s’avère rapidement trop petite devant l’afflux des opposants et résistants arrêtés. Mais les lieux ne manquent pas pour les incarcérer.

Lors de l’exode de 1940, des Alsaciens sont un temps logés à la maison d’arrêt de Valence. La prison de Valence est ensuite utilisée à loger 11 des 27 députés communistes arrêtés les 8 et 9 octobre 1939. Parmi eux, se trouvent Virgile Barel, des Alpes-Maritimes, ou Prosper Môquet, le père de Guy, le jeune otage fusillé à Châteaubriant. Ils sont emprisonnés à Valence à partir du 3 octobre 1940, arrivant du Puy, jusqu’au 28 mars 1941, où ils partent pour la prison d’Alger, soit presque six mois. Le'administration pénitentiaire de la Drôme est placé dans la circonscription de Nîmes où se trouve sa maison centrale.

Pendant la durée de la guerre, le nombre de détenus en France est triplé, gonflé par la répression sauvage et les multiples emprisonnements arbitraires de « politiques », sans parler des centaines de camps d’internement. D’où surpopulation, entassement, conditions de vie difficiles… (sanitaires, alimentation…).

Dès février 1941, les communistes arrêtés préventivement à Montélimar sont incarcérés dans les prisons du château des Adhémar.
À Valence, d’autres locaux sont donc affectés à la détention : les caves de l’hôtel de Lyon, le siège de la loge maçonnique « L’Humanité ». Les prisons valentinoises accueillent encore en février 1943 Jean Gaudemard, cheminot communiste, membre du mouvement Combat, six communistes arrêtés à Pierrelatte, des manifestants arrêtés le 10 mars 1943 à Romans lors de la manifestation contre le Service du travail obligatoire (libérés grâce à la complicité d’un policier), etc.

Après l’occupation de la Drôme, la police française est associée aux polices italiennes, puis allemandes. Cependant, les prisons n’étaient pas d’une parfaite étanchéité, en raison des complicités. Les cinq maquisards pris alors qu’ils s’emparaient de caisses de chaussures dans un wagon à Romans sont mis en liberté par le groupe de Denis Arnaud, grâce à l'appui du procureur Théron, du tribunal de Valence. Un détenu s’évade à l’audience du Tribunal correctionnel de Valence « par suite d’une négligence des agents chargés de la garde ». Le 16 janvier 1944, Nicolas Tchirkoun, prisonnier russe évadé d'Allemagne parvient à s'échapper des locaux de l'hôtel de Lyon où la Feldgendarmerie le retenait. Le 11 mars, trois résistants prisonniers de la maison d'arrêt de Valence s’en échappent. Le 21 mars, la « récupération » à la prison de Valence d’André Muetton, membre de l’équipe spéciale de l’AS (Armée secrète) arrêté par la Milice, est réussie par quatre résistants porteurs de faux papiers, deux faux gendarmes et deux faux inspecteurs de police. Une autre équipe de la Résistance libère le 27 mai 1944 le lieutenant Ferrotin tombé aux mains de la Milice qui l'avait torturé toute la matinée.

Malheureusement, les choses ne se passaient pas toujours aussi bien : le 12 mai 1944, Auguste Bellier, de Valence, emprisonné politique, est fusillé à Savasse.


Auteurs : Robert Serre
Sources : Cahier d'Histoire Sociale Rhône-Alpes, n°52, mai 2000. Henri Faure, page 148 ter. Jeanne Deval, page 133. AN, F/1CIII/1152, rapports du préfet. AN B.C.R.A. 3AG2/47, 171Mi189. SHAT 13 P107. SHGN, Rapport R4 Cie Drôme et Section Montélimar. ADR 182W3, 182 W 4, 182 W 810. ADD, 1920 W (CVR). La Voix populaire de la Drôme du 23 août 1947.