Plaque en hommage à Jacques Kipman (Kippmann)

Légende :

Plaque en hommage au résistant FTP-MOI Jacques Kippmann, alias "Bruno", tué le 11 juin 1944, située 43, rue des Couronnes, Paris XXe

Genre : Image

Type : Plaque

Source : © Wikimedia Commons Libre de droits

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris XXe

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Contexte historique

Né le 17 août 1926 à Paris (Xe arr.), mort au combat le 11 juin 1944 à Lyon (Rhône), place Ollier (VIIe arr.) ; étudiant ; Franc-tireur et partisan de la Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI) du bataillon Carmagnole.

Jacques, Victor Kippmann était le fils d’Isaac Kippmann, maroquinier, et de Léa Feinzilberg. Il avait une sœur. Ses parents étaient juifs polonais, natifs de Varsovie. A Paris, les Kippmann vécurent 43 rue des Couronnes (XXe arr.). Jacques Kippmann perdit son père le 21 avril 1937. Il obtint le certificat d’études primaires puis étudia au cours complémentaire technique et à l’école professionnelle Diderot avec son camarade Henri Hoch. Après la rafle du Vél d’Hiv (16 juillet 1942), bien qu’aucun membre de sa famille n’ait été arrêté, Jacques Kippmann suivit par amitié Henri Hoch en zone libre. Les deux camarades passèrent la ligne de démarcation dans le tender d’une locomotive. Ils arrivèrent à Lyon (Rhône) en septembre 1942. Ils habitèrent à Villeurbanne (Rhône) et travaillèrent à l’usine comme ajusteurs. En 1943, Jacques Kippmann fut contacté par les Jeunesses communistes. Henri Hoch le suivit dans la clandestinité. A cette époque, Jacques Kippmann fut à l’origine d’une action qui eut un grand retentissement : un lancer de tracts, en plein jour, du haut des terrasses des galeries Lafayette à Lyon.

Le 6 mars 1943, sa mère, Léa Kippmann, fut déportée au camp de Majdanek par le convoi numéro 51 au départ de Drancy. Elle mourut en déportation. Jacques Kippmann ignora tout de son destin tragique. Souhaitant agir militairement, Jacques Kippmann (alias Bruno) intégra les Francs-tireurs et partisans de la Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI) au printemps 1944. Il fut considéré comme très sérieux, très courageux et consciencieux. Après le débarquement du 6 juin, il rejoignit le maquis de la Croix du Ban avec tous les FTP-MOI de Carmagnole. A partir du 10 juin 1944, des hommes de Carmagnole effectuèrent des patrouilles offensives à Lyon (exécutions d’ennemis et récupérations d’armes). Le 11 juin 1944, Jacques Kippmann prit part à l’une de ces patrouilles avec sept camarades (parmi eux : Henri Krischer alias André Lamiral, Jacob Szmulewicz alias Jacquot et Max Schulewicz alias Gaby). Lors de cette action, il fut abattu par les Allemands. Après-guerre, Henri Krischer fit le récit de cette opération : « Ce jour-là, 11 juin 1944, à 11 heures du matin, le groupe de Gaby (Szulewicz) patrouillait dans le quartier de l’Université, sur les bords du Rhône. La mission était d’abattre un officier allemand. Nous marchions depuis plus d’une heure, découragés. Nous allions abandonner notre chasse quand, sur les bords du Rhône, nous apercevons, assis sur un banc, un officier allemand. Une nouvelle recrue, Roger, dont c’était la première action, devait l’exécuter. J’étais chargé de la protection immédiate. Bruno devait récupérer le revolver, en ayant bien soin de ne pas oublier le chargeur logé dans un petit compartiment de l’étui. Nous approchions tous les trois du banc, le restant du groupe faisant la protection éloignée. A quelques mètres, Roger, affolé, se tourne vers moi, le visage catastrophé. Il me fait comprendre par sa mimique qu’il lui est impossible de faire ce qu’on lui demande. Très rapidement, je le remplace. J’exécute l’officier. A ce moment, une fusillade éclate. Des cheminots allemands (en uniforme et armés), sur le Pont de l’Université, nous tirent dessus. Bruno reçoit une balle dans la tête. Convaincu qu’il est mort, nous le laissons sur place et nous nous enfuyons. Nous apprendrons par la suite que les Allemands l’ont tué sur place, à coups de pieds. » Un autre FTP-MOI, Roger Schkolnyk, fut témoin de la scène : « […] j’avais pour mission de récupérer au secrétariat de la faculté des Sciences quai Claude Bernard des imprimés et des cachets destinés à la fabrication de faux papiers. […] Dans le couloir de la fac juste après notre action de récupération nous croisâmes le Doyen, il répondit à mon coup de chapeau. Plus loin hélas dehors nous assistâmes impuissants à l’exécution de Bruno par un sous-officier allemand que nous avions déjà vu avant d’entrer dans la fac et qui peignait paisiblement face à la Saône la colline de Fourvière et vraisemblablement le pont reliant la place Ollier à la rive gauche du fleuve. Ce pont où précisément une de nos patrouilles attaquait un soldat et le désarmait, quand nous vîmes la scène il était trop tard pour agir, il avait dégainé et était en position de tir et nous étions dans son champ, si nous avions été en retrait quelques secondes plus tôt, sans doute aurions nous pu le neutraliser avant qu’il fasse feu. » La lecture d’un rapport de police de la « Permanence rive gauche » permet d’en savoir un peu plus : « Attentat contre un officier allemand quai Jean Claude Bernard à 14h15 ; transfert sur les lieux. Officier transporté à l’hôpital allemand. Trouvons étendu au sol et blessé un nommé Moucend Louis, né le 16-12-1926 demeurant 4, rue de la Thibaudière à Lyon. Interrogé par la Feldgendarmerie il ne veut pas donner les noms de ses complices. A été trouvé porteur par la police allemande d’une grenade anglaise et d’un revolver. La police allemande l’a achevé sur place c’est-à-dire Place Ollier. » Le corps de Jacques Kippmann fut transporté à la morgue. Son acte de décès fut dressé le 17 juin 1944 : « Le onze juin mil neuf cent quarante quatre vers quinze heures, est décédé Place Ollier, un inconnu pouvant être Ali Ben Mohamed, né le 16 décembre 1926 à Paris, sans domicile connu, et se disant être Louis Moncend. »

Le 18 juin, Jacques Kippmann fut inhumé au cimetière de la Guillotière (Lyon). Son identité fut rétablie sur le registre d’état civil après jugement du tribunal civil de Lyon en date du 13 mars 1945. Il fut exhumé en novembre 1948 et enterré au cimetière de Bagneux (Hauts-de-Seine). En 1945, il fut reconnu Mort pour la France, tué au combat. Son nom apparaît sur une plaque commémorative située 43 rue des Couronnes (Paris) : « Ici demeurait Jacques Kipman dit « Bruno », résistant F.T.P. M.O.I., né à Paris le 27 août 1926, tué à Lyon le 11 juin 1944, Mort pour la France ». Une autre plaque située 2 place Ollier (Lyon) lui rend hommage : « Ici est tombé le 11 juin 1944 Jacques Kipman dit Bruno, né le 17 août 1926 à Paris, F.T.P.F. du détachement Carmagnole, Mort pour la France ».


http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article210156, notice KIPPMANN Jacques, Victor [orthographié aussi KIPMAN, pseudonyme dans la Résistance : Bruno] par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 4 janvier 2019, dernière modification le 4 janvier 2019.

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 45W50.— Arch. Mun. Lyon, acte de décès de Jacques Kippmann, 1899W015 (convoi funéraire).— CHRD, Lyon, Ar. 1167.— Arch. Dép. Paris, acte de décès d’Isaac Kippmann en 1937.— Roger Schkolnyk, Carmagnole-Liberté, qui a fait quoi et qui était qui, 1994.— Mémorial Genweb.— Site Internet du Mémorial de la Shoah.— Mémoire des Hommes.