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Stèle en hommage aux résistants de Mantes-la-Jolie

Légende :

Monument en hommage aux résistants de Mantes-la-Jolie, fusillés, tués au combat ou morts en déportation. Il est situé place du 8 mai 1945, face à la gare de Mantes-la-Jolie.

Genre : Image

Type : Stèle

Producteur : Michèle Renaud

Source : © Geneanet Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Lieu : France - Ile-de-France - Yvelines - Mantes-la-Jolie

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Contexte historique

Sur ce monument figurent les noms de : 

ALLOYEAU Guy
BODET Fernand
BRUNEL Roger
CAUZARD Louis
CHOLET Gustave
DAVID Maurice, tué lors des combats pour la libération de Mantes
DUBOIS Marie
DUBOIS Robert
FOUQUE Marcel
GAVELLE Christian
HOET Jean
LE DREF Emile
NOYER Serge
PALOMBE Alexandre
REAUBOURG Emile
TABU Marcel
THIBAULT Camille

Alexandre Palombe, 43 ans réfugié à Aincourt, est pris en otage par les Allemands le 22 août 1944.  Il tente de s'évader mais est abattu sur place. 

Guy Alloyeau, Fernand Bodet, Roger Brunel, Marcel Fouque, Christian Gavelle, Emile Reaubourg et Camille Thibault étaient membres du groupe FTP de Mantes. 

En avril 1942, René Martin libéré de l'armée d'armistice où il avait été maintenu à la fin de la guerre, rentre à Mantes. En mai, il reçoit la visite de Serge Lefranc qui le charge de la responsabilité du Front national pour la région mantaise et lui demande de mettre sur pied les FTP. René Martin demande alors à Louis Racaud, avec qui il a milité avant guerre, de regrouper tous les militants de l'OS qui ont acquis une expérience certaine dans les combats pour constituer les cadres ou les militants actifs des FTP. Le mot d'ordre du Front national était "de harceler l'occupant, désorganiser ses transports, démoraliser ses troupes, affaiblir son potentiel économique et militaire" (René Martin et Louis Racaud, Le mantois sous la botte). Pour ce faire, des petits groupes d'interventions sont constitués dans tous les domaines. Ces groupes de trois, dans toute la région mantaise, agissent dans leurs entreprises ou leurs localités respectives, y compris par des actions non spectaculaires, mais répétées. Ces groupes sont présents chez les cheminots, à l'usine CIMT (Compagnie industrielle de matériel de transport) qui répare les wagons servant au transport du matériel allemand et à l'usine "La Cellophane". Les FTP ont constitué trois formations composées par l'amalgame de deux ou trois groupes baptisés "groupes de chocs", unités souvent sollicitées pour intervenir à l'extérieur de leurs localités respectives. Le plus important de ces détachements fut le G.27 composé de combattants de Mantes, Limay et Soindres et qui correspondait à neuf groupes de trois, placé sous la direction de Roger Brunel.

Pour intensifier les actions de sabotages et surtout pour s'attaquer directement aux occupants, il fallait des armes. René Martin et Louis Racaud décident donc d'attaquer le groupe scolaire Fernand Buisson où les Allemands stockent des armes pendant les vacances scolaires. D'après certains témoignages, le groupe FTP dirigé par Fernand Bodet serait passé à l'action dans la nuit du 12 août 1942. A la suite de cette action Fernand Bodet, traqué par la Gestapo, rejoint un maquis de l'Eure. Les sabotages routiers sont également fort fréquents dans la région. Les chaudronniers et ajusteurs du dépôt de machines de Mantes ainsi que ceux de la CIMT fabriquent des milliers de crèves-pneus que Racaud et Martin récupèrent et redistribuent aux différents groupes.

Début mars 1943, les FTP auraient incendier les entrepôts Chéron à Freneuse et la réserve de poteaux télégraphiques de Bonnières. Dans la nuit du 8 au 9 mai, deux incendies sont allumés simultanément vers 2h30 du matin, détruisant les stocks de fibranne et de pâte de bois de la Cellophane. Courant mai, trois wagons de fourrage subissent le même sort en gare de Mantes. Dans la nuit du 4 au 5 août 1943, un groupe FTP attaque à la grenade, du pont de chemin de fer de Buchelay à Rosny, un train de troupes allemandes et endommage les pièces de DCA qui accompagnent le convoi. Le 3 septembre, une grenade est jetée sur un wagon de DCA peu après la gare de Mantes, même chose le 18 septembre à Buchelay. Le 9 septembre, de nombreuses meules de fourrage brûlent près de la route de Buchelay à Mantes. Le 30 septembre, c'est le tour de la station magasin où les Allemands entreposent d'énormes quantités de vivres et de matériel. Quelques minutes avant la sortie du personnel français, trois bâtiments sont la proie des flammes et seront en grande partie détruits, malgré l'intervention des pompiers de Mantes-Gassicourt, Mantes-la-Ville, Limay, puis Meulan, Bonnières, Saint-Germain, Poissy, Argenteuil et Versailles. C'est dire l'importance du sinistre et des dégâts. Au cours de la nuit du 20 au 21 octobre, les groupes FTP du dépôt SNCF de Mantes font dérailler une locomotive, ce qui provoque d'importants dégâts matériels.

On peut également citer à leur actif deux sabotages de voies ferrées entre Mantes et Ménerville le 21 octobre et le 6 novembre 1943, le déraillement du train Paris-Brest à La Verrière le 25 octobre. "L'accident est dû à un attentat terroriste commis au P.K. 33 sur la voie paire, commune de Coignières. Un groupe de terroristes d'une dizaine d'hommes environ après avoir ligoté les 4 requis de surveillance sous la menace d'armes automatiques, ont enlevé 24 tirefonds sur 16 traverses et 2 éclisses sur la voie paire" (AN, F60 1526). Un jet de grenade sur un wagon de DCA a lieu à Villepreux début novembre, et un incendie est déclenché à l'usine Falliez à Auffreville le 17 novembre . Cette usine fabriquait des verres d'optique pour éléments de DCA.

Enfin, le 28  septembre 1943, le groupe FTP de Mantes renforcé par des éléments de Saint-Cyr-l'Ecole fait dérailler un train à Buchelay. Quinze wagons sont couchés et le trafic est interrompu pendant 48 heures. Lors de leur interrogatoire, les FTP de Mantes et de Saint-Cyr reconnaîtront avoir participé à ce sabotage.

Le 27 novembre 1943, des gardiens de la Paix arrêtent Camille Thibaut et Henri Duverdin à Versailles alors qu'ils tentaient de leur voler leurs bicyclettes. " L'un des individus était porteur d'un coutelas et d'une grenade à main. Au cours de leur interrogatoire, ils déclarèrent être venus à Versailles pour jeter l'engin explosif au Soldatheim, rue de l'Indépendance Américaine, ils pensaient s'enfuir avec les bicyclettes qu'ils avaient essayées de dérober. Ils reconnurent enfin qu'ils faisaient partie d'une organisation communo-terroriste dont le siège serait à Paris. " (ADY, 300 W 47).

Dans la nuit du 29 au 30 novembre 1943, plusieurs membres des FTP, la plupart appartenant au G.27, sont arrêtés dans la région mantaise par les inspecteurs de la brigade spéciale. Il s'agit de Jean-Baptiste Quintin, Henri Astruc, Roger Berthelot, André Ancel, Claude et Guy Fagnou, Roger Brunel, Guy Alloyeau, Marcel Fouque et André Maz. Lors de leur interrogatoire, les FTP reconnaissent avoir participé à plusieurs opérations dans la région. C'est en vertu de cet interrogatoire que l'on connaît la liste des attentats leur étant attribués.

Ils sont tous incarcérés à la prison de Mantes. René Martin essaye d'organiser l'évasion de ses compagnons avec l'aide du greffier de la prison, Gaston Rassinoux, membre du Front National. L'évasion est prévue pour la nuit du 4 au 5 janvier 1944. Malheureusement, les patriotes sont livrés à la Gestapo le 3 janvier. Emprisonnés à la Santé, affreusement torturés, les douze patriotes sont jugés par la Section spéciale de la Cour d'Appel de Paris. Brunel, Gavelle, Thibaut, Duverdin, Fouque et Quintin sont condamnés à mort et fusillés le 11 avril 1944 au Mont-Valérien en même temps que le colonel Gilles, pseudo de Joseph Epstein commandant des FTPF de la région parisienne. Les autres seront déportés en Allemagne et périront dans les camps.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Archives nationales, F60 1526 (Rapport n° 602/2 du capitaine Bernier, commandant l'arrondissement de gendarmerie de Rambouillet, établi le 26 octobre 1943).
Archives départementales des Yvelines, 300 W 47 (arrestations de terroristes).
René Martin et Louis Racaud, Le Mantois sous la botte, Rosny-sur-Seine, sn, 1988.