Dessin d’Albert Fié

Légende :

Benito Carod est venu au secours de ses camarades blessés cachés dans une cabane à Espenel et y a amené un médecin. Tout à coup, la porte s’ouvre : un Allemand !

Genre : Image

Type : Dessin

Producteur : Réalisation Albert Fié

Source : © Collection Albert Fié Droits réservés

Détails techniques :

Dessin à la gouache d'Albert Fié.

Date document : 1993

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Espenel

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Analyse média

Albert Fié était le secrétaire de la compagnie Pons. À ce titre, il a beaucoup participé à la rédaction du livre De la Résistance à la Libération.

Doué d'un réel talent de dessinateur, peintre et caricaturiste, Albert Fié a, après la Libération, peint de nombreuses scènes vécues par la compagnie Pons. Celui-ci a été réalisé en 1993.
On y voit Benito Carod qui est venu au secours de ses camarades blessés cachés dans une cabane à Espenel et y a amené un médecin. Tout à coup, la porte s’ouvre : un Allemand !

Militant convaincu, soldat expérimenté et courageux, compagnon dévoué, Benito Carod joue un rôle important dans la compagnie Pons.


Auteurs : Robert Serre
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

Contexte historique

Le 21 juillet 1944, la 9e Panzer-Division allemande remontant la vallée de la Drôme se heurte à hauteur d'Espenel à la compagnie Pons qui la tient en échec durant tout l'après-midi avant de se replier pour éviter l'encerclement. Au moment de franchir une crête, quatre membres de la section Dujet, mitraillés par un avion, puis pris sous les tirs d'armes automatiques, sont plus ou moins grièvement blessés.
Allongés dans l'herbe, ils attendent l'obscurité de la nuit pour ramper jusqu'à un cabanon proche. Là, résignés et souffrants, ils attendent. À quelques dizaines de mètres, ils entendent les Allemands ivres qui, en hurlant leurs chants guerriers, pillent et incendient le village d'Espenel. Henri Poulet souffre horriblement de sa blessure à la cuisse et ne peut retenir des cris de douleur. Vers le milieu de la nuit, la porte s'ouvre, une femme du village, madame Béranger, alertée par les gémissements, apporte à boire aux blessés et commence à les soigner à la lueur d'un briquet. Peu après, nouvelle apparition : c'est celle de Benito Carod. Replié avec les autres maquisards sur les hauteurs de Saint-Benoît, il a constaté l'absence de ses quatre camarades. Au péril de sa vie, lui, l'ancien combattant aguerri d'Espagne, est revenu seul au secours des blessés. Leur état étant de plus en plus préoccupant, il fallait trouver des médicaments. Carod n'hésite pas : en se faufilant entre les maisons en flammes, il va chez madame Béranger et en ramène de l'eau-de-vie et des pansements.
Hélas ! malgré ces soins sommaires, Poulet succombe au cours de la nuit. Le lendemain, Robert Barnier, blessé au bras, est pris d'une forte fièvre provoquée par l'infection. À trois reprises, des femmes d'Espenel viennent apporter boissons et soins. Barnier asperge ses plaies d'eau-de-vie. Après deux nuits de souffrance, dans la matinée du 23, il voit arriver son père et le docteur Thomas de Saillans qui ont pu franchir les lignes allemandes et apportent aux blessés quelques soins. Benito Carod qui, pour veiller seul sur ses camarades n'avait pas dormi durant ces deux nuits, profite de cette présence pour prendre un peu de repos. "Tout à coup, à la suite d'un violent coup de pied, la porte s'ouvre brusquement, laissant apparaître un soldat allemand casqué, pistolet dans une main, grenade à manche dans l'autre. Nous voyant tous allongés, ne bougeant pas, il fit un signe d'apaisement à mon père, remit la grenade dans sa botte, referma la porte très doucement puis s'éloigna" raconte Robert Barnier. Cet incident finit de convaincre les hommes qu'une évacuation rapide s'imposait.

Elle a lieu la nuit suivante, avec l'aide des habitants d'Espenel qui transportent les blessés sur des brancards de fortune à travers la montagne. Après six heures de marche et un relais assuré par une charrette tirée par un mulet, ils arrivent au petit jour à la maison forestière de Chastel-Arnaud. Le docteur Thiers, chirurgien à Crest, et le docteur Thomas, jouant les pêcheurs à la ligne, parviennent jusqu'à eux. Sans anesthésie, le docteur Thiers pratique l'amputation de l'avant-bras de Barnier. Aujourd'hui, Robert Barnier a déposé un récit de son aventure, apportant un précieux témoignage de reconnaissance à l'acte de courage de Benito Carod, l'un de ceux à qui il doit la vie.


Auteurs : Robert Serre
Sources : Témoignages de Amado Carod, de Mme Maria Caritg, nièce de Benito, de Mario Escoffet. Récit de M. Escofet dans le Bulletin de la Cie Pons n° 17 (oct. 95). Récit de Robert Barnier dans Bulletin de la Cie Pons n° 9 (1998). Témoignage manuscrit, arch. A. Fié, dossier 9. AC Crest, I 147. AC Crest, pièces diverses non classées (registre des cartes d’alimentation…) ADD, 711 W 76-7/5M4. Robert Serre, « L’accueil et l’hébergement des réfugiés espagnols dans le Diois et la vallée de la Drôme » et « Étrangers en surnombre, le 352e GTE de Crest (1941-1944) dans Des indésirables, les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale, Peuple Libre et Notre Temps, Valence 1999.